RSS
RSS
AccueilAccueil  
  • Sujets actifsSujets actifs  
  • Dernières imagesDernières images  
  • RechercherRechercher  
  • S'enregistrerS'enregistrer  
  • ConnexionConnexion  
  • AccueilAideRechercheMagesGuildesCarteSujets actifs
    ConnexionS'enregistrer
    Le deal à ne pas rater :
    Cartes Pokémon 151 : où trouver le coffret Collection Alakazam-ex ?
    Voir le deal

    Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas

    Je la veux vivante | SOLO par Nina Andersen Mar 30 Juil 2019, 00:09
    Nina Andersen
    Nina Andersen
    Briseuse de Mythes







    JE LA VEUX VIVANTE

      Loin du but.


    Cela faisait un mois que les Sonneurs étaient apparus. Les apparitions de silhouettes en cape noire, aux visages terrifiants et fantomatiques, annonçaient la fin du monde aux habitants de Pergrande. Le premier cas recensé fut celui de l’épreuve de passage au rang S de Nina, au pied du Mont Himlen. Depuis, ils apparaissaient soudainement, sonnant de leur cloche, étendant le bruit aux alentours.

    Il ne fallut que peu de temps aux autorités pour comprendre qu’un attentat suivait toujours la venue d’un Sonneur. Le royaume avait alors mobilisé toutes les ressources nécessaires à un état d’urgence sécuritaire, incluant toute guilde voulant bien participer à la traque. Altaïr en faisait bien évidemment partie.

    À cause de ce déplacement, les Crystal Claws avaient manqué la cérémonie de formation des Canta Dovahe, l’unité d’élite composée de mages gardiens. Sachant la cicatrice encore béante de l’épisode de la Place, la cérémonie s’était faite dans le plus petit comité : le couple royal, sa Table Ronde et les mages d’Altaïr volontaires pour y assister. Cela avait été vu d’un mauvais œil par les autres guildes, mais l’Aigle avait l’habitude d’être désaimée depuis un bon moment. Cela étant, la nouvelle fut annoncée en grandes pompes, au plus grand plaisir de la population qui sembla retrouver une lueur d’espoir.

    La magie ne fonctionnait pas sur les Sonneurs. L’important n’était alors pas de les détruire, mais de prévenir les attentats. Jusqu’à présent, avec l’aide des guildes, la plupart avaient pu être évités, mais Pergrande était si vaste, et les moyens si peu mobiles... Une fois, deux Sonneurs étaient apparus au même endroit à une heure d’intervalle. Les deux drames censés survenir, eux, avaient été séparés de trois jours. C’était d’ailleurs la durée maximale enregistrée.

    L’équipe avait été affectée à la cité de Précipice. Cette ville en bord de falaise faisait partie de la même chaîne que le Mont Himeln, tout à l’ouest plus précisément. Dans cette région de Barathron, où l’air était relativement sec, peu d’habitants étaient à dénombrer. Pourtant, les Sonneurs l’avaient choisie sans discrimination et il y avait eu des morts. Mais pas d’attentats, non... Plutôt de superstition, de peur et de désespoir.

    Barathron, et tout spécifiquement Précipice, ne devaient pas leur identité désertique qu’à la complexité de la vie au sommet de montagnes presque perpétuellement enneigées, ou bien à leur pied où les terres incultivables devenaient parfois du sable. Plutôt... Leur proximité tant avec Sin que Bellum. La population quasi inexistante du premier pays n’était pas la plus effrayante. L’endroit lui-même, beaucoup plus. Quant au second...

    ♦
      Précipice, sommet de Barathron.


    « J’ai capturé cet enfant au sommet du sanctuaire, précisa Loki, un jeune garçon évanoui sur son épaule. Il a tenté de pousser le Grand Sylphe...
    — Ce doit être l’attentat que nous attendions. »

    La voix de Nina ne laissait trahir aucun tracas, aucune empathie à laquelle aurait pu avoir droit n’importe quel autre enfant de huit ans. Celui-là, malheureusement, n’était pas vraiment humain... Comme en témoignait le "cristal de monstre" – car tel était devenu son nom – ornant son front, le dévorant plutôt. Faisant gonfler ses veines d’un sang impur, dont l’étude n’avait mené à rien depuis un mois. Elle nota tout de même dans son carnet, cochant un petit tableau dessiné à main levée, la date de cet attentat déjoué.

    Pergrande avait beaucoup appris sur son adversaire en autant de temps. Les drames se multipliaient et chacun, réellement chacun, était imputable à l’organisation ayant commandité le meurtre de l’enfant royal. Le cristal de monstre en soit témoin sur le moindre coupable arrêté...

    Puis Ényo arriva enfin, bien emmitouflée dans son manteau en peau de rülbi. Entre ses mains mouflées s’échappait une buée blanche avec laquelle la jeune femme semblait beaucoup s’amuser. Nina, prenant cela comme une relève étant donné que son amie se réveillait à peine, s’en alla en lui confiant le carnet.

    « Je te succède dans cinq heures. Bon courage et faites attention à vous... »

    La brunette se rendit en silence vers la maison qui accueillait les Crystal Claws depuis le début de leur séjour à Précipice. Une dame, aussi âgée que pieuse, les logeait gratuitement en échange de leur protection. Ils avaient chacun leur chambre, pour une raison toute simple ; c’était la seule de sa petite famille à ne pas s’être délibérément jetée du haut du Sanctuaire. Elle portait ses cernes avec un grand courage, et sa solitude aussi, tenant sa maison comme elle l’avait toujours fait. Refusant de plier, elle qui avait bien connu le règne de Vlad IV.

    Nina l’appréciait beaucoup. Agapê ne parlait guère, mais elle le faisait bien, avec beaucoup de gentillesse, de vaillance et de bienveillance. Le mal qui frappait Pergrande rendait la vie de tant de personnes douloureuse... Tant de personnes fragiles, vivant seules, pauvres, incultes voire illettrées. Si faciles à effrayer. Et si peu de magiciens, de guildes, de protecteurs pour leur laisser entrevoir l’espoir d’une victoire... Comment les blâmer de prendre peur à la vue des visages désincarnés, dignes de monstres des abysses ou des contes d’horreur, des Sonneurs de l’apocalypse ?

    Pour les plus vieux, comme Agapê pour n’évoquer que les humains, cette ambiance s’apparentait au règne de peur et liberticide de Vlad IV. L’ère effroyable que beaucoup craignaient de voir revenir, si le couple royal ne parvenait à se remettre du drame leur ayant été infligé. S’il tombait sous la force néfaste de l’entité démoniaque contrôlant, avec minutie, le moindre acte de ce complot...

    Cloitrée dans sa chambre où elle observait peut-être la plus belle vue de Précipice, Nina réfléchissait, le bras sur les yeux. Igni, lové sur son ventre, dormait déjà. Et elle pensait. À ce mois passé ici. Au temps qu’il faudrait encore rester, la bloquant au creux de ses montagnes, incapable de repartir en quête d’une rune.

    « Ta mission ici est plus importante, Nina, essayait de la rassurer Asgard.
    — Avec tout ce qui s’est passé, à cause de ce lien avec les démons qu’on ne peut nier, j’en viens à me demander si une rune ne serait pas derrière tout cela...
    — L’échelle est bien trop importante. Il faudrait que ce soit... Non, cela ne se peut.
    — La onzième rune. Tu m’as dit que c’était la plus corrompue de toutes... Pourquoi cela ne se pourrait-il ? Ta fille a existé, elle est ensuite morte et les faits sont là.
    — Pourtant, s’il s’agissait bien de ma fille Ymir aux commandes d’un plan de pareille ampleur... Le monde courrait un danger plus grand que nous ne l’estimons actuellement. »

    Elle ne répondit pas, mais Nina sentait que c’était possible. Il lui restait six runes à purifier, en comptant celle d’Ymir, l’enfant maudite. C’était plus de la moitié, et leur pouvoir demeurait assez grand pour causer une calamité énorme si tous s’y prêtaient ensemble.

    La jeune femme dégagea légèrement son bras, libérant ses pupilles. Elle contempla les flancs éclatants rompant l’harmonie du ciel jusqu’à perte de vue, les bâtiments troglodytes, pour beaucoup abandonnés, et ce n’était pas récent. Le plus gros d’entre eux était le temple du Grand Sylphe, le moine fondateur de ce monastère qu’était, finalement, Précipice. Ses cheminées fumaient, signe qu’il demeurait ici suffisamment de vie pour en avoir besoin. Et suffisamment d’espoir pour ramasser et brûler le bois nécessaire.

    Et les propos d’Alyce lui revinrent en tête. Quelles attentes pouvait-elle bien avoir pour une mage à peine passée rang S ? Sur le fil de l’aiguille, qui plus est. Il paraissait que le temps limite ne s’était encore écoulé à l’arrivée de Nina et Maëlina au chalet ouest, mais la brunette n’en était toujours pas certaine.

    Alyce, et Asgard... Les runes, qu’elle devait trouver... Yggdrasil, que Liesel traquait... Où en était-il, d’ailleurs ? Était-il seulement encore en vie ? D’après l’Ange, sa création périssait, brûlait de l’intérieur. Il le ressentait, tout comme la destruction d’un de ses ouvrages s’était imposée à lui, dans une douleur lui tordant l’âme comme on briserait une jambe. Nina ne savait pas tout, mais le minimum. Et ce minimum... ne lui disait rien qui vaille.

      Le Cinquième.


    Comme cet æther environnant, plus fort, plus fort à chaque seconde à partir de celle-ci. Que se passait-il... ?

    Nina se leva d’un bond, tant pis pour Igni qui se réveilla en sursaut. Sans un mot, elle s’arma d’une dague et suivit l’aura æthernanique de trop forte fréquence. L’odeur avait également changé. L’encens ne semblait plus seul, mêlé à une fragrance aigre, comme le renfermé.

    Puis un craquement.

    Le parquet, estima Nina, après avoir regardé de tous les côtés. Igni la suivait, silencieux, mais le slime ressentait toute l’inquiétude de sa maîtresse. Puis la jeune femme osa.

    « Grand-mère Agapê ? »

    Soudain, comme si ses paroles avaient tout déclenché, le sol s’effondra, plus loin. Le grondement sourd de pierres quittant leur place provenait de la cuisine, où Nina se précipita, seulement pour constater Agapê pendue par les mains au précipice qu’était devenu son salon. Alors la magicienne se précipita, jeta sa dague au sol pour mieux attraper les mains ridées et sans plus aucune force de son hôte au bord du gouffre. Tirant de toute ses forces, elle put l’asseoir sur le rebord mais la sûreté ne serait que provisoire.

    Alors elle déploya ses ailes et porta la grand-mère. D’un battement, elle s’envola. De quelques autres, elle l’emmena au sommet du sanctuaire, lui intimant de se cacher. Un intrus rôdait, et sa puissance n’avait probablement d’égal que la folie de l’æther depuis son arrivée. Mais jamais un Sonneur n’avait provoqué une réaction du genre... Jamais un attentat n’avait provoqué un tel dérèglement des æthernanos alentours. Non, cette fois, c’était autre chose.

    Nina partit à la recherche d’Ényo et Loki, mais une voix grave sortie de nulle part l’arrêta dans son élan. En vol stationnaire au-dessus du gouffre de Précipice, elle savait que personne n’aurait pu lui parler. Personne à part l’intrus, dont l’aura æthérée frémissait de folie et de ténèbres.

    Il n’y avait rien d’autre à faire que se tourner. L’homme était grand et trapu. Malgré le froid, sa veste de redingote s’ouvrait jusqu’à dévoiler ses pectoraux, tout aussi taillés de cicatrices que le reste de sa peau apparente. Une de ses mains, celle avec laquelle il grattait son bouc albâtre, était gantée de noir et de rouge sang. Il avait l’air d’un vampire, avec ses longs cheveux et ses couleurs d’albinos, son visage taillé dans la pierre et, au-delà de tout, ses canines acérées.

    « Alors comme ça, Hésiode te veut toi, une frêle jeune femme apparemment inutile... tout ça pour deux ailes d’Ange à vomir de la lumière ? »

    Se rendait-il compte que c’était à n’y rien comprendre ? Hésiode, qui pouvait-il bien être ? Nina ne s’encombra pas d’une telle question. Elle préféra se taire afin que l’individu se présente de lui-même... Puisqu’il semblait si amène.

    « Pas bavarde, hein. Tu sais, marqua-t-il d’une intonation presque joviale, j’aimerais voir un peu plus de peur dans tes yeux. Quelque chose qui va mieux à une femelle.
    — Et puis-je avant cela savoir à quel mâle alpha j’ai l’honneur ? grinça finalement Nina.
    — Mattheum, Cinquième Apôtre de l’ordre des Théologistes. Pour vous desservir, bien entendu. »

    Dans sa révérence, il maintint son regard sanguin dans l’azur des iris de Nina. Il avait tout pour qu’elle détourne les yeux, mais pour avoir vu des créatures bien plus intimidantes par le passé, elle ne lui fit pas ce plaisir.

    ♦
      Mattheum, Cinquième Apôtre.


    « Je suis uniquement là pour te ramener auprès de mon... boss ? Non, ça ne me plaît pas. Mon "mécène" sonne bien mieux à l’oreille. »

    Nina avait déjà entendu cette appellation lors d’une récente mission durant laquelle un complot avait été dévoilé. Le mercenaire qu’elle avait dû affronter à l’université d’Alkonost avait qualifié l’acheteur de ses services par le même adjectif. Mais ce n’était pas le moment de se questionner à propos de broutilles. Qu’importait la relation qu’entretenaient ces deux hommes, une chose était sûre : l’actuel ne voulait pas non plus son bien-être, mais elle ne l’arrêterait pas avec de l’argent.

    « J’ai bien envie de me battre, mais avant, marchandons, hm ? »

    D’un geste sec du bras, il projeta une minuscule goutte de sang dans l’air. Cette goutte grossit d’un coup, devenant une vague d’æther écarlate et, abattue sur des habitations en contrebas, elle explosa. Tout s’effondra, évidemment, et... De sa position, Nina entendit les cris de la famille qui y habitait quelques secondes auparavant. Le rire de Mattheum explosa, retentissant en écho jusqu’au-delà des montagnes.

    « Toi... » siffla férocement Nina.

      Les Théologistes.


    Voyant qu’il s’apprêtait à laisser couler une nouvelle goutte de sang, Nina s’élança sur lui, Ragnell en main. Bien sûr, l’homme évita, et un sourire fendit ses lèvres. Trop. Ses cheveux blancs volèrent, ses yeux s’agrandirent, carnassiers, meurtriers. Ses canines semblaient faites pour tuer, et uniquement pour tuer.

    « Malheureusement, il te veut vivante... »

    Reprenant l’assaut, Nina fendit l’air plusieurs fois, par le haut, le bas, la droite ou qu’importait. Il fallait le faire reculer, loin de la ville que des négociations voulaient détruire. Viser ses bras, pour l’empêchait de récidiver son attaque... Continuer à fixer ses yeux, ses terribles yeux, qui ne voulaient que la mort, et faire fi des ordres.

    « Tu sais, ceux qui sont tombés de la maison, tout à l’heure... Leur sang souille le flanc des montagnes, désormais. Ce serait dommage de garder des montagnes pourries, n’est-ce pas ! »

    Un rire infâme fendit les airs. Quand Nina et Mattheum pénétrèrent le brouillard de la chaîne enneigée, une nouvelle détonation résonna. Le même bruit de chute de roches retentit de nouveau lorsque tout un pan de la montagne emporta avec lui de nombreuses maisons de Précipice.

    « Igni, pars trouver Loki et Ényo ! »

    Le petit slime s’envola, laissant émaner flammes et vapeur, prêt à percer un chemin jusqu’aux mages... quand une main gantée le saisit, le serra, absorba ce feu æthéré. Mattheus soupira d’aise, comme après un bon repas, et Igni tomba, droit vers l’abîme...

    Nina abandonna ses coups pour voler à sa rescousse, le récupérant dans son bras libre. Il ne pouvait plus voler... Si elle devait se battre avec un bras en moins, elle n’aurait aucune chance, c’était évident. Son pouvoir semblait si intense...

    « Permets-moi de te donner un aperçu de la puissance que tu as gâchée, jeune fille ! »

    Quand sur son front apparut une inscription, Nina fut frappée de constater qu’il s’agissait d’une rune. Une authentique rune asgardienne...

    « Gyfu... La rune de Frea... se troubla Asgard, dans son silence habituel.
    — Si je comprends bien, il faut que je le tue, répondit Nina à voix haute, la sueur au front.
    — Parles-tu à Asgard, jeune femme ? »

    Bien sûr. Il ne pouvait que savoir, s’il avait déjà pu posséder le pouvoir d’une rune... L’Ange se rendit vite compte que cette magie n’était pas l’originale. La rune de la Générosité avait été créée pour partager les émotions entre les individus. Pas l’éther. Cet homme s’en servait pour manipuler la source pure de la magie.

    Mattheum, visiblement ennuyé par la lenteur du combat, s’élança sur Nina. Mains nues. Avec une rapidité incroyable, il lui asséna un coup de griffes à l’aide de son gant à paume écarlate, lui arrachant presque le bras. Le sang coulait... Et malgré l’avertissement d’Asgard, il était trop tard ; il coulait, coulait...

    Dans la panique, Nina trancha sa ceinture et un pan de son manteau de peau. Manipulant Ragnell par magie, elle trouva le temps de se faire un bandage compressif. Malheureusement, elle haletait, tremblait, et tenir Igni évanoui au creux de sa main rendait le geste hasardeux. Devant elle, son propre sang s’étendait en une sphère de rubis.

    Une montagne de plus abandonnait Précipice.

    Extatique face au chaos qu’il répandait, Mattheum riait de plus belle, sans pour autant faillir au combat. Il attaquait, usant de la moindre goutte de sang comme d’une balle tirée sur le corps de Nina à bout portant. La jeune femme hurlait, mais tandis que sa voix trahissait sa douleur, son épée demeurait inutile.

    « Nina... Tu ne dois pas utiliser la magie, cela amplifierait son pouvoir. Range Ragnell, contente-toi d’une épée classique, conseilla Asgard.
    — Mais je ne serai pas assez puissante ainsi... »

    La jeune femme battit des ailes, se propulsant vers Précipice. C’était dangereux, car l’ennemi la suivrait assurément. Mais elle devait laisser Igni... Elle devait le poser, car sans cela, elle courait à sa perte. Et si l’intuition et un brin d’altruisme auraient pu la pousser à se rendre, elle savait que l’idée était plus mauvaise que jamais. De toute évidence, Mattheum n’était qu’un sbire et l’ennemi possédait le pouvoir des runes d’Asgard. C’était lui qu’ils voulaient, pas elle, la pauvre jeune femme frêle...

    Mais n’avait-elle pas gagné son rang S ? Vaincu Ényo ?

    « N’abandonne pas, Nina, toi qui as soutenu la douleur des runes et promis de te battre à mes côtés ! Toi qui as brisé le Hvergelmir ! »

    Elle avait le pouvoir de le vaincre !

    « Nina... Saisis le pouvoir que tu possèdes en toi ! »

    Dans son vol effréné, Nina respirait, autant d’air qu’elle le pouvait, elle respirait pour mieux hurler. Ce qu’elle fit, serrant Igni contre son cœur, prête à le jeter sur un toit pour le protéger. Mais Mattheum suivait, à une vitesse bien plus importante. Il semblait s’amuser, rire du chaos qu’il avait causé. De la ville qu’il avait presque entièrement détruite. Mais cela ne lui suffisait pas.

    Espérant s’abreuver une nouvelle fois du sang de sa proie, l’homme tenta d’attraper la cheville de Nina de sa main nue. Mais alors, de toute ses forces, Nina s’entoura d’une foudre intense. Le bras pris dans ce tourbillon crépitant, Mattheum se sentit brûler. Sa chair, ses muscles se tendaient. Et quand l’énergie résonna jusqu’à prendre possession de son cœur, de son cerveau, il hurla de douleur, tout sourire effacé.

    Nina en profita, projeta Igni sur le toit le plus proche. Le petit élémentaire roula, toujours inconscient, sur le mince drap de neige. Mais il était enfin en sûreté... Pour peu que sa maîtresse sache le protéger.

    Et elle s’y était résolue. Au loin, elle vit les silhouettes de Loki et Ényo s’agiter... Mais elle n’eut pas le temps de leur adresser le moindre signe. Elle devait fuir vers les montagnes, plus loin encore cette fois, pour que Mattheum ne soit plus à proximité du village. Il reprenait connaissance. Furieux, il la suivrait. Il essaierait de la tuer, oubliant sa mission. Mais elle se le promit, sur tout ce qu’elle avait de cher, qu’il ne l’aurait ni morte, ni vivante.

    Ses ailes lui faisaient mal à force de battre. Ce n’étaient pas tout à fait les siennes, après tout. C’était un attribut d’Ange pour elle, simple humaine. Pourtant, elle passa outre cette douleur et créa une sphère de foudre. Elle avait un plan en tête, alors elle la forgea en conséquence. Gigantesque. Toute l’énergie qui lui restait se concentrait dans ce missile, sa dernière chance.

    Quand dans un hurlement de rage, l’Apôtre se jeta sur elle, il pensa pouvoir absorber ce pouvoir, comme il avait toujours réussi à le faire depuis que son mécène lui avait octroyé ce pouvoir mythique. Il le savait, il en était sûr.

    « TU ES À MOI !
    — STELLA TERRESTRIA ! »

    Mais tel un insecte dans la toile d’une araignée, Mattheum s’empêtra dans la sphère de foudre. Son pouvoir ne parvenait pas à l’absorber... Ni sa propre magie, ni son gant, ni sa rune, rien. Strictement rien.

    Et il se retrouva ainsi projeté vers les vestiges de la dernière montagne et les vies qu’elle portait, et qu’il avait toutes brisées.

    Mort ? Vivant ?

    Nina eut tout le loisir de le découvrir une fois revenue à elle. Haletante, elle observa les alentours. Et elle le vit, là-bas, sur le toit. Ses vêtements réduits à peau de chagrin, dévoilant un corps par endroits décharné. Ses cheveux blancs ruisselaient sur son corps, tachés par son propre sang. Il ne parvenait qu’à peine à se tenir debout seul ; à ses côtés, une silhouette féminine se tenait. Lorsque celle-ci parla, le ciel sembla devenir son messager. Igni...

    ... Igni était dans sa main, entouré d’une prison d’énergie.

    « Si tu veux le retrouver... tu n’as qu’à venir à nous. Trouve-nous près de la Cloche Originelle de Sin. Le maître te convoite, alors réfléchis intelligemment. Ta créature est faite de la magie que nous désirons. Donne-nous la tienne en échange et aucun mal ne lui sera fait. Tu pourras peut-être vivre à ses côtés le restant de ta courte vie... »

    C’est alors qu’ils disparurent. Tous les deux.

    « IGNI !! »

    * * *

      Il faut retrouver mon compagnon.


    Seul un tiers de Précipice tenait encore debout. Mais étrangement, personne n’en voulait à Nina et son groupe. En tant qu’étrangers, ils auraient pu les accabler d’autant de maux que le désespoir leur aurait proposé, mais ce ne fut pas le cas. Agapê les avait même remerciés pour leur protection tout au long du mois. Le Grand Sylphe lui-même avait proposé de les recevoir dans son temple, et les mages acceptèrent, en dépit des deux d’une religion en laquelle ils ne croyaient pas.

    C’était le moins qu’ils pouvaient faire.

    Asgard lui avait dit qu’Igni était toujours vivant. Les Théologistes l’avaient gardé en vie, en tant qu’otage, et cela était certain. L’Ange sentait l’existence de sa création, sa vie et sa mort si elle devait advenir. Et Igni était toujours là.

    Pour ce que cela la rassurait... Nina n’avait plus qu’une chose en tête : retrouver son familier. Démembrer ce réseau de prétendus Théologistes, dieux de rien du tout, dieux de l’indignité.

    Une cloche, avait dit la voix. Dans sa tête, le lien se fit vite, mêlant souvenirs, présent et détermination. Démons. Cloche. La seule cloche capable d’invoquer de telles entités lui avait fait admirer le tableau funèbre de Kazad Thingaz, le village des Nains. Tous ses habitants y avaient été peints en rouge, ou quasiment : ils n’avaient servi aux intérêts de Stella que pour construire une cloche magique capable d’invoquer des démons sur Terre.

    La Cloche d’Exitia... Originelle. Yakmund n’avait en effet pu sortir pareille légende de son esprit malade. Une force maléfique l’avait poussé à en créer une nouvelle, tout comme une autre avait murmuré l’existence de son Origine à un second esprit malade.
    Et ce nom dont elle se souviendrait...

    Hésiode. Un poète célèbre de Midi, connu pour sa prétention à détenir la vérité en la voie qui guiderait les Hommes sur le chemin de l’Ascension. Un illuminé, évidemment. Un de plus, comme s’il n’y en avait pas assez.

    Ényo et Loki avaient demandé à Nina si elle voulait bien leur raconter toute l’histoire avant de quitter Précipice. Le Grand Sylphe les avait congédiés, avec le sourire, même. Cela avait bien achevé Nina dans sa culpabilité. La jeune femme avait bien entendu accepté. Ses amis l’avaient vue parée de ses ailes, combattant un ennemi inconnu venant de détruire la quasi entièreté d’une cité... Et ils n’avaient rien pu faire.

    Pour Loki, il était essentiel de retourner à Alkonost faire un compte-rendu de la situation à Alyce et au Palais. Nina avait obtenu tellement d’informations majeures qu’elle ne pouvait prioriser autre chose. Pour le bien de Pergrande, et peut-être plus... En dépit de tout le mal que savoir Igni loin et prisonnier pouvait lui faire.

    Lorsqu’ils rentrèrent, Nina s’évanouit sur une péniche. La transporter à Altaïr ne fut pas difficile grâce à la bonté d’un marin musclé. Elle y dormit deux jours d’affilée, le temps de se remettre de ses blessures. Son bras attaqué avait un peu bleui à cause de la ceinture qui avait fait garrot, mais heureusement pas assez pour empêcher le sang de circuler. Son bras gauche lui servirait un peu moins le temps de quelques jours, soient louées l’alchimiste de la guilde et sa potion de régénération.

    Asgard avait demeuré éveillé en Nina tout au long de son sommeil, sans cesser de cogiter. Mattheum avait réussi à s’enfuir car il avait été aidé d’une fille partageant cette empreinte magique caractéristique de son pouvoir angélique. Si l’ennemi avait avec lui plusieurs porteurs de runes, Nina seule serait incapable de les arrêter. Le danger était conséquent, et il se demandait s’il n’aurait pas à reprendre possession du corps de sa vassale sous peu de temps...

    Mais la jeune femme n’avait pas oublié, à son réveil, que sa prochaine destination était toute tracée.

    Le pays de la désolation, la géhenne.

    Sin.
    by Nina

    Revenir en haut Aller en bas

    Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut




    - Sujets similaires