RSS
RSS
AccueilAccueil  
  • Sujets actifsSujets actifs  
  • Dernières imagesDernières images  
  • RechercherRechercher  
  • S'enregistrerS'enregistrer  
  • ConnexionConnexion  
  • AccueilAideRechercheMagesGuildesCarteSujets actifs
    ConnexionS'enregistrer
    Le Deal du moment : -20%
    -20% Récupérateur à eau mural 300 ...
    Voir le deal
    79 €

    Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas

    Nina Andersen
    Nina Andersen
    Briseuse de Mythes







    Mission:


    Mission 4



    Assiégée

    Après quatre jours d’entraînement de plus, je parvenais enfin à acquérir une technique réellement cohérente et efficace à la dague. Mon combat contre la mère d’Hélène et ses sous-fifres m’avait prouvé que je n’étais pas assez concentrée en combat, tout du moins pas sur les bonnes choses. Ma capacité à manier la dague ne pouvait donc pas s’épanouir sans réflexes mieux aiguisés : ainsi, comme c’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleures confitures, les ennemis matérialisés par Sirius avaient été très utiles. Changer de dague plus vite, porter des coups plus agiles, adapter mon choix aux circonstances mais aussi me servir de mon environnement. Je ne devais pas être bloquée contre une table dans une taverne : c’était à moi d’y coincer l’ennemi. Et surtout, je m’étais entraînée à faire attention à mes arrières en captant les aethernanos et, dans le cas d’ennemis non-mages, en percevant les mouvements. C’était la chose la plus difficile à vrai dire car je n’étais pas particulièrement douée… Parmi les exercices que Sirius me faisait réaliser, celui où je devais indiquer le nombre et la distance des ennemis de ce genre autour de moi, tout en étant simplement assise par terre les yeux bandés, était peut-être celui qui m’avait donné le plus de mal… J’étais justement en train de terminer une session de ce genre.

    « Deux à un mètre, un à gauche et un à droite. Un à six mètres droit derrière et encore un autre à, hum…  trois mètres, à deux heures.
    — Deux sur quatre. L’ennemi que tu as identifié à deux heures a en fait arrêté de bouger à quatre. Quant à celui à un mètre à gauche, il était en fait à soixante centimètres.
    — Tu m’en demandes trop, Sirius ! boudai-je en ôtant le tissu de mes yeux.
    — Je ne t’en demande pas trop. Tu as peut-être bien progressé depuis ces quelques jours mais ce n’est pas une raison pour te reposer sur tes lauriers : je croyais que tu étais déterminée ? Ce n’est pas toi qui l’as dit ?
    — … Si, je l’ai dit… Et je le suis toujours ! C’est juste que cela m’embête de ne pas y arriver. »

    Il avait vu juste. J’avais décidé de redoubler d’efforts pour devenir plus forte et gravir les échelons de puissance de la guilde : ce n’était pas en me contentant d’une note moyenne à mes exercices de combat que je progresserais ! Mais c’était assez pour le moment. J’étais ressortie meilleure de ces sessions d’entraînement alors je voulais mettre tout cela à profit lors d’une nouvelle mission. Alors, après que je fus sortie de la salle du simulacre, ce cher Sirius m’interpela de nouveau. Apparemment, une mission urgente venait d’être ajoutée au panneau et selon lui celle-ci serait parfaite pour me mettre à l’épreuve. Poussée par ma curiosité, ce fut la première que j’examinai dans mon carnet. Une femme voyait sa maison se faire assaillir par une horde d’hommes, mages ou non, pour des raisons particulièrement floues… Mais son mari étant absent, j’imaginais facilement qu’au vu du statut de cette fameuse dame, Lady Petra, les richesses devaient être le but commun à tous ces individus…

    Soit. J’accomplirais cette mission ! Aussitôt parue, aussitôt acceptée. Je comprenais pourquoi Sirius me l’avait conseillée : le nombre d’ennemis à vaincre était important et me pousserait certainement aux limites de mon endurance. De plus, je n’avais à tuer personne car il ne s’agissait pas de mages noirs.
    Je n’avais plus qu’à me rendre sur place après un petit détour par ma chambre pour me préparer. Moyennant téléportation, je fus dans la banlieue de Magnolia en à peine une dizaine de minutes.

    Contrairement aux quartiers nobles de la capitale, très fermés, isolés, la banlieue chic de Magnolia dans laquelle se trouvait la demeure de Lady Petra était beaucoup plus animée et cosmopolite. Pour preuve, les enfants jouaient dans les rues portaient tous des vêtements différents et n’avaient pas tous le tempérament bourgeois commun à beaucoup d’enfants de ce milieu. Je supposai que la bourgeoisie et la noblesse vivant ici étaient ouvertes au monde extérieur. Comme l’était ma sœur quand nous étions petites, à vrai dire… De nous deux, c’était bien moi qui restais dans l’enceinte du manoir et elle qui partait explorer les rues de la basse cité. Mais j’avais autre chose à faire que de penser à cela ; je devais me hâter. Le principe d’une mission urgente n’était-il pas justement l’urgence ? À une allure rapide, mes pas me menèrent devant la résidence assiégée. Et effectivement…


    « Petra chériiiie ! Je t’en prie, ouvre-moi ! Je te protégerai de ces porcs avec ma magie !
    — Tu n’as pas honte ?! Regarde ta tête, boulet ! Penses-tu seulement que Lady Petra veuille de toi un jour ?!
    — Tu m’as tant manqué, ô ma douce Petra !! »

    Le temps s’arrêta. Et… Effectivement, c’était… En effet…

    « Sirius ! Qu’est-ce que c’est que ce… souk ?!
    — Je n’en sais pas plus, fonce trouver la cliente pour de plus amples informations, elle est à l’étage : je m’occupe d’en récolter ici. »

    Devant la demeure, escaladant le portail, une dizaine d’hommes en furie ; à l’intérieur déjà, un grand nombre tentait de forcer la porte d’entrée. Certains même escaladaient les parois ! Je ne comprenais rien à ce qu’il se passait ici ! Hurlant à tue-tête le prénom « Petra » qui commençait à me sortir par les oreilles, ils semblaient prêts à tout pour entrer, quitte à en venir à la magie. À n’en point douter, il s’agissait là des dix-neuf hommes que je devais arrêter… C’était si… Je cherchais encore le mot… Pathétique, voilà. Je retournai me cacher derrière un des murs qui entouraient la propriété et sortis une plaque de métal de ma dimension de stockage. J’avais bien fait d’y en ranger une… J’allais monter dessus et me rendre à l’étage, quitte à briser une fenêtre. Le temps pressait : pour la première fois j’allais utiliser cette technique en dehors d’un entraînement et d’un énorme matelas pour me rattraper en cas de chute.
    J’allais utiliser ma magie pour contrôler la plaque de fer sur laquelle je serais assise. À cause de mon poids, cela rendait l’action très difficile à réaliser mais je devais y arriver !

    « Sirius, regarde bien comment les choses se passent quand je décide de redoubler d’efforts… ! » murmurai-je, plus pour moi-même qu’à l’attention réelle de mon ami.

    En me concentrant au maximum, je m’assis sur le bord de la plaque qui était déjà sous mon pouvoir. Je la sentis vaciller quand ce fut fait, mais j’impulsai plus d’aethernanos dans le phénomène magnétique que je créais entre mon pouvoir et cette plaque. Quand je parvins à m’élever, je m’y accrochai bien et m’élançai vers la fenêtre que je ne quittais pas des yeux. Alors que je me trouvais juste au-dessus d’un petit balcon d’à peine plus d’un mètre carré, je ressentis des crampes aux bras. Très désagréables. Il était temps de me poser… Je soupirai en regardant par la fenêtre tout en massant mes membres : Lady Petra se tenait dans ce qui semblait être sa chambre et se rongeait les ongles sur le bord de son lit. Aussitôt, mon poing frappa contre la fenêtre de manière insistante. Mais elle ne réagit pas…

    Une veine commença à battre sur ma joue. Quand la situation nécessitait de ne pas perdre de temps, je détestais qu’on m’en fasse gaspiller. Si en cinq secondes elle ne se rendait pas compte de ma présence à sa fenêtre, j’utiliserais ma bonne vieille technique d’ouverture de fenêtre à distance, comme chez Dirk !

    Je n’en eus pas besoin au final car elle accourut auprès de moi et m’ouvrit, histoire que je puisse entrer et me présenter à elle.

    « Bonjour, Madame. Je m’appelle Nina Andersen, j’ai reçu votre appel à l’aide et je suis là pour repous-…
    — Ooooh merci, mille mercis mademoiselle Anderson ! Je vous en supplie, empêchez-les de me retrouver ou bien je ne pourrai résister ! »

    Bien… Premièrement, je lui fis remarquer que je m’appelais Andersen, en accentuant bien le dernier e, et deuxièmement j’en avais assez de me faire couper la parole ! J’ordonnai à cette femme de me donner de plus amples informations sur tout ce qui était en train d’arriver juste après qu’elle m’eut proposé de m’asseoir – chose que je ne refusais jamais. Pendant que cette femme aux cheveux blond platine et aux yeux presque blancs me parlait de sa voix tout bonnement insupportable – l’apparence l’était tout autant car, toute vêtue de blanc, elle paraissait luire et cela agressait violemment ma rétine sensible –, je demandai à Sirius les informations qu’il avait pu recueillir.

    « Je… J’ai vu des choses… Des choses que je n’aurais jamais voulu voir... »

    Et il se tut. Malgré mes appels, il refusa de me donner les détails de sa récolte !

    « Et donc Corentin est parti, il y a de cela trois ans… Oh Corentin, si seulement tu n’avais jamais lu ce livre ! Je n’aurais jamais dû lui acheter…
    — Venez-en aux faits, sifflai-je d’une voix sombre.
    — Alors, eh bien… En trois ans… Comment dire, ooh, vous êtes si jeune, pouvez-vous seulement comprendre… »

    Elle m’énervait. Vraiment, elle m’énervait. Il y avait des choses et des gens qui avaient un don. Un don pour me mettre intérieurement hors de moi, alors que j’étais tout à fait capable de garder mon sang froid. Si elle n’achevait pas très tôt de déblatérer sa misérable vie et ses pathétiques sentiments avec cette voix, dont la fréquence devait être semblable à celle du cri d’agonie d’une grenouille de pluie, je risquais de me montrer tout particulièrement violente verbalement. Et elle ne le voulait pas.

    « Ainsi voyez-vous ma chérie, lorsqu’une personne est seule durant de longs mois ou années, elle est souvent tentée de… s’amuser, un peu comme elle le peut. Eh bien ces messieurs en bas… Oh, si cela peut vous rassurer, j’ai envoyé mes trois gardes du corps les empêcher d’entrer juste quelques secondes avant votre arrivée !
    — Me voilà soulagée.
    — Mais je m’égare ! Vous voulez peut-être connaître le fin mot de l’histoire !
    — J’en languis terriblement.
    — Eh bien en d’autres termes… Ces hommes sont ces… amusements… Oh, rassurez-vous, ils m’ont bien amusée, ils ne m’ont pas fait de mal ! Enfin si, certains, hahaha, mais rien de bien grave, au contraire, hihi ! Oooh mais voilà que je me perds dans des détails gênants ! Cela ne doit pas vous intéres-…
    — Non, je m’en contrefiche. J’ai mis dix minutes à recueillir les informations que je souhaitais alors qu’elles tiennent dans une seule et unique phrase formulée correctement mais, visiblement, vous en êtes tout à fait incapable. Mais rassurez-vous, je ne suis pas irritée : je suis TERRIBLEMENT irritée. Donc maintenant que je connais toutes les formidables épopées de votre séant, je suis, en plus de cela, passablement dégoûtée. Donc si vous vouliez bien épargner à mon ouïe de supporter un peu plus de votre blabla incessant, peut-être mes mains pourraient-elles vous débarrasser de votre harde de fiers étalons en rut, car figurez-vous que je me fais une joie à l’idée de partir d’ici au plus vite après avoir rafraîchi les ardeurs de ces cloportes. Maintenant, si vous le voulez bien, je vais, en plus de mes tympans, voler au secours de mes rétines qui n’imaginaient pas faire face un jour à une femme aussi nunuche. »

    Je me levai aussitôt, gratifiant Lady Petra d’un sourire particulièrement amer, et quittai la pièce par la seule porte dont elle disposait. Sirius m’apostropha.

    « … Waw… Quel franc parler ! Tu es drôlement rude avec les clients…
    — Un problème avec ça ? répondis-je d’un ton glacial.
    — Non non… » soupira-t-il.

    Descendant en trombe les escaliers pour rejoindre le rez-de-chaussée, je constatai que les gardes du corps de la dame étaient tout particulièrement peu résistants ou, en tout cas, moins puissants que l’homme qui, à mon arrivée, venait de mettre au tapis un homme magicien. Vraisemblablement, la harde venait de forcer le passage à l’intérieur du manoir. Très sincèrement, cette sotte de Lady Petra me sortait par les yeux, mais une mission était une mission et il me fallait de ce fait la mener à bien. Dix-neuf adversaires dont trois de mon niveau, si je me souvenais bien de l’annonce, et dix hommes normaux bien que tout à fait robustes en apparence. Cela en disait long sur les goûts de la dame mais risquait d’être un peu chronophage…

    Je repérai dans la foule en délire deux mages en panique qui faisaient de leur mieux pour retenir les furies. C’étaient les deux gardes du corps restants. Un mage de vent et un qui semblait générer des champs de forces protecteurs. C’était mieux que rien.


    « Eh, vous ! Les deux gardes de Lady Petra ! (Ils se retournèrent vers moi, à l’instar des assaillants, totalement surpris) Oui, ici. Je suis votre alliée. Chargez-vous des hommes qui n’ont pas de pouvoirs, je m’occupe des mages qui sont trop forts pour vous.
    — Qui c’est cette gonzesse encore ? Où est Petra chérie ?!
    — T’occupe. »

    J’avais beau avoir des alliés, une voix en moi me hurlait de ne pas trop me reposer sur eux. Et je la croyais volontiers vu le carnage qui se déroulait devant mes yeux. Je ciblai néanmoins les trois mages confirmés dans le lot et me concentrai sur l’un d’entre eux. Il manipulait le feu : parfait. J’invoquai ma lame en pyrite et fondis sur lui comme je l’avais travaillé durant mon entraînement. Le hall se faisait littéralement envahir… Mais je devais protéger les escaliers. Alors, pendant que j’assénai un coup au mage de feu, j’attrapai le mage des champs de force qui se trouvait juste à côté par le col, puis murmurai tout en multipliant les estocades sur l’ennemi pour qu’il recule.

    « Génère autant de boucliers que tu le peux autour des portes et en haut des escaliers. Ils ne doivent pas monter et encore moins trouver Lady Petra. »

    Il fut surpris de mon geste mais s’exécuta. Alors, après avoir évité l’assaut d’un non-mage qui traînait par là et lui avoir proposé un coup de pied dans l’estomac en échange, celui-ci s’écroula au sol et je pus m’atteler à mettre hors-jeu le pyromane. Lui portant des coups de dague à répétition, j’attendais qu’il en pare un avec ses flammes pour chauffer mon arme. Mais il était fort et drôlement agile : il évitait tout. Concentrée, si je n’avais pas reçu cet entraînement de quatre jours, j’aurais sûrement déjà rencontré le sol… Mais je ne comptais pas continuer de danser ainsi plus longtemps ! J’invoquai derrière lui ma dague de Kabaret, utilisant ma main libre pour la contrôler au mieux, afin qu’il ressente les aethernanos libérés et se tourne. Bingo.

    Son bras droit se vit entaillé de toutes parts, de son épaule à son poignet, et son cri attira sur lui l’attention de tous. Alors qu’il était concentré sur tout sauf moi, j’en profitai pour lui porter un coup en direction du visage, à la verticale. Mon mouvement vers l’avant me permis d’éviter une gerbe de vent. J’entendis au loin les excuses paniquées du jeune garde du corps… Le mage de feu, quant à lui, en plus d’être agile était tout particulièrement réactif. Mais ces réflexes causèrent sa perte et ma réussite : il para finalement mon attaque entre ses mains enflammées et me sourit en sus. J’avais toujours ma dague en main… Mais quand je lâchai mon emprise sur l’arme et exécutai une vrille sur la droite avant de m’éloigner, ce fut à moi de lui sourire et il ne comprit pas vraiment ce que je tentais de lui signifier. C’était pourtant bien simple : « merci ».

    J’attirai vers moi l’arme brûlante sous l’œil hébété de mon adversaire et la fis flotter à ma droite, juste après avoir donné à l’homme un coup de garde dans la nuque pour l’assommer – je devais avouer avoir été rassurée par Sirius qui m’avait précisé qu’il n’était pas mort... Cette dague, à mes côtés, fut rapidement rejointe par mes autres plus belles armes, en arc de cercle au-dessus de ma tête, comme j’aimais à le faire. Première étape : faire peur au plus grand nombre de non-mages possible.

    Et pour cela, j’avais une carte parfaite dans ma main. Désarmer pour mieux régner : la technique de répulsion que j’avais développée quelques temps auparavant. Ce sort ne m’avait jamais servi en combat, mais c’était aujourd’hui le moment de l’inaugurer. Je courus jusqu’au bas des escaliers, vides. Le nombre d’ennemis était maintenant de… douze. Deux confirmés, quatre novices et six hommes normaux. Les gardes n’avaient pas si mal travaillé en fin de compte… Je devais me concentrer sur les hommes normaux, moins enclins à risquer leur vie pour attaquer une femme qui manipulait des armes tranchantes à loisir. Quoi qu’il en fût, je devais me hâter avant que ma dague de pyrite ne refroidisse !

    Une sphère de magie concentrée se forma au creux de mes mains, ouvertes l’une en face de l’autre. Je l’agrandis autant que nécessaire sans que cela ne puise trop dans mes réserves. Une vingtaine de centimètres suffiraient, à un niveau de concentration faible pour que la distance de répulsion ne soit pas importante. Pour ce qu’il y avait à repousser… Cette sphère devint un aimant suffisamment puissant pour attirer toutes les armes de fer ou d’acier ici présentes hormis les miennes. Ce qu’elle fit, lorsque je la propulsai au centre de la foule, face à la sortie. Tout fonctionnait parfaitement… Ode à la peur : désarmement.

    « Aversjon ! »

    La sphère sortit de la bâtisse pour relâcher son emprise sur les armes. Celles-ci furent propulsées dans tous les sens, se plantant partout : dans les murs du manoir, dans ceux protecteurs du domaine, dans le sol… Tous les regards portés sur moi, de peur ou de colère, me ravissaient. Après avoir grimpé quelques marches de l’escalier afin d’avoir un ascendant physique, je déployai mes dagues toujours en arc de cercle pour qu’elles tracent une forme plus grande. Pointées sur le public abasourdi, je le regardai de haut et déclamai de ma voix la plus grave.

    « Que ceux qui préfèrent leur vie à une femme quittent cet endroit et n’y reviennent jamais. »

    Listen to me.:

    … Plus que six, bien ! Tous les non-mages avaient été tout à fait cohérents dans leurs comportements. Et à leur place j’aurais certainement choisi comme eux : ma vie valait bien plus qu’un amant ou une maîtresse. Ils avaient donc un minimum d’honneur et avaient mérité de partir sans plus de blessures.
    Quant aux mages qui étaient restés… Avant de pouvoir les compter, je remarquai que ma dague en pyrite ne répondait presque plus. Elle avait tellement tiédi qu’elle avait perdu ses propriétés magnétiques, alors je la rappelai dans ma dimension de stockage.

    « Je vois qu’on perd en puissance, jeune princesse. C’est ça quand on veut jouer les héroïnes pour des choses qui ne nous regardent pas ! »

    Dans un sourire en coin, c’est ce qu’un des deux mages confirmés restants me dit. Je tournai lentement mes yeux pour les planter dans son regard, lui faisant part de mon incompréhension.

    « Premièrement, sache que cela me concerne tout à fait. Lady Petra est ma cliente et j’ai accepté sa mission. Celle-ci consistant à vous chasser d’ici, c’est plutôt à moi de vous reprocher votre présence. »

    En disant cela, un des novices les plus petits se fit assommer par le troisième garde du corps, réveillé et levé. Un gaillard à y regarder de plus près. Son bras était solidifié et avait la forme d’un marteau. Il me jeta un œil sceptique, se demandant certainement si j’étais bel et bien une alliée ou non. Je me contentai de hocher la tête en retour de sa question tacite. Ses camarades avaient été passés à tabac… Couchés dans la pièce, celui qui maintenait les barrières de protection s’évanouit au moment où je le regardai. S’il avait choisi un autre moment, peut-être n’aurais-je pas pensé que je fus effrayante au point de faire tourner de l’œil à quelqu’un… Mais bon. Nous étions deux pour six ennemis. Deux à mon niveau, quatre au sien. Il sembla l’avoir compris car il m’adressa la parole.

    « Je m’occupe des quatre plus faibles… »

    Il lançait un regard frustré à mon encontre, comme s’il était vexé que je sois venue à la rescousse. Ou peut-être ce regard n’était-il adressé qu’à lui-même, honteux d’avoir été le premier à tomber ? Bonne question mais je n’avais pas l’intention d’en chercher la réponse. Une seule chose m’importait : montrer au résidu de latrines qui m’avait prise pour une idiote qui de nous deux n’avait pas sa place dans le hall de ce manoir. Ni ailleurs à l’intérieur, d’ailleurs. Et je n’avais pas besoin de mes lames pour cela… Un assaut de pommeaux serait amplement suffisant. Mon Kantet Assault se débarrassa aisément du mage confirmé le moins attentif et rapide : il reçut l’intégralité de mon fouet de pommeaux et s’évanouit sur le coup. De son côté, mon allié avait mis au tapis deux de ses adversaires.
    Alors j’invitai le mien à approcher et m’attaquer. Et il ne sembla pas se faire prier. Une odeur étrange commença à emplir la pièce… Quelque chose de particulier… Le mage sourit à pleines dents, sûr de lui.

    « Tu me plais bien, peut-être même plus que ma petite Petra ! C’est dommage que tu appartiennes à une guilde… En tout cas, à défaut, tu vas me laisser passer et trouver Petra. C’est pour ça que je vais tout donner contre toi.
    — Haha, tout à fait. Il faudra me vaincre d’abord ! »


    L’odeur se fit un peu plus forte, puis encore plus forte. Mon regard se planta dans le vide quelques instants, puis je ne sentis plus rien et repris aussitôt mes esprits. Tout le monde autour de nous était tombé. Je commençai à paniquer légèrement… Lui continuait tranquillement à sourire, sûr de lui. Comme j’étais sûre de moi peu avant. Non, ça ne pouvait pas se passer comme toutes ces fois ! Je ne pouvais pas tomber face à un ennemi de mon niveau ! Je maudissais mon manque d’expérience mais… c’était bien pour cela que j’étais ici, non ? Si seulement cette nunuche de noble était capable d’utiliser son pouvoir seule ! Une nouvelle odeur emplit mes narines tandis qu’il approchait de moi à pas lent. Plus il approchait, plus j’entendais ses pas résonner dans le hall… Le talon de ses chaussures semblait battre le sol pavé. Il marchait si lentement, j’avais l’impression de le voir au ralenti… Je clignai des yeux pour m’assurer que ce n’était pas eux mon problème. Je devais m’avancer pour vérifier qu’il était bien là… Je devais lui porter un coup avant que lui ne me frappe !

    Je descendis les escaliers, terriblement vite, plus rapidement que je pensais être en train de le faire en tout cas. D’ailleurs, à la fin, je manquai de trébucher sur la dernière marche, titubant jusqu’à me retrouver à genoux. Lui continuait de marcher lentement devant moi, quand soudain je sentis un choc sur mon épaule, causant un bruit sourd. Je sursautai, et il était là, derrière moi, sa main sur mon épaule. Il me touchait, pourtant, je levai les yeux, il était encore en train de marcher devant moi... En fait non, il avait disparu ! C’était bien lui qui se trouvait à côté de moi, sa main sur mon épaule… J’eus envie de vomir, son contact me donnait la nausée… !

    « J-J’ai mal… Mon estomac… Arrête de me toucher, ne me touche plus… ! »

    Je sentis les larmes me monter aux yeux. Il me touchait encore ! Je me retournai mais sa main continua à me toucher… Quand je le regardai, ma nausée s’intensifia. Lui… Matthieu… Le mage noir… Le premier que j’avais tué… ! Il était là ?!

    « Ne me touche plus !! »

    Il se pencha à ma hauteur et murmura.

    « Et si nous terminions ? »

    Il caressa ma joue.

    « Tu ne bouges pas ? »

    Je me sentais lourde… Matthieu se tenait face à moi et il se penchait sur moi, je voulais vomir… Je voulais le frapper, j’essayais d’ailleurs, mais ma main frappait du vent… Il se transformait en vent… Sa main, elle était toujours sur moi, sur mon cou, il coupait mon air ! Je n’en pouvais plus, je n’arrêtais pas de pleurer ! Je devais me mettre en boule, il arrêterait de me toucher… Je sentais du sang… Il y avait du sang sur mes cuisses… Sur mes jambes… Il me faisait du mal, encore… !!

    Don't...:

    « Nina… »

    Ne prononce pas mon nom…

    « Tu aimes… »

    Non…

    « … tueras… ? »

    Oui… ! Je…

    « Désolé Nina… »

    Je te hais ! Je te hais !! Je te hais !!!

    * * *


    « HAA ! »

    Je… Je venais de hurler, brusquement redressée… Où me trouvais-je ? Que s’était-il passé ? J’avais mal à la tête… Je regardai autour de moi… Rien. Enfin, plutôt, personne… J’étais au sol, à côté d’un lit défait… Je dormais ? Je venais d’en tomber ? Quand j’essayai de me relever, j’eus du mal à tenir sur mes jambes. Mon bras lâcha son emprise sur le lit et je trébuchai, le visage et la poitrine contre le matelas et le reste par terre. Je peinai à me hisser se nouveau sur le lit et j’étais en sueur… Je ne comprenais plus rien ! Vu la décoration, je me trouvais encore chez Lady Petra. Mais je ne me souvenais pas des événements précédents…

    « Si… Sirius ? Tu es là ? Réponds-moi…
    — Je suis là, Nina. Tu vas mieux ? Tu viens de tomber du lit quand même…
    — Que s’est-il passé ? Pourquoi suis-je en robe de nuit qui… qui n’est même pas la mienne ? Elle est beaucoup trop courte pour être à moi. »

    Je rougis et tentai de la faire descendre sur mes cuisses, sans succès, avant d’abandonner et de simplement rabattre le drap blanc sur moi. Tout d’un coup, quelqu’un frappa à la porte de la chambre dans laquelle je me trouvais. La personne entra dans la pièce doucement et son visage s’illumina quand elle me vit. C’était Lady Petra, munie d’un petit plateau sur lequel se trouvaient plusieurs ustensiles et produits de soins. Elle trottina dans ma direction, contourna le lit et s’assit sur une chaise au coussin de velours juste à côté, avant de poser son plateau métallique sur la partie du matelas où je n’étais pas. Elle me posa toutes sortes de questions sur mon état.

    « Te sens-tu lourde ? As-tu mal quelque part ?
    — Un peu… J’ai un peu mal au crâne, effectivement… Mais rien d’insurmontable. Cependant, pouvez-vous me dire ce qui s’est passé, s’il vous plaît ? Je ne comprends rien…
    — Un des hommes avec lesquels tu t’es battue… Il s’appelle Ronan. C’est un de mes premiers amants… Et du coup, un des plus attachés. Mais il est allé trop loin pour moi, je ne pensais pas qu’il serait capable d’en venir à de telles extrémités. Il a été arrêté par les soldats quand ils sont arrivés d’ailleurs, hier, juste après l’incident…
    — Dites-m’en un peu plus je vous en prie ! Je veux tout savoir… !
    — Un mage des substances olfactives. Il n’est pas très puissant en lui-même mais la technique qu’il a utilisée sur toi doit être sa dernière… Et elle est mauvaise. Il a utilisé des vapeurs de datura sur toi. (Voyant mon regard dubitatif, elle continua) C’est une drogue hallucinogène très puissante. Ceux qui en reçoivent perdent toute notion du réel, c’est pour cela qu’il est très difficile de ne pas croire en les hallucinations qui surviennent. Normalement, quand le lanceur du sort est KO, son effet prend fin, mais tu as dû y être un peu trop confrontée. Tu t’es évanouie sur le coup. »

    Elle continua en m’expliquant que l’armée avait arrêté tous les mages encore présents. Aucun n’allait recevoir de peine de prison à première vue, sauf peut-être le fameux Ronan. Lady Petra me parlait d’hallucinations mais je n’avais pas le souvenir d’avoir vu quoi que ce soit… Je ne saurais même pas donner, en réalité, mon dernier souvenir. Cette femme passa de l’alcool sur quelques blessures que j’avais, rien de grave toutefois. À la suite de cela, elle s’excusa auprès de moi en me donnant un petit médicament. Je lui demandai pourquoi elle s’était excusée et quel était le but de cette gélule et elle m’intima qu’elle avait été obligée de me laver et de me changer avant de me coucher, aidée d’un de ses gardes du corps pour le transport. Je la questionnai sur la raison précise qui l’avait poussée à me baigner, car je voulais savoir tout ce qui m’était arrivé…

    « Eh bien, hum… Tu n’as pas mal ? Comment te dire, eh bien… Tu "saignais", Nina chérie…
    — Je sai-… »

    Soudain, un flash de mémoire me revint. Ma peur, du sang sur mes jambes… Le médicament… Je mis tout cela en liens et je compris. Et à ce moment, je ne pus me retenir et enfouis mon visage dans le coussin qui se tapissait à côté de moi. J’avais si honte que j’en pleurais !

    « M-Mais ne t’en fais pas, personne ne t’a vue !
    — Si, vous ! criai-je.
    — Je… Je suis navrée… »

    Je balayai mes larmes d’un coup de main et pris un des tissus sur le plateau de soins pour me moucher. Je pensai que j’étais allée trop loin avec Lady Petra… Je devais m’excuser auprès d’elle, j’avais été trop dure… Je devais arrêter de prendre les gens de haut comme cela, enfin, quand ils ne le méritaient pas. Et j’estimai là que j’avais été mauvaise vis-à-vis d’elle qui n’avait voulu que m’aider, en retour de l’aide que j’étais venue lui apporter. Je n’avais peut-être pas tant changé que cela, en fait. J’avalai difficilement ma salive et pris la parole.

    « Je… C’est à moi de m’excuser auprès de vous, Lady Petra. Je ne vous ai pas bien parlé et mon arrogance a aussi causé ma défaite. (Ces mots étaient durs à prononcer, à tel point que ma voix n’était plus la même, comme étouffée) Ensuite, vous m’avez aidée et je vous ai crié dessus. Je suis désolée. »

    Elle sembla touchée car ses yeux s’écarquillèrent. Elle bredouilla quelque chose d’incompréhensible avant de parler pour de bon.

    « Ne t’en fais pas Nina, je préfère que tu aies réagi comme cela. Je préfère en effet cela plutôt qu’une réaction hypocrite, comme si tu avais voulu te faire bien voir de moi, puisque c’est comme ça que beaucoup agissent envers moi… dont une majorité de ces hommes. Mais c’est de ma faute, pas de la tienne, et puis… Je sais comment je suis, et je comprends tout à fait que je puisse être l’opposée de certains caractères. Donc tu n’as pas à t’en faire. Si tout va bien et que tu es rétablie, que tu peux marcher sans risquer de tomber, j’aimerais que tu rentres chez toi en acceptant ta récompense. » sourit-elle franchement.

    Je me demandais si je devais vraiment accepter cette récompense… J’avais échoué à ma mission, pour la première fois, finalement, j’avais perdu. Je ne pus donc que refuser, mais Lady Petra restait ferme. Elle m’expliqua que les soldats avaient pu intercepter les hommes et surtout Ronan car j’avais empêché celui-ci de bouger avant de m’évanouir. Apparemment avait-il été retrouvé avec un couteau de fer derrière chaque genou… Pas très beau à voir, selon elle. Cela devait être mon pouvoir… J’avais dû faire cela dans un dernier élan de conscience, enfin, peut-être.
    Au final, je suivis ses indications. J’acceptai l’enveloppe qu’elle me tendit, puisque cela semblait lui faire tellement plaisir, et sortis de son manoir dans le but de rejoindre la ruelle depuis laquelle je devais rentrer à la guilde. Là-bas, je remarquai une excroissance dans l’enveloppe et, par curiosité, l’ouvris pour vérifier ce qu’elle contenait de particulier.

    Dans la pochette de papier se trouvait en fait une petite gemme, un bracelet plus précisément. Un petit bracelet en chaîne d’or où était pendue un petit saphir en forme de goutte. Et une lettre. Qui disait qu’elle avait changé le bijou promis par la récompense – détail que j’avais, je l’avouais, oublié – pour un d’une plus grande valeur pour me remercier de lui avoir fait ouvrir les yeux sur ses actes et sa bêtise et, surtout, pour s’excuser vis–à-vis de moi car cette même bêtise m’avait faite souffrir.
    Je ne regrettais finalement pas d’avoir pris sur ma fierté et de m’être excusée auprès de cette femme. J’accrochai le bracelet à mon poigner, ne pouvant me résigner à le vendre, et ne pus retenir un sourire sincère. Décidément, ils se faisaient de plus en plus nombreux… Mais autre chose, quelque chose de beaucoup moins heureux, vint occuper mon esprit. Je devais lui demander ce qui s’était passé et que Lady Petra n’avait pas vu.

    « Sirius ?
    — Eh bien… Si tu veux tout savoir, tu as très vite eu des hallucinations visuelles et tes muscles ont vite lâché prise. Tu le voyais marcher vers toi lentement alors qu’il était juste à côté de toi. Il a posé sa main une poignée de seconde sur ton épaule mais tu as pris cela pour une éternité. Tu détestais qu’il te touche. En lui, tu as vu ce mage noir, le premier que tu as tué. C’était facile à deviner, tu le criais. Tu perdais complètement les pédales, alors j’ai… oui, en somme, décidé d’infliger à ton esprit une charge un peu trop difficile à supporter. Pour que tu t’évanouisses.
    — Je vois… soupirai-je en tremblant un peu. Je te remercie Sirius. Tu as mis fin à ce qui semblait être un véritable cauchemar, souris-je.
    — C’est déjà assez particulier d’entendre quelqu’un nous remercier pour lui avoir fait du mal, mais je peux comprendre. Par contre, le sourire… Tu en fais de plus en plus en ce moment, c’est inquiétant.
    — Alors toi…. grognai-je en montrant les crocs, un sourire – plus ou moins – faussement vexé aux lèvres. Contente-toi de me ramener à la guilde, au lieu de dire des bêtises ! Bon sang ces gosses… »

    by Nina

    Revenir en haut Aller en bas

    Raziel
    Raziel
    Mage
    https://humanitas.forumsrpg.com







    La correction est prête, mais avant tout : S+ !

    Revenir en haut Aller en bas

    Raziel
    Raziel
    Mage
    https://humanitas.forumsrpg.com







    Voici le compte-rendu détaillé de la correction :

    - c'était une mission de rang confirmé offrant donc 300 points.

    - avec le rang S+, 500 points.

    - il y avait un total de 336 lignes, soit 3 360 points de base.

    - pas de faute aperçue, perfection obtenue.

    - la mission est cohérente. 100 points.

    - les préoccupations du séant d'une noble... Voilà qui plut fort à Lucifer. 50 points d'originalité.

    - l'histoire en soi est très bien... Mais je ne peux décemment pas mettre une note super élevée pour une mission quelconque. Allez... Disons 250 points grâce au moment psycholo-psychopathique de la datura.

    - rendu parfait, si ce n'est l'avatar qui s'est fait la malle au fond... Mais tu n'y es pour rien si le forum a ses têtes. 100 points !

    - je me suis roulé de rire (après la lecture complète, tout de même) durant la rencontre Nina/Petra en imaginant la scène. Je te mets donc 250 points d'humour (le sarcasme et l'ironie, il n'y a que ça de vrai...)

    - rédaction et syntaxe irréprochable. 300 points.


    TOTAL : 5 210 points augmentés à 5 300 par le bonus de perfection !

    Revenir en haut Aller en bas

    Contenu sponsorisé







    Revenir en haut Aller en bas

    Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut




    - Sujets similaires