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    Long Fleuve Tranquille par Liesel Engelwald Ven 12 Juil 2019, 07:43
    Liesel Engelwald
    Liesel Engelwald
    Gardien du Savoir







    Long Fleuve Tranquille 190711033824185989
    Long Fleuve Traquille



      Enfin chez soi.


    Il l’avait fait, il y était arrivé… Il était enfin rentré ! S’il avait pu courir, il se serait élancé au risque de trébucher sur l’une des branches mal taillées de la tour. Elle avait l’air abandonnée. L’étang dans le jardin était couvert d’une fine pellicule de glace presque fondue et plusieurs murs étaient détruits. Alors le démon disait vrai… Mais Liesel refusait d’y croire et se traîna jusqu’à chez lui. À son grand regret, il dut dégrader un peu plus les lieux en enfonçant la porte barricadée. Le spectacle qui s’offrit à lui le désola, si bien qu’il en tomba à genoux.

    “Un… combat… du sang… Ils sont… non… non ! NON ! NON !”

    Il sentit sa chair se glacer et son sang bouillir devant celui sur le sol. Il le fixa tout en laissant les tremblements saler ses plaies encore ouvertes. Mais il sursauta quand il sentit dans sa nuque une pointe de métal.

    “Liesel… si… si c’est bien toi, je… Non, donne-moi une preuve !” disait Cläre en pointant son épée vers celui qu’elle espérait être son fils.

    “Maman !” pleura le garçon. Ce manque de confiance lui fit beaucoup de peine, mais il savait qu’elle n’avait pas le choix. “Quand j’étais petit… je faisais des cauchemars… et tu te transformais en bonhomme de neige pour me donner le sourire avant d’aller à l’école…”

    Cläre fut saisie d’un spasme et lâcha son épée. Elle s'agrippa à son fils blessé comme si jamais elle n’allait le lâcher. Dans ces bras à la fois si tendre et si robuste, qui l’avaient toujours protégé, Liesel ferma les yeux et sentit qu’il allait enfin pouvoir se réveiller du plus horrible de ses tourments.

    “Où est papa ?
    — Il est gravement blessé, mais il est vivant… Je l’ai amené au village, les médecins s’occupent de lui et disent que sa vie n’est pas en danger. Quand je t’ai vu approcher de la maison en faisant ma ronde, j’étais tellement rassurée… Mais après notre attaque, j’avais peur que tu sois une ruse pour nous porter le coup de grâce… Sirius m’a dit que tu étais en danger, mais maintenant tu es avec moi, rien ne pourra plus t’arriver, maman est là, mon chéri.”

    Les marques d’affection aussi explicites étaient rares et le garçon s’en inquiéta plus qu’il en fut rassuré. Sa mère était une battante, une femme qui chassait des troupeaux de grizzlis seule et aujourd’hui, elle semblait vidée de toute énergie.

    “Alors Desdemona avait tort, Dieu merci, vous êtes vivants…” il murmura en serrant les cheveux de sa mère entre ses doigts comme un nourrisson.

    Après ces touchantes retrouvailles, Cläre constata les blessures de son fils et lui ordonna de la suivre pour voir les médecins en ville. Loin du froid d’Icerbeg, se mouvoir était plus facile, mais le garçon atteignait ses limites, sans véritable convalescence, il finirait par lui arriver quelque chose de grave. Ainsi il fut emmené chez les médecins, qui s’alarmèrent de l’état du garçon. Étrangement, à présent qu’il se sentait en sécurité, son inquiétude et ses angoisses s’étaient dissipées, de même que le désespoir qui lui avait jusqu’alors permis de tenir le coup.

    Liesel dormit de nombreuses heures et se réveilla d’autant plus fatigué, flagellé par les courbatures et les brûlures. Cette fois-ci, hors de question de se lever précipitamment pour courir vers son foyer, car lorsqu’il vit sa mère arriver avec le petit déjeuner, il se sentit à nouveau déchargé de toute peine.


    “Quel roupilleur, s’exclama-t-elle en posant le plateau sur la table de chevet, t’as dormi presque deux jours ! Ah… T’as été sacrément amoché, pas vrai ?”

    Le garçon, encore embrumé, ne put répondre qu’un râle quand il fut frappé de la lumière du soleil.

    “Ton père ne s’est toujours pas réveillé… Les médecins disent que son état est stable, mais qu’il n’évolue pas. C’est bizarre, tu ne penses pas, aucune évolution en plusieurs jours ?
    — Il est fort… grommela le garçon. Notre famille a traversé beaucoup de choses, la guerre, la distance, le froid… Les agresseurs sont venus chercher le livre de papa, c’est à cause de moi que ces grimoires ont refait surface, quelque part… je me sens coupable de ce qui lui est arrivé… En fait, depuis le début, tout est de ma faute…
    — Je n’ai pas su te protéger, malgré l’avertissement de ta guilde…”

    Si seulement Ysaline pouvait arrêter de le hanter, priait-il.

    Pour son plus grand bonheur, sa mère incarna une nouvelle lueur d’espoir en prononçant ces mots.


    “Sirius, c’est vrai ! Mugetsu t’avait donné une bague pour le joindre !
    — Pff, de la camelote si tu veux mon avis, j’ai beau essayer de l’activer, ce Circus ne répond pas.
    — Circ-... Mmh, oui, c’est bizarre…”

    ---


      Retour à une vie presque normale


    “Tu en as mis du temps !”

    La voix nasillarde de la mère fit presser les pas du garçon vers la tour en reconstruction. Après plusieurs semaines de repos et de préparations, la tour des Engelwald allait être rebâtie et le plus jeune devait bien évidemment participer à l’effort de guerre. Lui, ou plutôt les constructions de papier qui acheminaient les pièces lourdes directement en haut de l'échafaudage.

    “Pétiot ! Monte-nous d’autres madriers, les garçons ont déjà fini !” lança une voix en haut de la tour. Aussitôt un géant de deux bons mètres prit dans ses bras lesdits madriers et bondit jusqu’au sommet. Ses jambes devinrent de petites hélices qui le firent flotter le temps qu’il dépose les matériaux, puis la créature se dissout intégralement. Liesel en avait profité pour monter voir sa mère.

    “Ça avance plutôt vite, dit-il pour lancer la conversation.
    — Encore heureux, ils sont payés à l’heure les bougres et on roule pas sur l’or.
    — D’où tu as tiré tout cet argent d’ailleurs ?
    — Le budget pour notre nuit de noce, avec ton père. On devait partir sur une plage d’Enca et profiter du soleil.
    — Mais… Vous n’y êtes pas allés ?
    — Cet imbécile a glissé sur le parvis de l’église en sortant de la cérémonie et s’est cassé la jambe. Alité pendant un mois et demi, aussitôt mariée que j’ai dû faire la boniche, tu le crois toi… Pff, quel imbécile celui-là.”

    Elle regarda dans le vide avec un sourire triste. Le fils cru bon d’ajouter qu’Eyrick irait probablement bientôt mieux, et ce malgré son état qui n’avait pas évolué d’un iota depuis les retrouvailles. Cette mélancolie fut de courte durée car la famille reçut une visite pour le moins inattendue.

    Le visage dissimulé sous un capuchon gris ne put rester discret bien longtemps : depuis le temps qu’elles n’avaient pas été vernies, les marches de la tour grinçaient. Les deux paires d’yeux fixées sur elle, la jeune fille dut se dévoiler.


    “Plume ! Quel plaisir de vous voir ici ! Qu’est-ce qui vous amène ? s’exclama la mère.
    — J’ai eu une intuition, et visiblement elle était correcte. Heureuse de voix que la situation s’est améliorée le temps que j’arrive. J’avais peur de retrouver vos cadavres.
    — Je peux te servir quelque chose ? Tu dois être épuisée, venir d’Icerbeg jusqu’ici…
    — Ne t’en fais pas, en apprenant que des rénovations avaient lieu en passant en ville, j’en ai profité pour prendre une pause. Je te remercie, Liesel.”

    Le garçon sourit puis un ouvrier hurla son nom. Il accourut aussitôt pour l’aider, laissant Plume et sa mère seules.

      Interruption


    “J’ai besoin de voir Eyrick, demanda la jeune fille.
    — Ah… Oui… Il va y avoir un petit problème. Il est dans le coma depuis un bon moment maintenant.
    — Oh, je vois. J’ai besoin de communiquer avec lui d’une manière ou d’une autre et j’ai beaucoup à faire. Pourrais-je le voir ?
    — Ahaha, j’imagine que vous allez lui implanter le souvenir de la conversation pour quand il se réveillera ?
    — Tu dis ça comme si c’était si simple… Mais oui, reprit-elle en soupirant, il s’est passé quelque chose et ma mission est compromise.”

    “Ta… mission ?” interrogea Cläre, en posant sa main sur son coude sur son fourreau, comme pour s’assurer qu’il était bien là.

    Plume épousseta une des chaises couvertes de poussière de bois et s’assit. Un hibou se posa sur son épaule et elle remit son capuchon.


    “Il y a de grandes chances pour que la renaissance d’Yggdrasil soit désormais impossible.
    — Oui, je sais… Ceux qui nous ont attaqué on pris le grimoire d’Eyrick, nous devons le récupérer. Seulement je ne veux pas abandonner Eyrick dans cet ét-
    — Je ne parle pas de cela. Un des grimoires a été détruit.
    — Quoi !? Mais alors… Tout ce travail, pour rien ?
    — Je ne sais pas, je dois trouver un moyen de dialoguer avec l’Ancienne pour voir s’il nous reste une solution. Je voulais en parler à Eyrick d’abord, mais… je vais surtout avoir besoin de Liesel. Il est le seul à avoir être entré en contact dialogique direct avec Yggdrasil.
    — S’il s’agit juste de discuter, je ne pense pas qu’il dise non.
    — Non à quoi ?”

    L’intéressé entra et vit aussitôt le sérieux de la conversation dans laquelle il venait de faire irruption. Il hésita à s’excuser et se retirer, mais un souriant “quand on parle du loup” de sa mère l’invita à rester.

    “Nous n’avons jamais été si près du but, reprit Plume. Liesel a réussi à réunir la moitié des livres en quelques mois alors qu’il avait fallu un temps fou à Eyrick pour trouver la trace d’un seul. Et c’est aussi à ce garçon qu’elle décide de s'adresser… Liesel, je disais justement à ta mère que la résurrection d’Yggdrasil risque d’être retardée, sinon… annulée. Un des grimoires a été détruit.
    — Oui… J’ai… Il s’agit d’Helheim… C’est moi qui ai… enfin… J’ai détruit Helheim.
    — Quoi !?”

    Plume se leva et la chaise bascula en arrière. Son hibou s’envola paniqué et filaient dans des directions hasardeuses, comme un oiseau pris au piège cherchant à s’échapper.

    “Tu n’as pas osé… Tu...
    — Je suis désolé, c’était la seule façon pour moi de survivre face à Desdemona.
    — N’as-tu donc pas conscience de ce que tu as fait !? Qu’importe ta mort, Yggdrasil t’aurait protégé, elle serait intervenue pour te sauver, tu es essentielle à sa résurrection !
    — Liesel, pourquoi ? demanda la mère attristée.
    — Une pièce essentielle, évidemment. Évidemment ! dit-il en se levant brutalement. Elle est censée se servir de mon corps comme vaisseau ou je ne sais pas quoi ! Forcément, je suis essentiel ! Mais qu’est-ce qu’il se passera quand elle virera mon âme pour installer la sienne ? Tu le sais toi ? - Il respira un grand coup pour se calmer - Je ne veux pas me sacrifier pour ta Déesse qui m’a laissé mourir au sommet d’un volcan. Personne n’est venu m’aider, j’ai eu beau crier et pleurer, personne, ni Aeternitas, ni le Chrysokrone, ni Yggdrasil, ni même…”

    Il se rassit, affichant une expression de dégoût sur son visage. Il venait de se rendre compte de son égoïsme.

    “Ysaline… je suis désolé… je ne voulais pas t’abandonner…”

    Il se recroquevilla sur lui-même et ferma les yeux. Toute cette bulle de semi-perfection dans laquelle il avait vécu ces derniers jours éclata. Même si son père était dans le coma, il était vivant, sa mère aussi, et tout allait bien, la vie reprenait tout doucement son cours. Pourquoi fallait-il que tout cela le rattrape… Il n’en avait rien à faire, d’Yggdrasil ! Il voulait juste vivre tranquille maintenant…

    Après un long blanc, Plume soupira.


    « Je vois que tu n’es pas ouvert au dialogue. Veuillez m’excuser, je n’aurais pas dû venir ici. Cela fait des années que nous cherchons les clés et nous étions si près du but, je me suis précipitée. Liesel, quand tu auras la volonté nécessaire pour corriger ton erreur, tu sauras où me trouver. Je retourne au village. »

    Elle s’en alla silencieusement. Le bruit des marteaux des travailleurs sembla reprendre aussitôt, et Cläre prit son fils dans ses bras.

    « Je suis désolé maman, je n’avais pas le choix, je…
    — Je sais. Pardon de ne pas avoir été là. Je suis vraiment désolée…
    — Euh, j’veux pas vous déranger, fit un travailleur, mais on a besoin des pouvoirs du petit pour lever une poutre. »

    Liesel, niché contre sa mère, renifla puis se leva, les yeux gonflés mais souriant. Il suivit le réparateur laissant Cläre faire les cent pas. Lorsqu’elle sortit prendre l’air, elle tomba nez à nez avec l’un de ses soldats. Celui-ci devait lui remettre un message de la part du médecin.

    « Ca alors, sa fille est malade et il ne pourra plus veiller sur Eyrick… Je ne peux pas superviser les travaux tout en restant à son chevet…
    — Capitaine, il m’a aussi dit parlé de la pierre des Warjans.
    — Warjan ?
    — Je ne sais pas ce qu’il a voulu dire par là, mais il avait l’air plutôt sûr de lui.
    — Je vois, merci beaucoup pour le message, vous pouvez disposer. LIESEL !!! »

    Sa voix tonitruante fit sursauter le garçon. Un pied dans le vide, Liesel failli perdre l’équilibre, mais le géant de papier le poussa en avant pacifiquement. Son créateur le remercia machinalement, comme si le géant l’avait fait de lui-même, avant de le remodeler en grand toboggan pour rejoindre celle qui l’appelait. Les feuilles s’envolèrent et volèrent autour de Liesel, qui écarta les bras et laissa les centaines de papier se dissimuler sous sa chemise.

    « Warjan, tu connais ?
    — Euh… Tu m’avais lu une histoire dessus quand j’étais petit, je crois… C’est pas un ancien peuple de guérisseurs ?
    — Ah bon ? Mince faudrait qu’on retrouve le livre en question.
    — Dans ce cas, j’ai bien envie de tester quelque chose. »

      Départ.


    Liesel prit un bout de papier et écrit « Warjan » en imitant les caractères d’imprimerie. Il se plaça ensuite au centre de la tour et se concentra. Sa mère, étonnée, croisait les bras adossée à l’encadrement de la porte.

    « Tu comptes quand même pas trouver le livre comme ça ? On va le chercher tous les deux ça ira beaucoup plus vite, et puis autant quelqu’un nous l’a emprunté et a oublié de le rendre.
    — Maître Drosin dit qu’il peut ressentir chaque trace d’encre sur les livres de sa bibliothèque comme des cicatrices sur sa propre peau. Je ne pense pas en arriver là, mais je peux peut-être trouver un mot précis.
    — J’en doute fort, bon amuse-toi bien je vais chercher pendant ce temps. »

    Liesel toujours en place soupira puis se murmura le nom en boucle. Contrôler sa respiration était sûrement le plus difficile, s’il bougeait ne serait-ce qu’un peu, sa concentration s’en trouverait perturbée. Il parvint rapidement à se faire une carte mentale de la bibliothèque du point de vue du papier. Ses sens interagissaient presque avec la tour désormais, si bien qu’il retint son souffle pour ne pas les perturber. La bibliothèque était désormais comme un nouveau membre de son corps. Il suffisait à présent de trouver le mot. Explorant méticuleusement les flux magiques autour de lui, il sentit sur ses épaules une plume aiguisée chatouiller sa peau. Il la fit défiler plus vite, il essayait d’identifier un « W » mais les frissons qu’il ressentait le gênaient.

    Cläre était déjà au deuxième étage. Le livre avait fini par lui rappeler quelque chose. Si elle n’avait plus le titre en tête, elle était certaine de le reconnaître en le voyant. Ainsi, le doigt posé sur les couvertures, elle lisait à voix inaudible les titres des œuvres, en y allant parfois de son petit commentaire sur la qualité des écritures.

    Après une demi-heure qui leur sembla tous les deux très courte, ils s’exclamèrent au même moment « je l’ai ! ». Liesel utilisa son pouvoir pour attirer le livre à lui, heurtant au passage le visage de sa mère qui était en train de le dépoussiérer.


    « Désolé… dit-il en se frottant les épaules pour dissiper les frémissements qu’il sentait encore.
    — Pas de problème, fit Cläre, la main sur le nez, au moins on a le bouquin. Alors, c’est où ?
    — Attends laisse-moi lire… »

    Warjan bien une ancienne de tribu de guérisseurs ayant construit un temple à l’ouest. On y trouverait d’après l’histoire des cristaux magiques capables de soigner tous les maux. Le personnage principal devait le trouver pour aider un roi à soigner sa fille malade dans le but de l’épouser, mais la morale de l’histoire résidait dans le fait que la force ne résout que rarement les problèmes.

    « Ça me revient maintenant, la fin est nulle. À l’ouest tu dis ? Aïe, j’ai pas envie qu’on tombe sur Stella. Je sais pas trop où en est la guerre, depuis l’attaque sur la tour, j’ai comme qui dirait démissionné de mon poste.
    — Attends quoi ?!
    — Bah j’allais pas continuer à faire des rondes alors que mon fils était à moitié mort et mon mari dans le coma. Me fallait bien m’occuper de vous deux. Quant à l’argent, t’en fais pas je te dis. »

    Le fils soupira. Pendant qu’ils préparaient leurs affaires, les Engelwald avaient conclus que l’histoire avait dû ramener pas mal de médecins expérimentés autour de ces ruines et qu’ils pourraient effectivement trouver un remède, sinon un début de réponse.

    Ils se mirent donc en route.

    Liesel ne s’attendait certainement pas à trouver des feuilles de papier abimées en traversant la forêt. Il se souvint de la course qu’il avait perdue face à sa mère et s’en amusa. Malgré les souvenirs tristes qui revenaient parfois, Liesel raconta ses dernières batailles : créer de grand bras élastique pour se propulser en avant, il avait fait la même chose dans la forge de Jöltereg pour échapper aux gardiens de feu. Sa mère quant à elle, râlait de ne pas s’être pas battue sérieusement depuis des lustres. L’attaque contre la résidence l’avait un peu dérouillée, mais le sérieux de cette altercation lui avait déplu. Elle espérait secrètement que les ruines seraient gardées et qu’elle pourrait voir de ses propres yeux les progrès de son fils.

    Le duo ne tarda d’ailleurs pas à voir les premières stèles décorées après quelques heures de marche et quelques pauses. Comme des fleurs sans pétale, des cercles bleus portés par une tige brillaient sur les pierres carrées qui trempaient dans une large rivière.


    ♦
      Ruines des Warjans.


    « On doit y être, dit Cläre. Y’A QUELQU’UN ?!
    — Mais chut ne crie pas comme ça ! C’est peut-être gardé !
    — Bah justement comme ça au moins ils se montrent et peuvent nous prendre par surprise.
    — Je… suppose… »

    Pourtant personne ne vint, alors ils s’enfoncèrent dans les ruines. Ils durent escalader quelques murs abimés, ce qui fut un jeu d’enfant pour Liesel. Cläre quant à elle, commençait à se comporter comme tel. Elle râlait à chaque pas sans signe de vie. Le garçon savait bien que ce n’était qu’un moyen de cacher son inquiétude, puis la mère s’arrêta net tout à coup.

    « Plus un geste, fit-elle en saisissant le manche de sa rapière.
    — Tu as entendu quelque chose ? »

    D’un mouvement rapide, elle glissa sur un rail glacé sur l’eau et disparut derrière un mur.

    « Oh mon dieu… Liesel ! »

    Le garçon accourut et découvrit une scène des plus effrayantes : un homme visiblement armé coiffé d’un étrange poulpe végétal. Les gestes erratiques du soldat suffisaient à faire comprendre qu’il était en danger, et le papier du fils pu découper avec précision le poulpe qui tenta de s’enfuir, avant d’être congelé net par la mère.

    ♦
      Le tentalgule


    « Vous m’avez sauvée la vie, merci ! Quand je pense que j’ai failli me faire avoir par ce truc… Quelle horreur… La chef m’avait pourtant mis en garde.
    — Qu’est-ce que c’est que cette horreur, demanda Cläre en manipulant la pieuvre congelée.
    — Un tentalgule. On les croise dans les forêts près des points d’eau profonde. Ils sont carnivores… Sans vous ma chef aurait trouvé mon cadavre juste ici, merci infiniment…
    — Votre chef ? dit Liesel, vous êtes médecin ?
    — Oui, enfin non pas moi, je ne suis que mercenaire, mais ma patronne oui. Apparemment elle est venue ici pour vérifier une histoire sur une pierre qui peut tout guérir. J’y crois pas trop, mais elle me paye alors ça me va.
    — Pouvons-nous la rencontrer ? »

    Le mercenaire les guida jusqu’au docteur. Sous une petite tente de fortune, habillée d’une petite cape blanche se tenait l’intéressée. Ses cheveux couleur nuit pendaient au-dessus de son livre où elle notait frénétiquement des chiffres et des lettres qui semblaient n’avoir aucun sens. Appuyée sur la table, elle ne sembla même pas entendre le trio arriver.

    « Euh, boss ? Ces deux zigottos viennent de me sauver la vie. Vous devriez faire attention, c’était un tentalgule.
    — J’ai horreur de ses trucs, dit-elle penchée sur son livre, t’as intérêt à t’en occuper si y’en a un qui s’approche de mes recherches. Enchantée, dit-elle en révélant enfin son visage, je m’appelle Adelina Aceri Miltedor Cartane, mais vous pouvez m’appeler docteur Aceri ou même Adelina si ça vous chante. Merci d’avoir sauvé mon mercenaire, c’est une vieille connaissance. Vous êtes ?

    — Cläre Engelwald, je tiens, enfin tenais la bibliothèque pas très loin d’ici. Nous cherchons la pierre de Warjan.
    — Hahaha vous n’êtes pas la seule ! Des centaines de personnes ont essayé de la trouver ! Ils ont tous laissé tombé. Sauf moi, évidemment, Adelina Aceri Miltedor Cartane ne renonce jamais. Face à l’abandon, Adelina dit AdeliNON, telle est ma devise ! »

    Le garde soupira et s’en alla aussitôt. Sûrement avait-il entendu cette devise des dizaines de fois.

    ♦
      Docteur Adelina Aceri blablabla


      Sanctuaire.


    « Pourquoi cherchez-vous la pierre ? Sans vouloir être indiscrète, elle demanda en se tournant vers ses notes.
    — Mon mari est dans le coma. Son état n’évolue pas et nous ne savons plus trop quoi faire…
    — Je vois… Bon, puisque vous n’êtes pas de misérables chasseurs de trésors sans respect, que votre cause est noble, et que je ne souhaite obtenir cette pierre que pour mes recherches, que diriez-vous de collaborer ?
    — Vraiment ?! s’étonna Liesel.
    — Évidemment ! Je vais vous dire ce que je sais, et si vous trouvez la pierre, vous me laissez juste l’observer un moment et je vous l’offre. Mieux ! Je vous accompagne au chevet de votre mari pour examiner la réaction qui se produira. »

    Voilà qui surprit le duo, mais qui les rassura. Le docteur Aceri leur donna alors les renseignements qu’elle avait pu réunir. Comme Liesel et Cläre avaient pu le constater, les signes sur les stèles brillaient, ce qui signifiait qu’un mécanisme magique irriguait toujours celles-ci. D’après le docteur, la pierre était à l’origine de ce mécanisme, afin de faire de la rivière une eau pure et curative. Elle avait d’ailleurs pu observer ses effets contre de petites blessures et en avait conclu que la pierre était toujours là.

    Malheureusement, la porte des ruines étaient fermées et Adelina avait tout tenté les dernières semaines pour l’ouvrir.


    « Je ne pense pas que ces ruines soient truffées de pièges : les Warjans étaient très pacifiques et le temple était un lieu sacré. Personne n’aurait osé mettre les pieds à l’intérieur à moins d’être le sage ou son escorte, donc c’est selon moi relativement sûr… Mais cette maudite porte refuse de s’ouvrir !
    — Montrez-la nous, fit Cläre, on va vous dégager le passage en deux deux. »

    En face de la tente, sous des arbres épais qui bloquaient la vue, une grande porte de pierre gravée des symboles qui ornaient déjà les ruines. Lourde, comme figée dans le temps, il suffisait d’y poser le regard pour comprendre que la force brute ne l’ouvrirait pas.

    « Je pense que le seul moyen de l’ouvrir c’est en offrant à la porte de la magie curative. Le problème, comme vous le savez, c’est que ça fait belle lurette que personne ne sait s’en servir, ou il nous faudrait des mois pour trouver un guérisseur…
    — Je peux peut-être essayer… »

    Liesel sortit de sa poche le livre d’Asgard. Il s’en était déjà servi pour atténuer des brûlures et des blessures alors peut-être qu’il ouvrirait la porte. Il déballa des pages une petite bandelette de papier qui forma un cercle plat. Il le posa ensuite contre la porte, qui scintilla au contact de celui-ci.

    « Quoi, vous pouvez soigner ?!
    — Pas vraiment, disons qu’il s’agit juste d’une puissante relique antique.
    — Liesel, je n’y avais pas pensé ! »

    La mère sautilla en voyant le passage se libérer dans un énorme bruit sourd. Le docteur Aceri quant à elle resta bouche bée. Elle allait enfin pouvoir pénétrer les ruines, et son garde du corps s’attelait déjà à réunir ses affaires.

    « A-Attendez ! Je dois tout noter, où est mon cahier, ah, mince, petit ta magie, explique-moi tout ! N’entrez pas sans moi j’arrive je dois juste… mince, où il est mon…
    — Il est là, boss, pointa le mercenaire.
    — Ah oui, merci, euh… Tu resteras là pour monter la garde. Maintenant que la porte est ouverte, je n’ai pas envie que d’autres scientifiques, ou pire, des chasseurs de trésors, viennent nous mettre des bâtons dans les roues ! Sept mois de recherche aaah… Si j’avais su je me serai préparée… »


    Après un brouhaha digne d’une bataille sanglante, Adelina était enfin prête à entrer dans les ruines. Le groupe marcha dans un couloir sombre. L’odeur de moisissure attaquait presque les poumons de ceux qui pénétraient dans ce lieu interdit. Au fond du couloir, une lueur qui se faisait plus vive à chaque pas.

    Devant leurs yeux se déroula un tapis de dalles dorées. L’air frais chargé d’humidité était des plus agréables, et la lumière du soleil se refléta dans les cristaux qui flottaient, tenus en l’air par des rais lumineux qui émanaient de jeux de miroirs. Les craquements des rouages qui irriguaient le lac central couvrit presque les sons d’émerveillement du trio.


    ♦
      Sanctuaire des Warjans.


    « Ca alors…
    — Attendez, fit Cläre, terre à terre, vous n’auriez pas pu passer par-dessus ? Y’a plus aucun arbre il suffisait d’escalader la porte et vous y étiez.
    — Nous y avons pensé, mais vu du ciel cet endroit est recouvert de verdure… Je suppose que ces cristaux et ces miroirs servent à projeter un genre de mirage. Voici donc la technologie des Warjans. »

    Liesel s’approcha de l’eau et y trempa un doigt. Il hésita à la boire, mais la tentation était forte. Elle semblait si pure.

    « Sois prudent, petit ! J’ai dit qu’il n’y avait pas de piège, mais ça ne veut pas dire qu’il n’y a aucun danger. Ce n’était qu’une hypothèse… Je doute que cet endroit ne soit malgré tout pas gardé… Tout est encore en état de marche ! Je dois prendre des notes ! »

    Pendant que la scientifique désorganisée éparpillait ses notes sur la plateforme en fouillant son sac, la mère approcha de son fils.

    « Alors à ton avis, où est la pierre ?
    — Mmh… Elle a dit que c’était un lieu sacré, alors il doit bien y avoir une salle ou un autel pour prier. Elle se trouve sûrement là-bas. Ou alors, la pierre est au cœur des mécanismes… L’eau est tellement claire, il y a quelque chose de magique et je ne serais pas étonné que ça vienne de ce qu’on cherche.
    — Et pourquoi pas les deux ?
    — Dans ce cas, essayons de remonter le courant de l’eau. »

    Ainsi à l’aide d’un pont de papier, ils passèrent à la plateforme suivante, longeant du regard les aqueducs pour essayer d’en déterminer la source. Tout indiquait que le cœur du temple était sous le plus haut leurre.

    La scientifique pu progresser sans effort grâce à la magie de ses camarades. Elle ralentit cependant le groupe, puisqu’elle s’arrêtait toutes les deux minutes pour prélever des échantillons d’eau et de roche. Elle failli même décrocher l’un des cristaux qui flottaient mais Cläre l’en empêcha : il valait mieux tout garder en ordre le temps de trouver l’objet recherché.

    De plateforme en plateforme, ils arrivèrent enfin devant un grand bassin où convergeaient tous les aqueducs.


    « On est à la source, fit Liesel, mais…
    — On dirait qu’il n’y a pas de porte d’entrée.
    — Ouais. Regarde, des bancs et un autel, je pense que c’est là qu’ils priaient, mais alors la pierre…
    — J’ai bien envie de piquer une tête, fit Cläre en s’étirant.
    — Elle est sûrement en dessous mais… mon papier… »

    Une liasse de feuille dans la main, Liesel regarda autour de lui pour trouver un moyen de passer sous l’eau sans les abimer.

    « Bon je vais plonger et je te dis si je trouve quelque chose, attends-moi là. »

    Ainsi la mère disparut dans l’eau par un gracieux plongeon. Cläre s’enfonça au cœur de la source, vers une petite lumière qu’elle pouvait percevoir au fond de l’eau. Un étrange courant semblait l’emporter vers le haut, mais elle parvint à s’en défaire à grand renfort de brasse. Quelle ne fut pas sa surprise quand une bouffée d’air frais l’atteignit et qu’elle s’écrasa sur le sol. Au-dessus d’elle, l’eau, suspendue, maintenue en l’air comme par miracle au-dessus de la pièce où elle se trouvait.

    Seuls quelques filets aquatiques s’écoulaient le long des murs dans le bassin qui entourait l’îlot central. L’artéfact recherché le surplombait, brillant de mille feux. Se teinte rougeâtre donnait au décor une ambiance chaleureuse inattendue et Cläre resta figée un instant pour admirer les ondulations de cette lumière.


    « Voilà donc la pierre… Eyrick, on va pouvoir te guérir… Bon. Comment je vais faire entrer Liesel… »

    Elle avait beau chercher une entrée, mais elle ne trouva rien. Elle eut alors une idée.

    ♦
      Salle sacrée.


    ---


    À la surface, ils commençaient à s’impatienter.


    « Dîtes, vous pouvez me parler de votre magie curative ? Vous savez, quand vous avez ouvert la porte.
    — Euh… Cet artéfact est disons un trésor de ma famille. Je ne peux pas vous en dire plus à moins que… Je vous le montre et vous laisse même y toucher, mais il faudra y mettre le prix. Pas que je courre après l’argent en temps normal, mais notre foyer a été détruit et nous n’avons plus grand-chose pour subsister…
    — Oh si ce n’est que ça, dites-moi une somme et vous l’aurez. »

    Alors qu’elle leva son nez de son croquis pour observer le grand bassin, elle vit une lueur s’intensifier au fond de l’eau. Tout à coup, un geyser glacé s’éleva du cœur de la source et l’étang, troué, tournait comme un petit maelstrom autour d’un tube de neige.

    « Ah, je crois qu’elle a trouvé quelque chose !
    — C’est votre mère qui a fait ça ?! »

    Sans répondre, Liesel profita du passage pour sauter les yeux fermés, rejoignant ainsi sa mère sans se mouiller. Lorsque le tunnel se referma Cläre retint son souffle, de peur de briser l’équilibre de cette même eau qui servait de plafond. Mais celle-ci resta suspendue, ainsi que les vagues inversées qui donnaient à la salle une ambiance pesante.

    « Ouah… C’est donc ça la pierre, fit le garçon en voyant le grand rocher lumineux.
    — Oui. Comment on va le sortir d’ici, c’est une autre histoire.
    — Je devrais pouvoir le faire si tu ouvres un passage plus grand, laisse-moi juste poser quelques feuilles. »

    Liesel s’avança sur un pont artificiel et toucha la pierre imprudemment. La salle se mit à trembler et les vagues éclaboussaient maintenant le duo quand elles s’entre choquaient.

      Gardien.


    « Liesel ! Bon sang fais attention !
    — Mais j’ai rien fait ! »

    Le plafond devenait de plus en plus menaçant alors que le séisme rythmé s’intensifiait de manière inquiétante.

    « Toute cette eau va nous tomber sur la tête ! » cria Cläre, qui réunit ses forces pour la geler avant qu’elle n’écrase le groupe. Prête à jeter son sort, elle sentit Liesel projeté en arrière contre elle. Interrompue, son fils dans les bras, elle vit les tonnes d’eau quitter leur lévitation.

    « Pas ici… TITANS KEHLE ! »

    Elle frappa son poing contre le sol et un flocon gigantesque se grava à ses pieds, déployant ses branches le long des murs en un instant. Un pilier de neige surgit du sol et pénétra la masse liquide. La température du sanctuaire chuta aussitôt, figeant la menace au-dessus de Cläre, qui brandissait son autre main en l’air. Les remous d’eau et de neiges se confondirent dans un tumulte gracieux décoré de galeries d’air, seuls passage de la lumière naturelle. Surplombée d’un épais couvercle de neige troué, Cläre prit un instant pour souffler.

    Devant elle se décrocha du mur un golem fait de joyaux, celui-là même qui venait de blesser son fils.


    « On doit sortir d’ici ! »

    Elle dégaina sa rapière et hocha la tête vers Liesel. Le garçon s’échappa aussitôt sur ses marches organiques à travers les passages que lui avait laissés sa mère. Cläre fondit sur son adversaire pour l’occuper, esquivant agilement les coups de poings qu’il tentait de lui infliger. Dehors, le docteur Aceri était bouche bée.

    « Qu’est-ce que… Qu’avez-vous fait ?! Le sanctuaire ! Vous n’avez pas conscience de l-AH ! »

    Le corps de Cläre vola à travers le bassin glacé, dissipant son sort. Toute l’eau s’écrasa sur la salle sacrée désormais vide, alors que le golem l’avait quittée en propulsant Cläre dans les airs. La mère reprit aussitôt ses esprits et glissa sur un rail de papier que lui offrit son fils.

    « Pas de piège hein, râla le fils.
    — Je vous ai dit que ce n’était qu’une théorie ! Mais regardez plutôt les dégâts que vous avez causés !
    — On en parlera après ! »

    ♦
      Le gardien


    Liesel et Adelina étaient d’un côté du bassin et Cläre de l’autre. Pourtant le golem atterrit du côté du garçon et leva aussitôt son poing vers celui-ci. La scientifique poussa un cri aigu en voyant sa dernière heure arriver, mais un monstre de papier similaire à l’adversaire bloqua son attaque.

    « Ugh… Il est fort…
    — Biß des Sterns ! »

    Trois flocons tranchants virevoltèrent vers la peau rocheuse de l’ennemi, suivi par des shurikens de papiers, mais aucune des deux attaques ne toucha l’adversaire.

    « Il est trop résistant, grinça Liesel qui peinait à maintenant sa marionnette géante, il a forcément un point faible.
    — La partie faite de cristal est probablement presque indestructible. Vous pourriez peut-être fragiliser le reste, mais je doute que ça m-AH ! »

    Le papier céda, et Liesel sauta en arrière pour éviter la fureur du golem. La scientifique partit en courant se réfugier derrière un rocher.

    « Résistant ou pas, je vais lui faire la peau. » Cläre enroba son épée d’énergie et fondit par-dessus le bassin en glissant sur sa neige. Elle porta un estoc terrible enchaîné par plusieurs tailles qui ne firent qu’abimer les muscles de la combattante. Elle tenta le tout pour le tout en invoquant une énorme boule de neige solide qui s’écrasa sur le monstre. Dans sa prison de glace, il resta immobile un instant.

    La scientifique, éblouie par le reflet du soleil dans la neige, eut une idée brillante. Mais l’adversaire se défit de ses liens et se rua vers Cläre. Un mur de papier apparut pour bloquer son poing, laissant à la mère une ouverture pour tenter d’entailler la bête, mais rien n’y faisait.


    « Eh ! Eh ! J’ai une idée ! cria la scientifique derrière son rocher, les mirages !
    — Quoi les mirages ? s’agaça Cläre.
    — Les cristaux sur son corps, si vous les surchargez d’énergie ils exploseront ! Pour ça utilisez la neige pour faire un jeu de miroowAAAAH ! »

    L’énorme pierre que le gardien avait jetée sur le docteur fut bloquée par une grande main de papier. Liesel tomba cependant à genoux, à bout de souffle. Bloquer les attaques d’une telle force était épuisant. Voyant l’une de ses proies affaiblies, le monstre en fit sa première cible et se dirigea vers lui.

    « Je t’interdis ! »

    Glissant sur le sol comme sur une patinoire de brique, Cläre prit le coup à la place de son fils et resta immobile, toute sa force contre celle du golem pour laisser à Liesel le temps de se relever.

    « J’ai combattu… des meutes… de grizzlis… SEULE ! »

    Cläre fit l’impossible et renversa son adversaire sur le dos, devant l’admiration de Liesel. Mais elle ne s’arrêta pas là : le ciel bleu se couvrit d’une fourrure sombre et la température devint d’un froid mordant. Debout face à son adversaire acculé, elle leva sa lame et cria le nom de son sort qui sonna comme un hurlement lupin.

    « Blütenweiß Albtraum ! »

    Un blizzard digne des légendes icebergeoises se leva et s’enroula autour de son invocatrice. La silhouette de la mère disparut dans l’épais brouillard, ne laissant qu’une aura blafarde opaline sans forme. Les traits se dessinèrent, la neige prit consistance, comme animée de vie, et d’un ultime mouvement, la Leoni déferla les crocs de sa terre natale sur sa proie. Sa rapière logée dans le cœur de la bête, tous deux étaient immobiles sous la neige qui tombait paisiblement. Elle avait gagné.

    « Ca alors… Je ne te savais pas si puissante…
    — J’ai failli à mon serment de protéger Bosco en quittant l’armée. J’ai juré de protéger ma famille quel qu’en soit le prix, et je ne fléchirai devant rien pour honorer celui-là. »

    Pourtant, la masse rocheuse se remit à bouger aussitôt.

    « Quoi ?! Il est encore vivant après ça ?!
    — Je vois, commenta le docteur Aceri, les Warjans étaient maître de la guérisson, je ne serais pas étonnée de voir que leur gardien soit aussi un maître dans ce domaine.
    — Oh non, je suis à bout de force, déprima la combattante.
    — T’inquiète maman, nous avons tout préparé ! Docteur Aceri, c’est à vous ! »

    La femme jusqu’alors cachée se leva et brandit un cristal mirage. Le faisceau de lumière qu’elle intercepta se dévia, visant d’autres cristaux tenus par des sculptures de papiers. Les lumières se croisèrent dans une forme géométrique précise, et au cœur du pentacle, là où toutes les lignes convergeaient, se tenait le golem inerte.

    Les pierres qui ornaient le gardien se mirent à saturer de couleur et la lumière qu’elles émirent était assez forte pour brûler les rétines de quiconque ouvrait les yeux. Conformément au plan, le trop plein d’énergie devint rapidement instable. En entendant le bruit strident que créait cette concentration, le trio courut se mettre à l’abri derrière des ruines et la détonation qui suivit les rendit sourds pendant quelques secondes.


    « Il est mort ?
    — Assurément, fit Adelina en ajustant ses lunettes. La voie est libre.
    — Alors mon sort n’a servi à rien… se lamenta l’épéiste.
    — Si vous ne l’aviez pas immobilisé nous n’aurions jamais pu disposer les rayons. Merci ! Maintenant, à nous les secrets des Warj-… OH NON !!! »

      Déçue.


    Au fond de ce qui était maintenant un cratère reposait les fragments de l’objet tant convoité. Les mécanismes des ruines ne tardèrent pas à s’éteindre et la lumière qu’elle émettait se dissipa lentement. La magie qui émanait de la pierre des Warjan disparut et avec elle tout espoir de sauver Eyrick.

    « Vous avez… vous avez détruit la pierre des Warjans… Des mois de recherche pour… pour rien… Quel irrespect ! Savez-vous ce que ce savoir m’a coûté ?! Le tarif de ce bon à rien de mercenaire ?! Dans ce lieu rempli d’humidité et de moisissure alors que je ne supporte pas ça, vous…
    — Non attendez, interrompit Cläre, le gardien a laissé un fragment.
    — Alors tu as bel et bien réussi à l’entailler avec ton attaque !
    — Encore heureux ! Je suis séchée maintenant, plus jamais de sort comme ça à l’improviste… »

    Malgré tous leurs efforts, l’équipe ne put garder que le fragment en guise de lot de consolation. Le mercenaire, inquiété par la détonation du golem, s’était précipité pour aider le groupe et dut supporter les complaintes du docteur Aceri sur le chemin du retour. Il était maintenant temps de retourner au chevet d’Eyrick.

    ♦
      Le fragment


    « Pas si vite ! Le fragment est à moi !
    — Mais je croyais-
    — Oui, je vous le donnerai, mais pas tant que j’ai fini mes recherches dessus. Ne vous en faites pas, je ne l’abimerai pas, de toute façon s’il est dans le coma, votre mari peut bien attendre un jour ou deux pas vrai ?
    — Quelle ingrate, grogna Cläre.
    — Vous n’avez pas le choix, vous avez une dette envers moi. Enfin bon, je vais essayer de faire vite… »

    Ainsi le duo fut condamné à attendre. Ils proposèrent tout de même à Adelina Aceri Miltedor Cartage de venir dans la résidence Engelwald afin d’être au calme. Enfin, si l’on oubliait les charpentiers qui hurlaient à longueur de journée et les bruits de marteaux dès l’aube.


    Fiche de RP (c) Miss Yellow

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