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    Après l'Hiver






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    Après l'Hiver par Liesel Engelwald Mer 19 Juil 2017, 19:48
    Liesel Engelwald
    Liesel Engelwald
    Gardien du Savoir







    Après l'Hiver 170718082701925689
    Après l’hiver

    Partie I



     Les Échuirs


    « … et leurs bois évoluent au fil des saisons. Au printemps ils fleurissent et les oiseaux viennent s’y poser. Quand l’automne arrive, les feuilles jaunissent et tombent, puis vient l’hiver. Ils s’allongent dans la neige, leurs bois nus, et se laissent mourir dans le froid.
    — Ils ne vivent qu’un an ?
    — Parfois moins, parfois plus. Les Échuirs suivent leur propre rythme, ils peuvent donc vivre la même saison plusieurs années. Leur chasse est interdite car il y en a de moins en moins et que la plupart des habitants les considèrent comme des bêtes sacrées.
    — J’aimerais voir ces Échuirs pour de vrai… Sirius, tu peux m’y emmener ?
    — Bien sûr. Ils vivent dans la forêt d’Automna, à Pergrande.
    — C’est là où se trouvent Ysaline et les autres ! »

    Cette conversation sur cette espèce nommée Échuir était née du sujet Alkael. Nous parlions des animaux magiques, présents en particulier sur Sin ou dans des endroits éloignés des zones civiles, comme les grottes, les ruines ou autre. Nous nous étions arrêtés sur cette sorte d’élan aux propriétés assez poétiques.

    Je partis donc pour Automna, seul, afin de voir de mes propres yeux cet animal. Je passai le portail pour arriver dans un petit village fait de cabanes, sous des arbres rougeoyants et une pluie de feuilles orangées. Un bâtiment semblable à une petite église recevait toute la lumière du soleil couchant.


    Chapelle d’Érable:

    Je fus rapidement repéré par Yolagaar, dont je ne reconnus que le cri puisque son plumage restait invisible entre les feuilles qui semblaient brûler.

    « Hey, Liesel ! Qu’est-ce que tu fais là ? lança une voix que j’identifiai immédiatement.
    — Salut Ysa, je viens voir les Échuirs ! »

    Ysaline avait l’air contente de me revoir, si bien qu’elle m’enlaça, les yeux fermés. C’était rare, pourtant de moins en moins. Elle était inquiète pour Ilhem, sa blessure ne s’améliorait pas ; de plus, elle n’avait pas parlé à ses deux compagnons de la mésaventure à Iceberg. Elle devait s’en vouloir…

    Elle m’invita dans une des cabanes, où je fus accueilli par une vieille dame très gentille qui connaissait apparemment Ilhem. Ce dernier était dans une pièce voisine, alité, en train de discuter avec sa compagne.


    « Bonjour ! déclamai-je pour signaler ma présence.
    — Oh, tu nous rends visite ! s’exclama Irina.
    — Tss… J’aurais préféré que tu ne me voies pas dans cet état. Vise un peu… »

    La tête brûlée leva sa couverture et montra une marque de morsure sur la jambe. Un contour noir se dessinait sur la plaie, qui s’estompait dans un mauve noirâtre sur toute la longueur du tibia.

    « Heu… Je ne suis pas médecin, mais je ne crois pas que ces couleurs soient normales.
    — Oui… J’ai beau tenter de la soigner, de lever le sortilège, il y a quelque chose qui m’en empêche.
    — Bon, au moins ça ne fait pas trop mal…
    — Idiot ! lança Ysaline, énervée, si tu ne t’étais pas jeté devant moi pour me protéger, tu aurais pu marcher !
    — Tu passes ton temps à me le dire, mais c’était justement pour te protéger. »

    Je me souvins de notre combat contre Ybin, durant lequel Xylia s’était de la même sorte sacrifiée pour la sauver… À bien y réfléchir, elle n’avait pas la vie facile : son sourire devait surtout cacher une profonde culpabilité contre laquelle elle ne pouvait rien.

    La vieille dame entra dans la chambre, armée d’un plateau de biscuits tout juste sorti du four. Je ne compris que trop tard qu’en venant ici, j’étais tombé dans le vicieux piège de cette mamie qui ne demandait qu’à trouver une victime à qui raconter ses souvenirs de jeunesse.

    Elle connaissait Ilhem depuis son plus jeune âge, originaire du même village, ici-même. Il n’était pas très grand, car il se trouvait juste à côté du Temple de l’Automne, un sanctuaire bâti des siècles auparavant.

     Histoire


    Une grande tempête frappa Iceberg et toute la partie nord du continent fut soumise au froid pendant plusieurs semaines, si bien que la faune et la flore s’en trouvèrent altérées. Un puissant mage avait décidé, afin de sauver les Échuirs, de piéger cette forêt dans un automne éternel, pour que jamais l’hiver d’Iceberg ne puisse faire disparaître cette espèce mystique.


    « Tout cela s’est passé il y a des siècles, évidemment, ponctua la mamie, mais c’était l’histoire préférée d’Ilhem quand il était petit. J’ai été sa nounou pendant des années, jusqu’à ce qu’il soit assez grand pour se battre avec tous les jeunes du village. J’étais plus une infirmière, pendant ces temps-là…
    — Mamé !
    — Alors comme ça le petit Ilhem bagarreur rentrait toujours blessé… moquai-je.
    — C’est faux ! »

    La doyenne se surprit à rire abondement, se remémorant avec nostalgie cette époque où la vie dans le village était plus un brouahah joyeux qu’un silence apaisant.

    « Pourquoi vouloir sauver les Échuirs ? Cette espèce est-elle si particulière ?
    — Ils sont rares, ils ont souvent peur des humains. Tu es venu les voir, pas vrai ? Tu en as pour des jours… soupira Ysaline. Il nous a fallu plusieurs heures pour qu’Irinia voie une ombre, et je reste persuadée que c’était celle d’un écureuil. Un chasseur nous a dit qu’ils se regroupaient dans une clairière et qu’ils n’en sortaient que rarement. J’imagine que si l’endroit regorge de magie, les bestioles aussi…
    — On raconte qu’un jour, ils se réunirent pour sauver la forêt d’un grand incendie qui, s’il n’avait pas été arrêté, aurait ravagé des dizaines de villages. »

    Plus j’en apprenais sur eux, plus je voulais les rencontrer. Ils ne pouvaient pas être si rares que ça… La troupe préféra cependant rester avec Ilhem, dont la situation était en effet inquiétante, d’autant plus que sa plaie avait empiré en seulement quelques heures aujourd’hui.


    Je partis en direction de la forêt afin de rencontrer ces élans magiques. Avec Sirius, je pourrais les trouver en un rien de temps.

    Je suivis tout d’abord le sentier jonché de feuilles sèches, décoré de bancs et de petits lampadaires. Le bois avait l’air en grande partie domestiqué. Au loin, derrière les arbres, on apercevait une colonne dorée fendre l’horizon, arborant un feuillage orangé. Un étrange végétal, au pied duquel se tenait probablement le Temple de l’Automne.

    Ce n’était cependant pas mon objectif. Sirius mit un moment à les trouver, isolés dans une clairière, au plus profond de la forêt. Là où même les chasseurs n’osaient pas s’aventurer de peur de tomber sur des créatures magiques bien plus hostiles.

    Je m’enfonçai dans la lumière de plus en plus tamisée par l’abondance des branches. Ysaline avait probablement raison, l’accès à leur repère était dangereux, mais depuis que mon bras avait guéri, je n’avais plus peur de rien.

    Après une grande demi-heure de marche, l’ombre épaisse s’éclaira petit à petit quand j’arrivai près d’une large clairière, à l’air empreint de magie. Les couleurs d’automne complétaient l’herbe fleurie du printemps, sous un soleil brûlant d’où tombait une neige glacée. Cet endroit mystique était sans aucun doute leur repère, car on y trouvait leur cycle de vie.

    Je m’étonnai d’être arrivé ici sans encombre, cet endroit était dit protégé. Mais je ne tardai pas à comprendre que cette clairière était plus un leurre destiné à attirer les victimes qu’à recueillir les Échuirs. Tout autour de moi, d’énormes champignons mauve et bleus surgirent lentement de la terre, depuis les arbres sombres.


    « Qu’est-ce que c’est que ces horreurs !?
    — Gardenc Fungi, créatures de type champignon, informa Sirius machinalement, transformés par la magie. Généralement pacifiques… à moins que quelqu’un vienne les déranger.
    — Mais j’ai rien fait !
    — Tu rentres sur leur territoire et c’est suffisant. Tu devrais pouvoir t’en charger sans problème. Si ça peut te rassurer : nombreux sont les cas où un Gardenc Fugus a par accident empoisonné une source d’eau. Ce n’est pas mortel, mais les maux de ventre qui s’en suivent sont terribles… pourvu qu’on soit assez résistants.
    — Donc les enfants et les personnes âgées courent un risque.
    — Exactement. Si tu veux faire une farce à Mugetsu, t’as qu’à les combattre et revenir couvert de leurs spores. Il n’aura pas d’autres choix que de partir à la chasse aux champignons pour débusquer les petits qui auront poussé dans les jardins, ce sera su-per drôle.
    — Comment peut-il te supporter… »

     La chasse aux « bolaids »


    Je dégainai mes armes à la suite de cette conversation qui ne dura pas plus d’une seconde et fixai les hommes fripés et moisis s’avancer doucement vers moi. À l’abri du soleil sous leur chapeau coloré, leur visage ressemblait beaucoup à celui d’un vieux villageois désapprouvant ma venue sur ses terres.

    Un Gardienc Fungus:

    « Ah parce qu’en plus, ça grogne ? »

    Le nuage de papier qui flottait autour de moi finit dans le corps d’un des monstres, tandis que ma dague se trouva logé dans celui d’un autre. Mes deux victimes, presque aussi grande que moi, s’écroulèrent et s’évaporèrent dans un nuage orangé.

    Les cinq autres réagirent à ces spores et sentirent la menace qui pesait sur eux.


    « Ah oui j’avais oublié, ricanna Sirius, si l’un meurt, les autres deviennent plus fort. Booooonne chaaaance. »

    Alors il me fallait tous les tuer d’un coup.

    Ils étaient tous devenus plus agiles, à tel point qu’un d’eux se jeta sur moi. Rapide, je formai une barre solide qui, à la manière d’une batte, fit voler le moche contre un arbre.


    « Ils sont super léger ces machins en fait… »

    Je compris que j’avais tort lorsque deux des quatre qui restaient s’étaient accrochés à mon dos ! Ils expièrent par les pores qui semblaient être leur bouche un gaz toxique qui brûla ma peau. Un cerceau blanc vint m’entourer et se resserra autour des deux monstre qui furent déchiquetés et s’évadèrent en fumée orange.

    « Tss…ça fait mal… J’espère qu’Irina pourra soigner ça… »

    Les deux restants, bien plus rapides, dansaient en rythme, probablement dans le but de m’intimider, même si cela avait plutôt l’effet inverse. Je m’élançai vers le premier alors que le second explosa, suivit de celui que je visais. Je ne les avais pourtant pas touchés… Une voix féminine surgit de nulle part.

    « Rah ! Tu as fait du bruit, les Échuirs sont partis… »

     Une alliée ?


    « Qui est là ? » murmurai-je.

    Une silhouette féminine apparut, translucide, puis se para de couleurs, révélant alors une jeune adulte enjouée. Elle recoiffa ses cheveux platine puis épousseta sa grande cape.

    « Raaaaah… Je m’appelle Helen Brewster. Helen, avec le H expiré, c’est très important ! Hah ! Hah ! Comme ça. Et toi ? »

    Sur quel genre d’oiseau étais-je encore tombé ?

    « Liesel, ça s’écrit IE mais on prononce bien I. C’est très important aussi… je suppose. Qu’est-ce que vous faites ici ?
    — On est au repère des Échuirs, donc y’a pas cinquante mille raisons. J’imagine que tu es là pour la même chose.
    — J’étais curieux, je voulais en voir un… hésitai-je.
    — Ah, bah t’es pas là pour la même chose alors, elle constata en levant un sourcil. Ecoute, mon petit Liesel, j’imagine que tu as entendu parler du Malesla. Bah oui, sinon ça voudrait que t-…
    — Non. Qu’est-ce que c’est ?
    — Mais sur quel genre d’oiseau suis-je encore tombée ? On va tout reprendre. Tu es sur Humanitas, un continent qu-…
    — J-J’ai les bases, merci !
    — C’était une plaisanterie ! s’exclama-t-elle en écartant les bras devant mon silence. Bon, c’est pas grave. Au Temple de l’Automne se trouve un ordre religieux, avec encore le nom « automne » dedans, qui lutte contre le Malesla. C’est quoi, me diras-tu. C’est une maladie, plutôt un maléfice, qui frappe certains blessés. Incurable, insoignable, inguérissable, on cherche un moyen de pallier ce problème, à défaut, de protéger la population. »

    Et si c’était précisément ce mal dont était atteint Ilhem ? Cela expliquerait pourquoi Irina n’arrivait pas à le soigner, mais cela voulait aussi dire que…

    « Et qu’arrive-t-il aux gens atteints de ce Malesla ?
    — Ah beh ils meurent. »

    J’écarquillai les yeux devant tant de bonne humeur pour un sujet aussi morbide… D’autant plus qu’Ilhem en était potentiellement atteint.

    « Une amie à moi en est atteinte, ses jours sont comptés, mais notre ordre va trouver un moyen. Les Échuis sont peut-être la clé. Leur magie protège la forêt et ouvre des domaines auxquels les humains n’ont pas accès. J’étais venue demander leur aide, mais si tu les as fait fuir, ils ne sont pas prêts de pointer leur museau.
    — Un de mes camarades a une blessure étrange… vous pourriez venir et me dire s’il est lui aussi atteint ?
    — Bien sûr, c’est mon rôle. »

    Elle prit une voix sérieuse en me demandant de le guider jusqu’à lui. En traversant la forêt à nouveau, je portais attention à ses vêtements de facture très noble. Une cape de velours bleu pendait depuis ses épaules, sur laquelle était brodée une grande feuille. Son sabre était finement forgé, mon œil resta un long moment posé sur sa garde.

    Helen Brewster:

     Diagnostic


    Nous arrivâmes au village bien rapidement, le trajet m’avait semblé plus court au retour. Je m’impatientais de savoir si Ilhem allait réellement y passer. Si c’était le cas, Ysaline s’en voudrait pour toujours et Irina… Je n’osais même pas imaginer ce que deviendrait Irina si Ilhem mourrait. Quant à moi…

    Enfin, il n’y avait aucune raison qu’il meure comme ça. Ce genre d’idiot ne mourrait pas sur une blessure pareille. Non, il était du genre à se sacrifier pour sauver Irina, pas laisser sa vie à un vieux rat l’ayant mordu.

    La vieille dame nous invita à entrer et s’étonna de constater qu’un membre de l’église venait leur rendre visite.


    « Mon petit Ilhem est blessé, vous ne croyez tout de même pas qu’il souffre du Malesla ? Si c’était le cas, je…
    — Détendez-vous, je vais l’examiner. L’ordre cherche un moyen d’arrêter cette maladie, c’est notre priorité. La cofondatrice, qui est également mon amie, n’a que quelques jours, elle aussi. »

    Helen entra dans la chambre et salua les occupants. Ilhem dormait, pourtant Irina était à son chevet, de même qu’Ysaline, qui retira ses lunettes et leva le nez de son livre quand elle nous vit entrer.

    La dame se présenta et informa la raison de sa venue. Irina souleva la couverture du jeune homme, révélant la plaie dont la noirceur s’était encore répandue.


    « Je vois… C’est un cas grave. Depuis combien de temps est-il comme cela ?
    — Cela va bientôt faire un mois qu’il est dans cet état. La situation a bien empiré, récemment.
    — Un mois !? Vous êtes sûre ? Ce n’est pas normal. La période d’incubation est assez longue, mais dès que les symptômes apparaissent, il ne reste qu’une, voire deux semaines pour les plus résistants.
    — Comment !? s’insurgea l’amoureuse.
    — Quoi !? Ça veut dire qu’il va…
    — Je ne sais pas, à vrai dire. En temps normal, le Malesla agit vite : il faut quelques heures pour tout le corps devienne noir, puis il vire au blanc. Lorsque la peau devient parfaitement blanche, la victime a tendance à devenir sénile. Beaucoup de notre ordre pensent qu’elle meurt peu après, pourtant ses signes vitaux sont toujours là.
    — Vous avez émis l’hypothèse d’une malédiction…
    — C’est en effet ce qui expliquerait le mieux pourquoi les corps se baladent même morts. »

    Irina se mit à pleurer en serrant Ilhem dans ses bras, tandis qu’Ysaline s’effondra sur sa chaise, le regard vide.

    « C’est de ma faute… Si j’avais été plus attentive pendant ce combat…
    — Ne dis pas ça, murmura Irina, sans en être convaincue.
    — Mais pourquoi est-ce si long.. ? »

    Helen médita en observant la pièce. Yolagaar se posa près d’Ilhem, piquant sa joue avec son bec pour le réveiller. La tête brûlée ne comprit pas pourquoi tout ce monde autour de lui et s’inquiéta des pleurs d’Irina.

    La situation lui fut expliquée calmement et sa réaction fut des plus paisibles.


    « Donc, commença-t-il difficilement, je vais finir en zombie, c’est ça ? Haha… »

    Il rit faussement, tout le monde put voir que ce rire était faux, quoi de plus normal.

    « Je dois en informer l’ordre. C’est la première fois qu’une personne tient aussi longtemps, nous tenons peut-être la solution pour dissiper ce maléfice ! »

    Helen partit en trombe, laissant la tension redescendre. Un lourd silence s’installa dans la pièce, car personne n’osait parler. Même la nounou d’Ilhem avait perdu son entrain.

    Je voulais partir et rentrer à la guilde. Ysaline avait peut-être raison, à chaque fois que je venais, je causais malheur. Même si au final, je n’y étais pour rien, une part de moi se sentait coupable d’être arrivé pile à ce moment-là.

    La nuit tomba rapidement, après ce crépuscule qui avait duré une éternité. La pleine lune éclairait, par les carreaux de la fenêtre, le coin du mur. Coin sur lequel nous posions tous notre regard, incapables de nous endormir après ces nouvelles.

    Ilhem finit par parler.


    « Fallait bien que ça m’arrive un jour, de toute façon, à force de jouer le casse-cou.
    — Tais-toi ! Je refuse de te laisser mourir, attabla Irina avec une volonté telle qu’on l’aurait cru plier le destin à ce vœu.
    — Ne te mets pas en danger pour moi. Et quand tout sera fini… sois libre.
    — Tu m’as sauvée… Tu m’as libérée de mon passé. Je suis déjà libre.
    — Haha, j’avais parfois l’impression d’être ton ravisseur…
    — Si ce maléfice ne veut pas que tu sois à moi, alors je t’arracherais moi-même de ses mains, autant de fois qu’il le faudra pour qu’il abandonne. Jamais je ne pourrai t’abandonner. »

    Irina était déterminée… trop. Si elle échouait, je ne pouvais qu’imaginer la suite. Elle avait une telle conviction en ce qu’elle voulait faire que tout sembla possible par ses mots. Je m’assis sur le lit et commenta que je participerais à le sauver. Pour chaque maléfice, il y avait une origine, une source. Il suffisait de la trouver et de l’anéantir. Pallier les symptômes aiderait peut-être l’ordre à endiguer les victimes, mais il y en aurait toujours.

    « Je suis désolée… tout est de ma faute… chuchota Ysaline. J’aurais dû mourir à ta place. Je n’aurais même jamais dû naître…
    — Hé ! Ne dis pas ça ! protesta le jeune homme qui s’efforçait de paraître extrêmement positif.
    — Je suis égoïste… je blesse les gens qui tiennent à moi, je ne vaux rien…
    — Arrête un peu ! Tu crois qu’on aurait pas souffert si tu t’étais blessée comme ça ?
    — Pas autant qu’Irina actuellement ! Avoue-le, Irina ! Tu préfèrerais me voir morte si cela pouvait le sauver !
    — Je… Ce n’est pas un sentiment… que je m’autorise à ressentir… même si… je tiens à toi, Ysa.
    — Je le savais. Je ne suis qu’une source de malheurs ! »

     Crise


    Nous entendîmes Ilhem retenir un sanglot, puis il sursauta, pris de spasmes.

    « Ilhem ! »

    La jeune fille se leva immédiatement pour examiner le corps du garçon qui tremblait sous une douleur qu’il s’efforçait de retenir.

    « Ma blessure… elle… gaAH !
    — Ilhem ! »
    — Il va mourir et par ma faute… »

    La vieille dame entra dans la pièce en explosant la porte à coup de pied, alertée par les cris de notre ami. Elle se jeta sur Ilhem pour tenter de le calmer, mais sa blessure semblait beaucoup trop douloureuse.

    « Evlogía ! »

    Plusieurs cristaux verts apparurent autour de lui, brillèrent vivement ainsi que le corps du garçon. Irinia se tenait les mains en avant, puisant au profond d’elle des ressources énormes pour maintenir plusieurs sorts bénéfiques en activité.

    Yolagaar volait dans tous les sens, laissant tomber ses plumes, pris de panique. Je demandai à Asgard de s’ouvrir et tout son papier s’enroba autour de la blessure. J’offris à ce dernier le plus d’énergie possible afin d’aider la magicienne à stabiliser notre ami.


    « Je ne suis… pas assez forte…
    — Irin-… ugh… »

    Je sentis le pouvoir d’Asgard s’intensifier, à tel point qu’il drainait ma magie sans mon accord, assoiffé ! Le papier brillait plus vivement, hors de contrôle.

    « Tout cela arrive par ma faute, s’il ne m’avait pas sauvée…
    — FERME-LA ! » hurla Irina.

    Le malade cessa de trembler, tombant dans un profond sommeil. Irina et moi-même nous écroulâmes contre le sol.

     Une solution temporaire


    L’ambiance s’apaisa d’un coup, alors que je peinais à me relever. Ilhem semblait calmé, Irina vérifiait ses signes vitaux et sa blessure, tous les deux stables. Ysaline ne disait rien, vexée par l’intervention de son amie. J’espérai qu’elle finirait par comprendre qu’elle n’y était pour rien.

    « Pardon, je vais me rafraîchir.
    — A-Attends ! »

    La grand-mère, en liquette rose avec un petit chapeau-champignon, se proposa pour veiller sur Ilhem quelques instants.

    Je rejoignis la jeunne fille dans la cuisine, réalisant alors à quel point la maison était grande.

    Elle se tenait les deux mains sur la table, épuisée.


    « Doucement… dis-je, essoufflé par les événements.
    — Merci de m’avoir aidée. Je m’inquiète… Je ne veux pas le perdre…
    — Ca n’arrivera pas. Nous veillerons sur lui.
    — Si ses crises le reprennent, nous ne pourrons pas les bloquer éternellement, elles seront de plus en plus fortes, sans toi j’aurais probablement eu beaucoup plus de mal. Je crois qu’il faut que…
    — Que ? »

    Elle se mouilla le visage et remplit un pichet d’eau pour Ilhem. Néanmoins elle sortit une chaise et commença ce qui allait probablement être une longue discussion.

    « Quand tu es parti, il y a plusieurs mois, nous sommes retournés au bâtiment de la Confédération des Erudits. Nous avons fouillé la bibliothèque, ce qui n’a pas été de tout repos puisque tu avais éparpillé les feuilles dans toutes les pièces, la plupart étaient couvertes de sang. Mais j’en ai beaucoup appris sur ma magie.
    — Elle semble être rare, qu’as-tu trouvé dans ces livres ?
    — C’est une magie perdue. Concrètement, plus je l’utilise, plus je me rapproche de la mort… Elles font partie des magies interdites car son utilisation transforme lentement le corps de l’utilisateur.
    — Les autres le savent !?
    — Evidemment. Néanmoins nous poursuivons, pour qu’Ysaline atteigne ce qu’elle cherche. Je continue à l’utiliser fréquemment, mais nous nous sommes mis d’accord : aux premiers signes, j’arrête immédiatement.
    — Ca me rassure…
    — J’ai appris à la dompter lentement, je ne m’épuise plus autant qu’avant. J’ai également lu des choses… à propos de certains sorts…
    — Les sorts interdits ne sont que rarement une bonne option, pensai-je à voix haute.
    — Je veux sauver Ilhem. Tu sais que je peux jongler avec les énergies vitales et magiques. Il y a un sortilège qui pourrait nous aider… Mais je veux qu’il soit d’accord…
    — C’est dangereux ?
    — Je n’espère pas… Il piège toute l’énergie vitale d’une personne dans un cristal, laissant le corps inoccupé. Cela nous permettrait de gagner du temps, beaucoup de temps : s’il s’agit d’une maladie, nous pourrions le sauver. S’il s’agit d’un maléfice, alors son corps sera bel et bien possédé et nous devrons l’affronter, comme nous l’a dit Helen. Dans le deuxième cas... »

    Dans le deuxième cas, Ilhem ne serait plus qu’une âme dans un caillou et son corps serait aux mains d’une entité source du Malesla.

    « Dans tous les cas, nous avons besoin d’une pierre d’Elpída. Sans cela, je ne pourrais pas être assez forte.
    — Mais nous avons détruit la mine.
    — Exact. Cela dit, certains livres faisaient référence aux Échuirs. Je pense qu’ils peuvent nous guider jusqu’à d’autres pierres. »

    Alors Helen avait peut-être raison en disant que les Échuirs étaient la clé. Il ne nous restait qu’à attendre le lendemain, qu’elle revienne. Même si Irina ne pouvait pas appliquer ce sort à tous les malades, Helen serait d’une aide précieuse pour pénétrer au plus profond de la forêt, à la rencontre des Échuirs, puisqu’elle les cherchait aussi. Il me semblait logique que les lieux seraient gardés par des créatures magiques.

    L’évocation d’une solution, même temporaire, avait apaisé mon esprit et je pus trouver le sommeil. Loin d’être la nuit la plus reposante pour nous tous, nous pûmes au moins fermer un œil.

    Le lendemain, l’idée fut soumise à Ilhem. Ysaline se soulagea de constater que nous avions trouvé un moyen, même si elle se refermait sur elle-même de plus en plus… Quant à la nounou, qu’Ilhem considérait comme sa grand-mère, elle accepta, faisant confiance à Irina depuis les semaines qu’elle vivait ici. L’intéressé hésita longuement, avant tout parce qu’il ne voulait pas que sa compagne se mette en danger pour lui.


    « Je t’interdis de faire le moindre sacrifice idiot, Irina ! gronda l’alité.
    — Je sais bien.
    — Déjà parce que c’est moi la tête brûlée, haha, mais aussi parce que ça ne servirait à rien qu’on meure tous les deux.
    — Tu as raison… »

     Helen avec un H…


    Helen ne tarda pas à arriver, le sourire aux lèvres. Elle passa la porte sans frapper, hurlant qu’elle était là, en entrant. Elle s’invita même dans la chambre sans toquer.

    « Alors ! Notre patient a-t-il survécu à la nuit d’hier ? Une vague a frappé tous les malades, il y a eu beaucoup de victimes…
    — Et vous posez la question comme s’il ne s’agissait que d’une broutille !? Oui. Il va bien.
    — Très intéressant, très étonnant surtout. Vous avez noté des signes particuliers, dans la nuit ?
    — Une crise assez violente, mais nous avons su prendre le dessus.
    — Le dessus ? Expliquez-moi ça.
    — Mmh… Magie de soin. Mes sorts ne faisaient pas effet, mais je commence à me dire que c’est ce qui lui permet de survivre si longtemps.
    — Oui, fort possible. Une autre victime a survécu trois semaines, un record, avant le vôtre, car sa mère était une très bonne alchimiste.
    — Vous réalisez votre façon d’évoquer le sujet !? échappai-je sans réfléchir.
    — Ah ? Boah, il faut bien un peu de bonne humeur. Ça surprend au début, mais tout le monde s’y fait. Remarquez beaucoup sont morts entre temps, alors bon, haha.
    — Vous riez…
    — Evidemment que je ris, vous imaginez la tristesse de ce monde autrement ? Mon Dieu, ces jeunes, tous offusqués par tout et n’importe quoi. Détendez-vous, si on trouve un remède, votre copain ne va peut-être pas passer l’arme à gauche. Ce serait dommage, en ayant tenu un mois. »

    Elle s’assit sur la table. Je pus voir la méfiance de Yolagaar, qui avait migré vers Ilhem. Helen avait quelques airs de ma mère, notamment dans sa façon de parler. Pourtant, ma mère avait au moins la décence de respecter les morts.

    « En parlant de solution… nous aurions besoin de votre aide. Mais avant de vous en dire plus, je veux la certitude que votre ordre n’utilisera pas mes pouvoirs, car je refuserai de m’en servir à la chaîne. Je les réserve à Ilhem et mes amis.
    — Tu imagines bien que je ne vais pas cracher sur une façon de guérir les malades, ma petite…
    — À vrai dire, c’est surtout un moyen de gagner du temps pour Ilhem… Nous aurions besoin d’une pierre d’Elpída, connaissez-vous c-…
    — Que le destin est taquin ! C’était justement ce que je cherchais hier en trouvant votre camarade, le sel, non, lit seul… Ah, l’aisselle ! Euh…
    — Liesel…
    — Voilà, c’est ça ! Donc, on part quand ?
    — Nous devons prendre Ilhem au cas où quelque chose arrive… »

    Ysaline sortit de son silence, déterminée à réparer l’erreur dont elle se sentait la responsable.

    « Si on fait quelques pauses, je devrais pouvoir nous faire un petit brancard en papier.
    — Eh bah c’est parfait, on peut y aller ! Le sanctuaire des Échuirs est à moins d’une heure, de là ils nous guideront.
    — Ils parlent ? s’étonna Irina.
    — Non, en revanche ils comprennent le langage, donc on devrait pouvoir communiquer avec eux. D’autant que, même froussards, ils sont de nature altruiste, donc le jeunot devrait les appâter.
    — J-Je ne suis pas un sac de patates… murmura Ilhem en souriant de dépit.
    — Bon on y va, là ? On perd du temps ! »

    La mémé nous offrit un sac rempli de petits gâteaux et nous partîmes tous ensemble vers le sanctuaire. Ilhem s’était motivé à marcher avec des béquilles, deux bouts de bois. Il maintenait que tout irait bien et qu’il combattrait s’il le fallait. Il n’avait qu’une jambe utilisable, mais je pouvais comprendre qu’il voulût la dégourdir.

     En route


    Nous suivîmes la même route que j’avais prise la veille, pendant trois quart d’heure jusqu’à atteindre le point où j’avais rencontré Helen. Deux champignons nous attaquèrent à nouveau, mais ce fut rapidement réglé grâce à Ysaline qui marchait devant avec Helen. J’avais un peu peur qu’elle fasse brûler la forêt, avec sa détermination…

    À mesure que nous avancions désormais, les températures variaient, des plus hautes au plus basses, de même que la météo qui s’altérait toutes les minutes, il ne faisait aucun doute que nous rentrerions tous enrhumés. Les Échuirs devaient être à l’origine de ce phénomène. D’ailleurs nous n’en avions croisé aucun.

    Les arbres se resserraient de plus en plus, rendant notre traversé de plus en plus difficile. J’avais beau insister pour aider Ilhem en lui offrant une monture de papier, il continuait de refuser malgré ses ampoules aux mains. De toute façon, avec la pluie qui tombait toutes les cinq minutes, c’était impossible.


    « Vous êtes sûre que c’est le bon chemin ?
    — Évidemment : les saisons s’alternent, on ne peut pas se tromper.
    — J’espère que nous arriverons vite…
    — Ca c’est moins sûr. Les Échuirs se protègent grâce des illusions qui font que nous ne les verrons pas s’ils refusent de se montrer. L’arbre que vous avez devant vous est peut-être même le passage vers leur sanctuaire. Qui sait.
    — Alors comment savoir ?
    — Je suis une piètre mage, à part me rendre invisible quelques secondes, je ne fais pas grand-chose. Mais je suis sensible aux énergies magiques. Cette forêt en regorge et je suis certaine de pouvoir identifier la bonne ouverture. »

    Nous décidâmes de faire une pause. Irina en profita pour guérir lentement les petites taillades sur les mains d’Ilhem, ainsi que retirer les échardes qui étaient miraculeusement apparues.

    Ysaline s’était éloignée et je ne pus m’empêcher de la rejoindre.


    « Quand tout cela sera fini, que la fin soit triste ou heureuse, je partirai seule vers la capitale.
    — Tu souhaites les quitter ?
    — Oui. Je préfère rester seule avec Yolagaar.
    — Je vois…
    — La source du feu ne les concerne en rien. Et j’ai beaucoup réfléchi depuis que j’ai affronté cet Abelin. Je préfère rester à l’écart des affaires des autres, maintenant… Pas tant que je ne me serai pas vengée.
    — Vengée de quoi ? Quelqu’un t’as fait du mal ?
    — Ma famille. Avec la source du feu, je les retrouverai et leur montrerai ce qu’ils ont fait de moi en m’abandonnant. Je veux les tuer, pour qu’il comprenne qu’à cause d’eux, je n’ai jamais vraiment pu me sentir en vie.
    — C’est peut-être un peu… extrême…
    — Je me doutais que tu dirais ça.
    — Tu devrais reconsidérer la chose, peut-être…
    — Je ne sais pas… une part de moi se demande à quoi cela servirait. Une autre se dit que je dois couper avec mon passé et que c’est la seule solution.
    — Je ne pense pas que ce soit la seule !
    — Vraiment ? Que suggères-tu dans ce cas ?
    — Tu n’as pas eu besoin de leur accord pour t’enfuir. Tu ne fais que fuir en attendant d’être assez forte pour te retourner et faire en sorte que tu n’aies plus rien à fuir. Mais tu n’es pas obligée de partir, justement. La menace, elle vient du plus profond de toi, c’est toi qui l’imagine…
    — Mmh, tu as peut-être raison. »

    Elle se leva et partit avec vivacité vers l’avant, incitant le reste du groupe à la suivre. Avais-je dit quelque chose qu’il ne fallait pas ? C’était un sujet sensible après tout… J’espérais au moins qu’elle réfléchirait et qu’elle ne ferait rien de stupide.

    Nous continuâmes notre chemin et sûrement ne tarderions nous pas à arriver à destination.

    Une chose me dérangeait cependant. Je ne comprenais toujours pas pour le grimoire avait agi de lui-même en absorbant plus d’énergie que j’avais investie. Il s’était même bien servi dans mes réserves et je n’avais pas du tout apprécié. Quelque chose avait directement agi sur le livre. Ce pouvait être Irina, mais j’y croyais pas tant… Mon hypothèse la plus logique était que cette maladie était si puissante qu’elle avait tenté d’infester le papier.

    Si les crises d’Ilhem se faisaient plus forte, il se pouvait qu’Asgard soit encore plus gourmand et finisse par échapper à mon contrôle, voire m’assécher de toute magie jusqu’à me tuer pour tenter soigner cette blessure incurable.


     Le sanctuaire


    « C’est là, affirma Helen en s’arrêtant.
    — Vous êtes sûre ? questionna le jeune homme en soufflant sur ma main toute rouge. Y’a rien là…
    — Justement, on croit qu’il n’y a rien, mais c’est une porte vers leur sanctuaire. Ce doit être un genre de dimension de poche, peut-être une illusion, je n’en sais rien… en tout cas, la porte est entre ces deux arbres, je suis formelle. »

    Nous passâmes donc entre les deux arbres, parmi tous ceux qui nous encerclaient, puis arrivâmes dans une autre forêt, bien plus petite, limitée par un dôme de lumière au travers duquel nous ne voyions que du blanc.

    Au cœur, un cercle de pierre à-même le sol. Plusieurs ronds s’emboitaient et se liaient par endroit, tous ayant pour même centre une petite plateforme, elle-même sous l’énorme rocher vert d’eau qui flottait, à moitié maintenu par des branches.


    Le Sanctuaire des Échuirs:

    Aussitôt le premier pas fait vers cette pierre, une voix nous interpela, cachée derrière une énorme masque cornu.

    « Que faites-vous là !? »

    Son casque d’oiseau faisait si peur que nous préparâmes tous nos armes. Ses bras, couverts de fourrure, laissaient penser qu’il ne s’agissait peut-être pas d’un être humain. Sa taille extrêmement fine contrastait avec ses larges épaules courbées, donnant à cet homme une allure difforme.

    Le Gardien:

    « De quel droit osez-vous pénétrer ce lieu sacré ?
    —T’inquiète, on viendra pas te dérang-… commença Helen qui fut coupée net par Irina, bien plus respectueuse.
    — Veillez pardonner notre intrusion. (Elle s’inclina.) Nous n’avons aucune intention mauvaise. Mon ami ici présent est blessé, je souhaitais utiliser la pierre d’Elpída qui trône ici afin de gagner du temps pour le sauver de sa maladie.
    — Je vois, vos intentions sont pures. Dites m’en plus sur votre dessein. Quelle maladie combattez-vous ?
    — Le Malesla. »

    L’homme se redressa et nous devinâmes son visage grave se dessiner derrière son voile. Il se déplaça vers le centre du cercle et écarta les bras, la tête levée vers le cristal.

    « Voilà bien longtemps que cette menace ne s’était pas manifestée. Malheureusement, l’usage de cette pierre oubliée est perdu depuis des années. De plus, elle ne vous serait d’aucune utilité. »

    Irina expliqua plus en détails la raison de sa venue et l’utilisation qu’elle comptait en fait. Le gardien s’étonna de voir qu’une humaine savait contrôler ce minéral, si bien que les Échuirs apparurent derrière les arbres pour l’observer.

    « Surprenant… je veux bien vous laisser accomplir ce sort. Cependant, sachez que ce cristal n’ira nulle part. Si l’âme de votre ami réside à l’intérieur, il devra rester dans ce sanctuaire jusqu’à ce que vous trouviez un moyen de le récupérer.
    — Ilhem… Si cela peut te sauver…
    — Ca a l’air sympa comme coin, dit-il en riant pour détendre l’atmosphère. Et si tu ne peux pas me récupérer ? Ou si mon corps commence à se zombifier et vous attaquer ? J’ai pas envie de retourner dans un Ilhem en morceaux moi !
    — Je sais bien… Je préfère savoir ta vie dans un cristal, à l’abri dans une forêt, que dans un corps nécrosé qui te dévorera de l’intérieur. Et s’il s’avère que tu dois rester ici pour toujours, il en sera de même pour moi.
    — Je comprends… Mais promets-moi une chose : si le processus est irréversible, ne t’en veux pas. J’étais condamné, de toute façon. Ah oui et puis ne viens pas pleurer ici tous les jours hein, tu pars avec Ysaline et vous vous battez toutes les deux, même si personne n’est là pour vous protéger. »

    Son rire fut trahi par des larmes, il en alla de même pour Irina, terrifiée à l’idée d’échouer.

    « Idiot ! On se débrouillera très bien sans ta petite tête brûlée… À bientôt, Ilhem. »

    Ils se placèrent tous les deux au cœur, qui émit une petite lumière.

    « Ca commence… murmura Helen.
    — Je suis désolée, Ilhem… »

     Passation


    Les Échuirs s’approchèrent d’Irina qui luisait en chargeant sa magie. Ils se mirent en cercle autour du couple, libérant à la vue de tous leurs bois fleuris. Certains reflétaient sur leurs feuilles vertes l’énergie concentrée par la jeune fille, d’autres arboraient leur bois presque nus, fiers de la vie qu’ils avaient vécue.

    « Eiságete mésa se aftón ton aiónio ýpno, tin agápi mou. »

    Une colonne de lumière s’éleva vers le cristal, qui à son tour se para de couleurs chatoyantes. La puissance magique qui se libérait de cette interaction nous surpris tous et nous nous inquiétâmes : Irina serait-elle capable de contrôler tant de magie ?

    « Quelque chose ne va pas… »

    Une ombre apparut tout autour de nous, la bulle de lumière vira au noir et de sombres rugissements retentirent entre les arbres.

    « Comment peuvent-ils pénétrer en ce lieu !? Comment osent-ils faire outrage à la forêt…
    — Protégez la fille ! »

    Plusieurs silhouettes se dessinèrent dans l’ombre et un groupe d’animaux au regard livide apparurent, couverts de mouches. Certains avaient des membres arrachés, d’autres des trous énormes et couverts de sang… Une armée de morts vivant se rébellait contre nous. Nous devions protéger Irina et Ilhem !

    « Tout est de ma faute, je refuse de laisser une autre tragédie se produire ! »

    La pyromancienne tourna sur elle-même sans s’arrêter, diffusant autour d’elle des oiseaux, certains qui l’entouraient comme une bobine, d’autres qui filaient vers les cibles, les transperçant ou les embrasant. Enfin Yolagaar plongea sur cette toupie et dans un éclat de lumière dorée, Ysaline se tenait droite, la lame plantée dans le cou d’un cerf déjà mort.

    Des petits nuages de papier tranchant partaient vers les ennemis les plus éloignés pour réduire leur nombre, alors qu’un petit rempart blanc s’était dressé autour du couple.

    Le gardien masqué utilisait des fleurs qui poussaient sous ses ordres, dévorant les proies comme des charognards.

    De l’invisible Helen nous ne voyions que la lame trancher les corps des revenants, filant à toute vitesse entre les cibles sans s’arrêter.

    La lumière derrière nous se fit plus vive encore, et la voix d’Irina s’imposa au-dessus du combat. Le spectacle de couleur qui se présentait nous immobilisa. Surpris par l’énergie qui circulait tout autour de nous, nous remarquâmes les Échuirs se parer sur leurs branches de petits cristaux verts qui brillaient avec le regard d’Irina, qui paraissait à cet instant comme le seul espoir de vaincre le Malesla.


    « Sózetai… »

    Il y eut un flash lumineux, puis le corps du garçon s’écroula. Le calme revint et les créatures attaquèrent à nouveau. Irina pleurait.

    « Tout cela arrive par votre faute ! »

    La jeune fille se retourna et une volée d’échardes magiques vola à travers les ennemis. Le concentré d’énergie dont elle faisait usage ne semblait pas l’avoir fatiguée, elle décima les rangs ennemis jusqu’à réduire leur nombre au néant.


    Fiche de RP (c) Miss Yellow

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    Re: Après l'Hiver par Liesel Engelwald Mer 19 Juil 2017, 19:49
    Liesel Engelwald
    Liesel Engelwald
    Gardien du Savoir







    Après l'Hiver 170718082701925689
    Après l’hiver

    Partie I – Suite et fin



     Mais…


    Elle ferma les yeux pour sécher ses larmes et s’écroula contre le sol. Je pus la rattraper avec qu’elle tombe.

    « Irina ! Vas-y doucement…
    — Merci… Je vais bien… je crois…
    — Alors, ça a marché !? s’intéressa la membre de l’ordre.
    — Oui, je crois bien. Je l’ai sentie, son énergie… se diriger à travers moi vers le cristal. Il est sauvé… »

    Inconsciemment, nous fixâmes tous le corps du défunt, dont la peau vira en un instant du noir au blanc, alors que d’énormes trous parés de crocs apparurent sur lui. Le cadavre se leva, rugissant par chacune des nouvelles bouches qui venaient de naître sur lui.

    Ce qui restait d’Ilhem ne put faire qu’un pas vers Irina mais tomba à nouveau sous l’impact d’un rapace de flammes sorti de la main d’Ysaline.


    « Alors…
    — Oui, c’est à ça que ressemblent les victimes. En temps normal… elles sont toujours conscientes lorsque cela se produit, et deviennent fous sous la douleur.
    — C’est affreux…
    — Vous comprenez, désormais, pourquoi nous cherchons à soigner ce maléfice ?
    — Nous devons surtout trouver sa source !
    — Mais cela ne me rendra pas mon amie, elle est atteinte, elle aussi…
    — Je… Je peux aider l’ordre…
    — Irina, non ! s’interposa Ysaline. Tu ne peux pas utiliser ta magie à tout va !
    — Je ne pourrais pas tous les soigner, mais je peux faire gagner un peu de temps à quelques élus. C’est injuste. Mais cette femme nous aide à guérir Ilhem, je peux l’aider pour son amie.
    — Écoutez… c’est la première fois que le Malesla a pu pénétrer ici. Quelque chose a dû le guider, s’inquiétait le gardien des lieux. Je ne pense pas que ce fût le porteur. Il faut que vous trouviez la source de ce mal.
    — Je dois d’abord trouver un remède ! »

    Helen s’en alla, énervée, traversa le dôme qui était redevenu blanc. Ysaline la rejoint, elle n’avait plus rien à faire ici. Je restai cependant avec Irina le temps qu’elle dise au revoir à son amour.

    « Puis-je vous demander de… veiller sur lui ?
    — Bien sûr. Je vous souhaite de la chance pour retrouver la source. Je comprends le désarroi de cette femme, mais le bien commun l’emporte malheureusement sur l’individuel… Si c’est un sacrifice nécessaire, alors qu’il le soit. Ces mots doivent vous sembler durs, jeune fille, mais retenez bien cela. Ne gaspillez pas vos pouvoirs sur quelqu’un dont le sacrifice serait bénéfique.
    — Je tâcherai de m’en souvenir. Merci encore… Je vais revenir, Ilhem, je ne te laisserai pas enfermé là-dedans. »

    Nous retrouvâmes le duo à l’extérieur. Il ne nous restait plus qu’à rejoindre le Temple de l’Automne pour rencontrer les autres membres de cet ordre.

    Un Échuir en pleine santé:

    Un Échuir en fin de vie:

    Un Échuir mourant..:

    Un petit bonus pour la bonne humeur – Ilhem et le Gardenc Fungus:


    Fiche de RP (c) Miss Yellow


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    Re: Après l'Hiver par Liesel Engelwald Lun 14 Aoû 2017, 21:16
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    Gardien du Savoir







    Après l'Hiver 1502722415-header-apres-l-hiver-2
    Après l’hiver

    Partie II



    Spoiler:

     Ysaline


    De retour à Pergrande, Liesel et Ysaline marchaient en direction du Temple de l’Automne. Sirius les avait laissés un peu plus loin, afin qu’ils puissent discuter de ce qu’il s’était passé.

    Ysaline ne disait rien. L’albinos non plus, il voulait pourtant revenir sur le comportement de sa camarade. Une telle sauvagerie… il fallait qu’elle apprenne à se contrôler.


    « Ysaline…
    — Je sais ce que tu vas dire et je ne veux pas l’entendre.
    — Ne te ferme pas, s’il te plaît.
    — Je n’aurais pas dû agir ainsi, j’aurais dû prendre du recul, je peux encore discuter et m’arranger avec lui. Je sais, je sais tout ça. Mais tu ne sais pas, toi, la frustration qui bout au fond de moi… Comme si un volcan voulait exploser mais que quelque chose l’en empêchait. Je ne suis pas assez forte. Mais quand je le serai…
    — Mais c’est toi qui alimente cette colère.
    — Quoi !? Pour toi aussi, tout est de ma faute !?
    — Ce n’est pas ce que j’ai dit. Mais tu dois au moins apprendre à te contrôler. Je me fiche que tu détestes ton demi-frère, mais si tu essaies de le tuer, tu le regretteras… Déjà parce que ni Nina ni lui ne te laisseront faire.
    — Cette Nina, tss… Je n’arrive pas à le croire que depuis tout ce temps tu le connaissais… J’ai eu beau m’enfuir à l’autre bout du monde, fuir, en pensant que tu étais le meilleur moyen que j’avais pour m’éloigner encore un peu plus. Pourtant tu m’as ramené à lui.
    — Alors je t’ai trahie ?
    — C’est ce que je ressens, oui. Pourquoi tu ne m’as rien dit ? Pourquoi tu ne me dis jamais rien !?
    — Alors venge-toi.
    — Hein ?
    — Si je t’ai trahie, venge-toi. Car je ne compte pas te laisser faire n’importe quoi. Si tu te sens prête à lutter contre ta famille, tue-moi, ici et maintenant.
    — À quoi tu joues là ?
    — Allez, tue-moi ! Tu te prépares depuis tout ce temps, alors montre-moi si tu es de taille. Exécute-moi si je suis un traitre.
    — Mais Liesel…
    — Je connaissais Zélos et je ne t’ai rien dit. Si Nina le protège, alors c’est quelqu’un d’important pour elle. Sur l’anneau qu’il portait à sa main se trouvait le sceau de notre guilde. Si t’opposer à ta famille est t’opposer à Æternitas, je refuse de laisser une ennemie en vie alors qu’elle se tient devant moi !

     Combat à mort


    Liesel ouvrit ses bras et plusieurs cahiers dissimulés dans les doublures de ses vêtements se dispersèrent dans l’espace. Une majorité de feuilles s’en allèrent loin derrière Ysaline, qui ne comprenait pas.

    « Ne me dis pas que tu es sérieux… »

    Tendant les deux mains en avant, le garçon ne réagit pas. Ysaline eut pour seule réponse des bruits de pas derrière elle, d’un animal au galop. Aussitôt retournée, les bois d’un cerf la firent voler dans les airs, dans un cri de surprise.

    L’animal en papier disparut, remplacé par de fines lances qui filèrent vers la magicienne, la blessant pendant sa chute.

    Elle s’écrasa contre le sol, choquée.


    « Tu… tu es sérieux… »

    Sans Yolagaar, elle perdait un avantage important : ses armes… Liesel jetait d’autres salves de papier coupant vers elle, qu’elle esquivait agilement.

    « Liesel ! »

    Deux rapaces de flammes apparurent et volèrent vers le garçon. Pourtant deux orbes blancs les entourèrent rapidement, bloquant un court instant leur progression.

    « Nifleheim ! »

    Les deux boules rougies se gelèrent immédiatement, laissant tomber une faible buée. Quand Liesel serra son poing vigoureusement, elles se brisèrent comme du cristal, faisant disparaître l’attaque d’Ysaline.

    Ayant profité de l’inattention de son adversaire, le garçon avait disposé un cercle qui s’éleva aussitôt comme une prison de racines. Jotunheim s’activa et sur les branches blanches sorties du sol poussèrent d’affûtées échardes touchant presque le visage de la mage immobilisée.


    « À quoi tu joues !?
    — Si tu es si déterminée, combats-moi sérieusement. Tu t’y es préparée, n’est-ce pas ? Car si tu ne me tues pas, ce sera à moi de le faire, pour protéger l’ami d’un membre de ma guilde.
    — Tu es sérieux…
    — Évidemment ! Bats-toi ! »

    La prison de papier disparut dans un brasier duquel sortirent plusieurs oiseaux. Liesel put enfin se mettre à bouger pour esquiver tant bien que mal cette salve de flèches.

    Dressant un mur pour se protéger temporairement, il ne vit pas les projectiles fondre derrière lui, le jetant au sol, vulnérable.


    « Ils t’ont laissée seule, ton ami te trahit. TUE-MOI, YSALINE ! »
    hurla le garçon en se relevant.

    La pyromancienne réagit au quart de tour, invoquant un oiseau dont le bout des ailes lécha le feuillage des arbres autour de l’allée, faisant roussir l’herbe autour d’elle.

    « J’Y COMPTE BIEN, TRAITRE ! »

    Le feu du phénix géant vira au noir, incrusté de mauve sous ses plumes imprécises. Liesel s’entoura de plusieurs couches de papier pour supporter l’impact, pourtant les flammes passèrent à travers ces dernières tel un fantôme, arrachant un cri en traversant le corps du garçon, dont le cœur se crispa sous la douleur.

     Ysaline Todella


    Il s’étala, haletant. Ysaline hésitait à en faire plus.

    « Lies…el ? »

    Silencieux, il ne bougeait plus. Seule sa respiration difficile restait audible.

    « Pourquoi… POURQUOI !? cria Liesel en frappant son poing contre la terre. Pourquoi tu les hais tellement !? Ta haine est si grande que tu me sacrifierais juste pour assouvir ta vengeance !? Ysaline !
    — Tu jouais la comédie…
    — Qu’est-ce que les tuer t’apporterait ? Ce sort… je l’ai vue, et sentie… ta colère…
    — Pourquoi tu fais ça ? Pourquoi tu me fais ça !?
    — Pour que tu réalises jusqu’où tu es prête à aller pour une chose qui ne règlera rien ! »

    Il se releva, la main serrant sa chemise pour ignorer son cœur qui battait encore trop vite.

    « Tu dois réellement en arriver là pour les oublier !? Ysaline !
    — Tu joues avec moi…
    — Exactement ! Sais-tu pourquoi ? »

    Il posa ses deux mains sur ses épaules qu’il serra de toutes ses forces, laissant tomber sa colère pour offrir une voix douce emplie de gentillesse.

    « À Iceberg, tu m’as demandé, si tu venais à faire quelque chose que tu finirais par regretter… Tu m’as demandé de t’arrêter. C’est exactement ce que j’essaie de faire.
    — Mais tu ne comprends rien… Je suis seule, depuis l’enfance, ils m’excluent, toujours ! Irina et Ilhem aussi ! Et tu m’exclus aussi !
    — Parce que tu choisis d’être seule !
    — Mais… !
    — Tu es égoïste ! Tu te sers des gens pour justifier ta peur des autres, en prétendant qu’ils t’abandonnent alors que tu n’es que trop fière pour aller vers eux de toi-même ! OUVRE LES YEUX ! »

    Porté par les sentiments, il lâcha les épaules de la jeune fille et la poussant contre le sol. Elle ne se débattit même pas, abasourdie, elle se laissa tomber, les yeux rivés vers le vide, comme s’il venait de frapper à la porte qu’elle barricadait depuis toujours. Une porte en elle, derrière laquelle se cachait ce qu’elle avait toujours refusé de voir : sa fierté, son égoïsme.

    « Et tu entraîneras combien de vies dans ton manège d’enfant gâtée !? Tu comptes retourner chez toi et brûler tout le monde !? Idiote ! »

    Elle couvrit ses oreilles pour ne pas entendre ce qu’elle savait déjà.

    « Arrête de faire l’enfant, maintenant ! Ton caprice a assez duré ! Si tu as un problème avec ta famille, le meurtre ne résoudra rien ! Crois-tu sincèrement que tuer tout le monde est une solution !?
    — TAIS-TOI !
    — Tu te mens à toi-même, tu te trompes, tu t’es enfuie en pensant pouvoir échapper à la réalité, mais tu restes toujours la même Ysaline, une enfant égocentrique insatisfaite ! »

    Il marqua une pause, essoufflé, puis reprit, doucement.

    « Tu n’as pas besoin d’agir comme ça pour que les gens restent près de toi… Irina t’aime, Ilhem t’aime, Ysaline… je tiens à toi aussi… Et ta famille également… j’en suis certain. Tu n’as donc pas vu le regard de Zélos quand il t’a aperçue ? »

    Un long silence s’installa, instable, fragilisé par les sanglots d’Ysaline, qui enfin voyait la vérité en face. Elle frappait le sol sans s’arrêter, au point d’en saigner du poignet. Liesel finit par la stopper, déclenchant ainsi de nouveaux pleurs.

    Il s’agenouilla et posa sa main sur sa tête, se sentant coupable de ce qu’il venait de dire.


    « Je suis faible… murmura la jeune fille épuisée.
    — Non, tu es humaine… Tu n’as plus à être seule, tu ne le seras jamais, tant que tu acceptes les autres, que tu acceptes d’aller vers eux.
    — C’est moi qui suis venue vers toi, la première fois, dit-elle comme pour protester.
    — Tu n’es pas timide, mais au fond les gens t’effraient. Tu as peur qu’ils t’abandonnent. »

    Un petit « oui » s’échappa à travers ses spasmes.

    « Liesel, ne me laisse pas seule…
    — Je n’en ai pas l’intention. Et si tu acceptes de leur faire face… ta famille non plus ne t’abandonnera plus. »

    Elle hocha la tête en reniflant. Elle ne se sentait pas encore prête pour cela, mais Liesel avait raison, il fallait qu’elle s’affronte elle-même et qu’elle parle à sa famille. Elle avait peur de leur réaction, peur qu’ils refusent de lui pardonner sa fuite… Mais pour le moment, elle voulait simplement rester un peu contre Liesel, par terre, au milieu de l’allée.

    Le garçon leva les yeux vers le temple, dont on voyait le feuillage dépasser de la forêt. Ils devaient s’y rendre pour retrouver Irina.

    Après quelques instants, ils finirent par se relever, elle, le visage rougi par les pleurs, lui, les mains encore tremblantes de sa colère.

    Ils se mirent en route, s’adressant un sourire affectueux.


      Cathédrale


    ---


    Ils arrivèrent devant une grande cathédrale, dont la tour libérait à son sommet des centaines de branches aux extrémités jaunies par le charme qui entourait de ce bois. Une pluie éternelle de feuilles rendait le lieu apaisant, un lieu parfait pour les âmes volontaires pour affronter le Malesla.

    Temple de l’Automne:

    Ils entrèrent timidement dans la nef, observant la masse gens priant en silence la guérison de leurs proches. Sur un énorme piédestal au fond de la salle se tenait la statue d’un homme âgé, probablement celui ayant béni la forêt.

    Le duo rejoignit discrètement un des couloirs, dans le but de trouver Helen et Irina.

    Les deux paires ouvrirent la même porte en même temps, sursautèrent de tomber nez à nez avec ceux qu’ils cherchaient. Helen se montra souriante, Irina discrète, un bandage autour de la main.


    « Vous tombez bien ! On a une piste pour la guérison.
    — Ne vaudrait-il pas mieux anéantir la source, en premier ? Autrement, ce serait une course contre le mal et nous perdrions énormément de temps.
    — Non, ma chère. Allons prier le salvateur et je vous donnerai tous les détails.
    — Nous ne connaissons pas les prières…
    — Ne t’inquiète pas, dit Irina, il suffit de méditer sereinement et de demander l’aide du salvateur, il n’y a pas de textes. »

    Dans un silence des plus respectueux, les quatre camarades s’assirent au milieu de la masse et fermèrent les yeux.

    Ysaline, après quelques courtes phrases formulées mentalement pour les malades, pensa surtout à sa famille. Que ferait-elle si elle recroisait Zélos ? Comment réagirait-elle, cette fois-ci ? Mais surtout, comment lui réagirait, après ce qu’elle avait fait ? Et cette Nina… Il s’était réellement trouvé une copine !? Ysaline se surprit à ressentir une petite jalousie fraternelle. De toute manière, pensait-elle, si Liesel le connaissait, elle finirait bien par le recroiser. Le destin s’était bien joué d’elle… Le monde était donc minuscule, hors de sa chambre…

    Dans l’esprit d’Irina, c’était l’image d’Ilhem qui restait omniprésente. Elle n’était pas dupe, en l’état, le récupérer était impossible. Son corps était complètement décharné. L’idée de veiller sur le cristal de la forêt à tout jamais ne l’effrayait pas. Tant qu’il était en vie quelque part, elle tiendrait. Pourtant, il lui manquait déjà…

    Comment anéantir la source de ce mal ? se demandait Liesel. Helen avait beau insister pour la guérison de son amie, trouver la source était plus important que la guérison des autres. C’était peut-être cruel, mais sauver la population lui semblait plus important… Cependant, Helen refusait catégoriquement de considérer la chose… Cachait-elle quelque chose ? Dans quel intérêt ? Pourquoi protéger la source du mal que l’on cherche à combattre ? Liesel ne savait pas. Pourtant il commençait à douter d’Helen et de sa façon d’éviter le sujet.

    Perdu au fond le lui-même, Liesel ouvrit les yeux, la tête baissée. Il se trouvait dans une salle de classe. Il comprit que la prière l’avait mené au rêve, pourtant il ne réussit pas à s’en défaire.


    « Bien, maintenant que tout le monde est là, nous allons pouvoir commencer la leçon. Oh ! Non ! J’ai failli oublier ! » dit la maitresse qui se tenait devant les élèves.

    En regardant ses mains, l’albinos vit qu’il était minuscule, retombé à ses années les plus jeunes, ses premières années à Bosco.


    « Je m’appelle Ivan Chester, résonna la voix du garçon devant le tableau. Je viens de Stella. »

    Il se souvenait de cette scène, il en était certain. Mais pourquoi l’image d’Ivan revenait à lui dans un moment pareil ? Une sensation de malaise l’envahit subitement.

     Souvenirs


    Ce sentiment, il le reconnut. Celui d’être un puzzle incomplet, de manquer d’une pièce, de jamais n’en avoir eu conscience jusqu’à la trouver. Il l’avait déjà ressentie, devant Yggdrasil. Quelque chose dans ce temple l’appelait.

    Il se leva du banc et se précipita pour suivre cet instinct qui se faisait de plus en plus distinct. En montant les marches deux à deux, les souvenirs de ses rêves revenaient. Des phrases perdues, des bribes incomplètes. Pourtant un seul fragment suffit à lui faire comprendre tout ce qu’il se passait. Une voix angélique qui lui murmurait, aux portes du réveil, chaque nuit pendant cette période de son enfance : « Helheim ».

    Il s’arrêta net, réalisant que tout cela l’avait suivi depuis tout petit. Il se remit en cause. Tant de coïncidences ne pouvaient s’imbriquer… Le destin était capricieux, mais il en relevait d’un acharnement. Au final, était-il réellement maître de son histoire ?

    Il s’assit sur les marches, entendant l’écho de ses amis qui grimpaient l’escalier pour le rattraper. Si l’Ancien avait orchestré tout cela ? Si Liesel n’était qu’un pantin destiné à redonner à Yggdrasil les plein pouvoirs sur l’Histoire ?


    Helheim, le Doute, porteur de l’énergie magique de la mort. »

    Le fantôme de l’Arbre revint à lui. Fragment d’âme du Doute. Était-ce pour cela, ce sentiment d’être utilisé, de ne pouvoir faire confiance à personne, de n’être qu’un pantin ?

    Liesel se releva et poursuivit sa course vers le livre, alors que ses interrogations se faisaient de plus en plus fortes. Il avait ressenti de telles sensations avec les autres grimoires, écrasé par l’émotion qu’ils recelaient.


    « Tu n’iras pas plus loin ! imposa Helen qui était miraculeusement arrivé plus haut que lui.
    — Qu’est-ce que tu caches !? Helheim, je sais qu’il est là ! Laissez-moi y accéder !
    — Comment tu… ? »

    Elle dégaina son épée, Liesel sortit sa dague, et le fer ne se croisa pas longtemps, le corps de la bretteuse reposait, souffrant, sur l’escalier qui semblait interminable.

    Lorsqu’Ysaline et Irina le découvrirent, elles firent leur possible pour aider la femme blessée.


    « Il m’a pas loupée, le môme… Argh… Ne le laissez pas arriver là-haut, il ne doit pas détruire Helheim ! Je vais vous rattraper, laissez-moi juste respirer deux secondes… Ça va je vous dis, j’vais pas mourir d’un coup de dague, j’ai de la ressource ! »

    Le duo féminin continua à la poursuite de Liesel.

    « Qu’est-ce qu’il lui prend !?
    — Je n’en sais rien, je ne comprends pas…
    — J’ai un mauvais pressentiment…
    — Moi aussi… »

     Helheim, le royaume des morts


    Au sommet de la tour, Liesel ouvrit la porte avec violence. Il arriva dans une grande pièce, au centre de laquelle se tenait une grande lacryma taillée, qui émettait une énergie apaisante, mais pas suffisamment pour calmer ses ardeurs. Il cherchait le livre du regard. Il vit tout autre chose, cependant.

    Un garçon de son âge se leva du bureau, un béret sur la tête.


    « Un visiteur imprév-… Ça alors ! Liesel ! »

    Un sourire se dessina sur les lèvres de celui qui n’était autre qu’Ivan Chester.

    « I-Ivan… Qu’est-ce que tu fais là ?
    — Je poursuis le travail de mon père.
    — Ton père ? Comment ça ?
    — Tu ne te souviens pas, dans la forêt, ce soir-là ? Ta mère et moi l’avons combattu.
    — De quoi tu parles ? »

    Liesel tenait fermement sa dague entre les mains. Il savait que le grimoire influait sur ses émotions et qu’il fallait qu’il le dompte pour être sain d’esprit. Pour le moment, il ne pouvait faire confiance à personne, pas même à lui-même.

    « Mon père parlait souvent du destin, mais je ne m’attendais pas à ça… Liesel Engelwald… »

    Il s’approcha de son ancien camarade pour le saluer, cependant l’albinos répondit avec la menace de Khamsin, son arme.

    « Donne-moi Helheim, Ivan… J’en ai besoin.
    — Oh ? Moi aussi, vois-tu. Un démon s’est fait prisonnier à l’intérieur. Savais-tu qu’il y avait tout un monde dans ce livre ? Je cherche à le libérer. Seulement… »

    Une femme sortit de l’ombre, couverte de marques noires. Elle était atteinte, un stade avancé.

    Amalia:

    « Le Malesla l’a infectée.
    — Pourquoi le libérer, dans ce cas ? Il faut l’arrêter !
    — Mais non… Cette énergie dont il se nourrit sert à son réveil. Dormant au fond de ce livre, Desdemona reviendra sur Humanitas pour semer la terreur… Amalia est son hôte.
    — Alors c’est elle, souffla Irina, dans l’encadrement de la porte.
    — C’est pour cela que… argh… toussa Helen qui arrivait à peine, que nous cherchons à guérir les symptômes. Nous voulons la garder en vie.
    — Vous voulez réveiller un démon !? »

    La main d’Ysaline s’entoura de flammes et Yolagaar prit la forme de son épée.

    « Pitié… aid-… grk… »

    Un garçon sortit d’un coin de la pièce également, portant sur sa peau les mêmes dents qu’Ilhem lorsqu’il s’était effondré. Le jeunot pleurait de douleur, déambulait lentement dans la pièce, à grand effort de pas lents et inefficaces. Sur son épaule dénudée s’était ouverte une gueule d’animal, réclamant par des grognements l’énergie vitale qu’elle absorbait déjà chez ce petit.

    Le Malesla (âmes sensibles…):

    « Il faut l’aider ! cria Irina en faisant apparaître son sceptre.
    — Il est trop tard. Près du livre, les effets sont bien plus puissants. Il est déjà mort. Il est donc inutile, à présent. »

    Il tua le garçon d’un éclair noir. De son corps il ne resta que des cendres.

    « Ivan ! Pourquoi fais-tu cela !?
    — J’ai toujours cru que mon père était fou. Nous l’avons même arrêté, ta mère et moi. Tu étais là, pourtant. Je croyais… jusqu’à ce que j’ouvre le livre qui l’obsédait tant. Desdemona m’a parlé, j’ai entendu sa voix ! L’heure de son réveil approche. Il me fallait un endroit où déployer son énergie, afin qu’il absorbe plus de puissance. La forêt d’Automna était parfaite. Ce cristal maintient le champ de force de l’automne, mais aussi celui du Malesla. »

    Avec sa mère ? Comment Liesel ne pouvait pas se souvenir de cela ? De nouveau piégé par le doute, il résista du mieux qu’il pouvait, en vain, toujours incapable de croire son ami d’enfance.

    « Je ne me souviens de rien…
    — Quel dommage. Je suis content d’avoir pu te voir, Liesel, mais je dois participer au réveil de ce démon. Pardonne-moi. »

    Ses deux mains brillèrent d’électricité noire. Helheim, posé sur la table, brilla également. Ivan lança un faisceau mauve en plein cœur de Liesel. Il y eut une grande lumière dans la pièce.

    Liesel tenait entre ses mains Asgard, apparut entre celles-ci de lui-même.


    « Tu as… absorbé le… Impossible ! Quel est cet artéfact !?
    — Voilà pourquoi Asgard avait été si utile, pour Ilhem… pensa l’albinos à voix haute.
    — Alors le livre que je t’ai donné… Il existe son opposé. »

    Asgard n’avait pourtant pas calmé son étincellement, de même que le grimoire d’Ivan continuait de briller. Les deux tremblaient et semblaient réagir l’un à l’autre.

    « Qu’est-ce que… les livres n’ont jamais fait ça… »

    Un rayon conflictuel se dessina entre les deux, chacun tentant de prouver à l’autre qui était le plus méritant. Les deux ouvrages se lancèrent dans une lutte sans merci, libérant une quantité d’énergie phénoménale dans la pièce.

    Ne sachant s’il s’agissait de la meilleure chose à faire, Liesel offrit son énergie à son livre, qui s’illumina tout à coup plus fortement, au prix des forces magiques de l’albinos qui s’évaporaient à une vitesse impressionnante.


    « Voilà donc… la puissance de ces… livres…
    — Liesel ! s’inquiéta Irina en s’approchant de lui. Je vais te prêter ma force.
    — Non, pas ta magie !
    — Il est déjà trop tard, Ysaline… »

    La magicienne défit le bandage autour de sa main et révéla une peau écailleuse, recouverte d’une pellicule verdâtre.

    « Irina ! »

    Touchant l’épaule de Liesel, elle fit apparaître un cristal et ce gant minéral remonta un peu plus son avant-bras. Cette pierre offrait à ses camarades une réserve supplémentaire d’énergie dans laquelle puiser.

    Cependant, Liesel la vida en un instant. Chacun de ses muscles se contractaient en tenant son grimoire. À genoux, on voyait son corps pâlir. La seconde d’après, il était allongé par terre et les combat des grimoires avait cessé. Le calme était revenu dans la pièce, pourtant Irina et Ysaline restaient circonspectes.


    « Il est… non… »

    Le corps sans âme de Liesel reposait par terre, les bras écartés. Asgard avait disparu avec lui.

    Pourtant, quand il se réveilla, il était dans un tout autre endroit, sans réellement savoir ce qu’il s’était passé.


     Debout là d’dans


    « Où est-ce que… »

    Il se leva, dos à un mur de livres. Devant lui s’élevaient d’énormes colonnes noires, faites de papier, d’encyclopédies, de magazines. Une enceinte organique autour d’une île flottant au milieu d’une mer infinie de liquide opaque, sous un ciel vert.

    Il était seul au milieu de cette atmosphère pesante qu’il identifia comme étant le cœur d’Helheim. Tout un monde, derrière la couverture d’un livre, jamais cette métaphore n’avait été aussi vraie. Il avait dû en être de même pour Niflheim, où s’était cachée Némée pendant des années.


    Helheim:

    « Je suis… au cœur du grimoire… »

    Il fit quelques pas en avant, les bras détendu, émerveillé par ce qu’étaient réellement les racines d’Yggdrasil. Enfin, ce qu’elles auraient pu être sans la corruption omniprésente de ce Desdemona. Helheim, le doute, porteur de l’énergie magique de la mort. Au même titre que le livre de glace représentait la peur, il fallait de tout pour former une âme.

    Derrière une grille de bois humide se tenait un autel, au-dessus duquel flottait un orbe ondulant. Il portait son visage estompé.


    « C’est… moi… »

    Il tendit les deux mains et le sol s’effondra sous ses pieds, le laissant flotter au-dessus d’une vision de Bosco. Il revit les événements qu’il avait oubliés : la pièce de théâtre, la chasse au mage noir, le combat… Il revit également la dispute entre ses parents.

    « Ils m’ont menti… Et il nous a trahis… »

    Il put voir de ses yeux ce qu’il prit pour une trahison de la part de ses parents. Sa mémoire rendue lui permit de constater le mal au cœur d’Ivan. Né d’un mage noir, bon à la naissance, il avait été corrompu et Liesel eut alors la certitude que le sang de cette espèce ne pouvait être purifié.

    La magie autour de lui s’embrasa et il vit la naissance d’Ivan, durant laquelle la mère périt. Durant tout ce film cependant, Liesel baissa les yeux chaque fois que son père leva la main sur l’enfant. Il assista à nouveau au combat contre le Chester, puis la fuite du garçon vers un nouvel endroit, emportant le livre. L’albinos put entendre les mots qu’avait prononcés le démon. Il put voir Ullis retrouver son camarade et périr dans les rituels du jeune homme devenu fanatique.


    « Non… Ullis… Il t’a… Cette vermine…
    — Liesel ? »

    Il se retourna, pris d’un vertige en constatant que l’illusion s’était estompée subitement, le laissant face au fantôme d’Ullis, entre les murailles, où il se tenait quelques secondes plus tôt.

    « Tu..!
    — Je ne pensais pas te revoir dans un endroit pareil… Alors Ivan t’as également retrouvé… Il veut toujours réveiller ce démon… Évidemment. Des dizaines arrivent ici chaque jour.
    — Vous ne mourrez pas ?
    — Nous errons, chaque jour, jusqu’à disparaître. Personne ne survit.
    — Comment Yggdrasil peut-il laisser un démon reposer dans ses racines ?
    — Liesel, si tu es ici, sache qu’il n’y a aucun moyen de s’enfuir. J’ai tenté, j’ai essayé, nombre de fois… Mais nos corps sont dévorés, nos âmes n’ont nulle part où aller, elles s’abritent ici, en attendant la fin.
    — Mon corps… il est… Je me demande s’il est intact… »

     Desdemona


    Un gigantesque tremblement secoua les deux camarades. Ullis se mit à pleurer, s’écriant que le démon se réveillait. Une voix tonitruante et incompréhensible résonna à travers ce royaume. Un brouillard noir envahit les lieux, y voir quoi que ce soit fut rapidement impossible.

    « C’est fini, il ouvre les yeux… Nous sommes perdus, Liesel, je suis content de t’avoir revu avant d-ARGH ! »

    Ullis disparut dans un cri déchirant, emporté par la puissance du démon affamé. L’albinos, en boule au cœur de cette tempête noire, luisait de l’énergie d’Yggdrasil.

    « Qui est celui qui survit à ma puissance ? Montre-toi, insecte ! »

    La fumée autour de Liesel se dissipa, le laissant au sommet d’une tour isolée, face au corps nu du démon encore incomplet, en position fœtale. Amalia en était le réceptacle, plissant les yeux pour observer le visage du mage.

    Proto-Desdemona:

    « Que fais-tu dans ce domaine sans être mort ? Tentes-tu de m’arrêter !?
    — Je… hésita Liesel choqué par le dégagement magique du monstre, je ne pense pas avoir cette force. Mais il en revient de mon devoir… »

    L’hôte d’Amalia grogna et déploya ses membres, entouré d’une aura noire dissimulant sa nudité. Il déferla une nouvelle fois un brouillard noir dans l’unique but de menacer le garçon. Liesel s’entoura que quelques feuilles qui constituaient le sol, et se mit en position de combat.

     VS Proto-Desdemona


    « Je n’aurais jamais la force de le vaincre… pourquoi maintenant… »

    Liesel redoubla d’attention, faisant de son mieux pour rester alerte malgré son champ de vision réduit au néant. Derrière lui apparut le démon, qu’il sentit préparer un sort. Dressant un mur dans son dos, il se prépara à mourir devant l’inefficacité de sa magie.

    Un faible rayon le balaya, le jetant au sol.


    « Je… »

    Légèrement blessé, il se retourna, voyant son papier briller de l’énergie d’Asgard.

    « Je vois, tu es son petit protégé. »

    Il se releva, légèrement plus confiant pour ce combat, préparant ses muscles à l’effort dont ils allaient devoir faire preuve. Créant tout autour de lui plusieurs bâtons de papier, il les lança en direction de son ennemi.

    « Futile ! »

    La foudre s’abattit sur l’attaque son attaque et le démon se posa sur le sol.

    « Voilà bien longtemps que ce combat aurait dû se terminer ! »

    Il déploya ses ailes de foudre et plusieurs boules noires s’écrasèrent sur Liesel qui tomba de la tour.

    « Je peux faire mieux… » pensa le garçon en s’écrasant sur une plateforme de papier qu’il avait créée.

    Se servant de la flexibilité du papier pour rebondir jusqu’au sommet de la tour, il put attaquer par surprise le démon qui s’était penché au-dessus du bord.


    « Impossible ! Touché par un gamin… »

    Liesel, l’équilibre à peine retrouvé, fonça vers la femme qui s’envola à nouveau.

    « Je sommeille ici depuis des siècles, ce n’est pas un gamin qui mettra un terme à mes plans ! »

    Liesel sauta vers son adversaire, une simple feuille comme arme. Pourtant aussi rapide qu’un courant électrique, elle passa derrière-lui et asséna un coup de pied qui écrasa le garçon contre le sol, formant un petit cratère autour de lui.

    Arrivée en bas en un instant, elle libéra un tonnerre qui couvrit le cri de l’albinos.


    « Toujours envie de se battre ? Je ne fais que commencer ! »

    Liesel invoqua un cercle magique qui dompta la tour de papier, l’ouvrant en son centre pour le laisser chuter.

    « Je dois faire mieux… »

    Le démon plongea aussitôt, esquivant les lances qui poussaient sur chaque paroi. Voyant l’individu s’approcher de plus en plus vite, l’albinos tapa dans ses mains en réunissant assez d’énergie pour que les deux murs s’écrasent sur le démon, tout en ouvrant une ouverture pour qu’il s’évade à l’extérieur.

    Désormais en chute libre vers l’océan, il força un bras de papier sorti de la tour à le récupérer. Pourtant à peine saisi de son maître, il fut brûlé par la foudre qui s’abattit depuis les ailes du démon qui flottait au-dessus.


    « Comment !? »

    Plus rapide qu’un clignement, Desdemona frappa de son genou la colonne vertébrale de Liesel alors propulsé en hauteur. Il se heurta au poing du monstre qui jonglait à présent avec le garçon en se déplaçant plus vite qu’il se subissait les impacts.

    « J’y prends goût, voilà longtemps que je ne m’étais pas échauffé comme ça… »

    Lassé de ce mouvement répétitif, il largua l’albinos au sommet de la tour, rendant un peu plus profond le cratère rebouché.

    « Encore vivant ? Tu t’accroches on dirait. »

    Le visage déformé par les coups qu’il avait reçus, Liesel ne put rien répondre. Son corps se contenta de luire doucement, envahi d’une force qu’il reconnaissait. Ayant trouvé refuge au plus profond de lui-même, une voix résonna dans son esprit.

    Tu t’acquittes de ta tâche avec effort, Liesel.


    « Yggdrasil… Je n’ai pas la force de le vaincre…
    — Hein ? Qu’est-ce que tu dis ? cria l’ennemi en écrasant son ventre de son pied électrisé.
    — Gargh… s’il… vous… »

    Ce vicieux sévit en mon sein depuis des temps que ton imagination ne peut atteindre. Je ne peux le chasser moi-même. Il est ton rôle, en tant qu’élu, de le vaincre.


    « Je n’ai pas cette force… »

    Helheim est une de mes racines… Je peux l’atteindre et t’offrir le pouvoir nécessaire, mais cela ne sera pas sans conséquences. Sache-le.


    « Je ne veux pas… mourir... »

    Liesel, je t’offre autant de force qu’il me soit possible de t’accorder pour le moment. Engelwald, combat fièrement mon ennemi, Desdemona.


    Le ciel s’ouvrit en libérant une lumière chaleureuse, éloignant le démon de quelques pas.

    « Yggdrasil intervient enfin… Haha, les choses seront plus amusantes que ce que j’avais prévu.
    — La lumière… elle… »

    L’albinos put voir les marques sur ses bras disparaître, à présent investi d’une magie mystérieuse et puissante. Il lévita, entouré de volutes dorées qui le remirent sur pied. Ne laissant que des cicatrices refermées, la lumière qui l’entoura se condensa en son cœur, libérant un dégagement magique aussi important que le démon.

    Tombant à genoux pour supporter l’énergie qui l’envahissait, Liesel serrait les dents, conscient que dompter sa nouvelle magie temporaire serait difficile.


    « Après l’échauffement viennent les choses sérieuses, j’imagine. » commenta le démon.

    Le cœur du mage battait si vite qu’il lui sembla se fendre comme un roc. Les muscles serrés, la respiration impossible, il se libéra soudainement par une onde lumineuse qui éloigna le démon de plusieurs mètres.

    « Yggdrasil… je t’attends… »

     Power-up


    Se relevant tout à coup sur ses deux pieds, Liesel lança un regard menaçant à Desdemona.

    Il grimpa quelques marches de papier afin de sauter dans le vide, sous le démon. Une partie de la tour migra autour de lui, prenant forme sur son dos. L’Engelwald se trouva alors paré d’ailes de papier, prêt à rivaliser avec un démon.


    « Ne prends pas la grosse tête, gamin ! »

    Vexé par la vanité de son adversaire, celui qui occupait le corps d’Amalia fit briller ses ailes électriques avec plus de vigueur, lançant des éclairs sur l’humain qui s’efforçait de les esquiver.

    Il poursuivit par un gigantesque rayon magique chargé de foudre, qui emporta dans son sillage le sommet de la tour de papier, laissant le reste en feu. Liesel, les ailes repliées, flottait de l’autre côté.

    D’un battement d’aile il s’avança vers l’adversaire, accompagné de plusieurs lances, toutes ratant leur cible trop agile.

    Ecartant les deux mains et attrapant le bout de ses ailes, il les détacha, transformant ces dernières en deux énormes haches qui chutèrent avec lui sur le champ de force électrique que forma le démon.


    « Je n’ai jamais vu autant de prétention chez un être humain ! »

    Repoussé par une décharge, l’ange usurpé s’accrocha à la tête d’un serpent de papier géant qui s’était formé depuis la tour. Tout en jouant comme une mouche face à un gorille, Desdemona se vantait et insultait Liesel.

    « Je commence à cerner tes limites. » lança-t-il en serrant ses riant.

    Fulgurant, il disparut. Liesel ne vit que son poing fulminant réapparaître en frappant son visage.

    Le serpent se dissipa et son créateur chuta de nouveau. Réceptionné par un éclair qui l’immobilisa dans l’air en détruisant son énergie vitale, il ne put esquiver les coups d’Amalia, chacun chargé de magie. Concluant son enchaînement sur un coup de pied qui l’envoya plus loin encore, Desdemona termina sa démonstration par un nouveau rayon chargé qui fit disparaître la silhouette de Liesel.


    « Je ne peux pas… »

    Le faisceau disparu, le garçon se laissa attirer par l’océan, sans posséder la force nécessaire pour se relever.

    « … ne peux pas perdre ! »

    Couvert de cicatrices rouvertes et de bleus, il se décida à contre-attaquer, malgré l’avantage certain de son ennemi. Un cercle de papier parfaitement lisse, se dessina autour de lui, offrant à travers des ondes verdâtres un souffle d’énergie qui lui permit de déployer à nouveaux sa paire d’ailes.

    « Tiens donc, le prétentieux est toujours vivant. »

    Il se concentra, immobile, se laissant envahir par l’aura d’Helheim. Malgré les questions que cela fit naître, il continua, se persuadant que s’il ne pouvait avoir foi en lui, Yggdrasil, quant à lui, lui faisait confiance.

    Épuisé, l’albinos tenta son dernier assaut. S’armant d’une simple lance, il fonça vers son adversaire à une vitesse importante. Afin d’impressionner le garçon et de lui faire comprendre qu’il était supérieur, le démon ne bougea pas, laissant ses æthernanos le protéger de l’impact. L’arme enfoncée dans son abdomen, le démon riait.


    « Ahah… Ahahah, ce n’est que du papier !
    Gaë Bolg ! »

    Un cercle magique apparut autour de l’arme, mettant fin au rire de l’adversaire. L’arme se déploya en une multitude d’épines de glace et de bois, utilisant le pouvoir de chacun de grimoires jusqu’alors réunis, usant de la magie mis en œuvre pour guérir Liesel tout en nécrosant le corps de l’ôte démoniaque grâce à Helheim, que l’Engelwald venait de dompter.

    Amalia détendit ses muscles, laissant s’évader une buée noire qui fila vers le ciel. Son corps tomba dans la mer obscure. Le combat était terminé, l’humain avait gagné. Il regarda autour de lui, la tour restait introuvable, ce combat l’en avait éloigné. À bout de force, il se laissa tomber, dissipant ses ailes factices, chutant dans un brouillard qui lui sembla interminable.



    Fiche de RP (c) Miss Yellow

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    Re: Après l'Hiver par Liesel Engelwald Lun 14 Aoû 2017, 21:17
    Liesel Engelwald
    Liesel Engelwald
    Gardien du Savoir







    Après l'Hiver 1502722438-header-apres-l-hiver-3
    Après l’hiver

    Partie III



     Vision


    Liesel se réveilla baigné par la lumière d’un soleil transparent, chatouillé par l’herbe sur le sol et ébloui par le ciel parfaitement blanc qui l’entourait. Il se leva doucement, lavé de toute blessure.

    « Tu es réveillé, murmura une voix qui semblait omniprésente.
    — Où suis-je ? »

    Il avança de quelques pas, afin d’appréhender le brouillard opaque et doux qui l’entourait. Il s’aperçut qu’il ne portait aucun vêtement, pourtant en ce lieu paisible, cela ne le dérangea pas. Toutes ses émotions étaient apaisées, il était détendu.

    Il faisait face à visage qu’il voyait pour la première fois, pourtant il le reconnût immédiatement.


    Yggdrasil:

    Assise sur rondin moussu, la fille caressait l’herbe fleurie de son orteil, heureuse.

    « Je vous rencontre enfin, murmura Liesel.
    — Tu as réussi à m’atteindre…
    — Mais je pensais que vous étiez incomplète.
    — Hélas, je le suis encore – elle se leva et lévita avec lenteur – ferme les yeux, que ressens-tu ? »

    Le garçon s’exécuta et, les paupières closes, il comprit.

    « Ces sentiments…
    — Les quatre livres que tu as su dompter : l’espoir, la confiance, la peur et le doute.
    — Le doute… murmura Liesel. Qui est Desdemona ? »

    Yggdrasil se tourna vers la lumière.

    « Ce n’est pas un démon. Il a choisi cette forme car elle est celle qui lui sied le mieux. Il est la part d’ombre. Les ténèbres au cœur de l’humanité. Je n’avais pas été créée ainsi, affirma-t-elle en se retournant. Asgard m’avait conçue pour observer passivement les Hommes afin de montrer à ses maîtres qu’ils étaient Bons. Mais cela ne se passa pas comme prévu.
    — Les Hommes sont mauvais, les mages noirs… Ivan. Ils méritent de disparaître, établit l’adolescent.
    — Voyant cette part de corruption, un embryon est né, alimenté par ces méfaits que j’avais pour tâche d’admirer. Desdemona en est le fruit, bercé par le cri des victimes, nourri par le sang des faibles, éduqué par le rire des mauvais. Voilà longtemps qu’il est apparu. Quand j’ai réalisé que ce frère maudit était né, je dus briser l’unique règle que l’on m’avait imposée, j’ai agi sur le cours de l’Histoire pour essayer de l’arrêter.
    — Vous n’avez pas réussi ?
    — Je n’étais qu’une enfant, je n’avais pas la force. Asgard intervint, et divisa nos deux âmes en neuf fragments qu’il dispersa à travers le monde. Son embryon se réfugia dans Helheim, dans le Doute, là où naissent tous les vices. Ton ami faisait erreur, c’était son cœur corrompu qui nourrissait ce monstre, pas les vies qu’il prenait inutilement. Tu l’as affronté, mais il est toujours là.
    — Vous n’avez jamais parlé du neuvième fragment. Était-ce Amalia ?
    — Il avait besoin d’un corps pour arpenter lui-même Humanitas afin de renaître sous forme adulte. Amalia était ce corps. Nous avons su le détruire, mais il reviendra, cette fois-ci bien plus fort.
    — Pouvons-nous l’arrêter ?
    — Nous avons deux possibilités. Anéantir le vice. Ou l’affronter dans un combat à mort. S’il grandit, sa puissance sera incommensurable, et même moi ne pourrais rien faire.
    — Anéantir le vice… pensa Liesel à voix haute. »

    Il se souvint du départ de son voyage. Lorsque son Maître était entré dans l’auberge pour lui adresser la proposition de rejoindre Æternitas. Il se souvint de la promesse qu’il s’était faite, celle de créer un monde meilleur.

    « Liesel, je veux t’aider dans ta quête.
    — Donnez-moi l’emplacement du prochain grimoire. J’ai besoin de vos pouvoirs, sinon je n’aurais pas la force de purifier ce monde.
    — Muspelheim, la Bravoure, porteur de l’énergie magique du feu, dit-elle en se concentrant. Les possibilités s’entrechoquent, s’emmêlent, forment la toile du temps, sa voix résonne à travers elle et t’appelle : sous le soleil le plus ardent et le vent le plus aride, derrière l’eau la plus pure et la roche la plus dure. La Source du Feu le menace, en otage des volcans. Ce grimoire se trouve au cœur de la flamme la plus vive. »

    Liesel pensa à Ysaline. Sa destinée croisait encore la sienne. Il se souvint de son sentiment d’être un instrument. Le doute revint en lui en y réfléchissant, et la lumière qui les entourait s’estompa dans des tons plus sombres.

    « Yggdrasil… Suis-je un outil ? Toutes mes rencontres, depuis mon plus jeune âge, ma vie s’est axée sur la mission que vous m’avez confiée. Êtes-vous derrière tout cela ? »

    Sa voix se fit presque menaçante, teintée d’un manque de confiance. La fille sourit longuement avant de répondre, les yeux clos. L’atmosphère devint encore plus mystique, enrobée de volutes dorées et mauves et son visage se durcit, comme si elle lisait à travers ses paupières.

    « Tu n’es qu’un fil dans le tissu du firmament. Le temps s’étale mais ton câble détonne. Dans la tresse que les Anges tissent au cœur de l’Histoire, tu as ta place, mais tu n’es pas le seul. Tu en connais certains… le Chrysokrone… D’autres agissent dans l’ombre pour contrebalancer l’équilibre que vous vous efforcez d’installer. Je ne suis qu’un regard omniprésent mais borgne, écorché par l’inconnu qui se réfugie dans le vice. Je n’orchestre rien, car ce sont vous, les Hommes, qui composez votre Destin. »

    À ces mots flous, la lumière s’éclaircit jusqu’à éblouir le regard de l’humain. Le corps d’Yggdrasil disparut dans un calme tourbillon ambré, laissant à Liesel le vide pour seule compagnie. Envahi par cette lumière, l’Engelwald somnola et flotta dans une bulle au cœur de lui-même. Il s’endormit, bercé par les voix familières qui devenaient de plus en plus claires.

     Réveil


    Ysaline était couverte de blessures, qu’Irina se retenait de guérir, sous ordre de la pyromancienne. L’affrontement contre Helen et Ivan, qui aux yeux des jeunes filles venaient de tuer Liesel, s’était conclu par un match nul.

    Il put le voir, comme flottant au-dessus de la pièce.


    « Vous êtes plus fortes que ce que j’avais estimé… Aah…
    — Tu l’as tué ! »

    Ysaline se rua une nouvelle fois sur Ivan, son sabre de feu à la main, tournant sur elle-même pour esquiver les coups de faux, dans une chorégraphie travaillée. Taillant encore son abdomen tout en le poussant contre le mur, elle se protégea face aux éclairs, tandis qu’Irina faisait de son mieux contre Helen. Amalia s’écroula lentement.

    Liesel, assistant au combat, reprenais lentement ses esprits, voyant briller le grimoire maudit de plus en plus fort à mesure qu’il sentait le sol froid sur son dos. Tous les occupants de la pièce fixèrent l’objet luisant, lorsque Liesel se redressa subitement en hurlant « Desdemona ».


    « Liesel ! Tu es vivant !
    — Oui ! Non ! Je ne sais pas… Où je suis ? »

    Le cœur battant bien trop vite pour le laisser se calmer, Liesel se releva d’un coup, renversant par accident les livres des étagères alors que sa magie échappait à son contrôle.

    « Il faut que tu te calmes ! Que s’est-il passé ?
    — Desdemona ! Je l’ai affronté… J’ai gagné, je crois… On m’a aidé ! Yggdrasil m’a aidé ! Je suis vivant !?
    — Tu as vaincu… le démon !?
    — Non… dit-il en s’immobilisant. Non, il s’est enfui… J’ai détruit son hôte, mais Desdemona s’est enfui. »

    Sondant le livre, il sentit qu’il n’y était plus, pourtant il en était certain, ce monstre n’était pas mort. Mais son réveil était reporté. À Liesel de veiller à ce qu’il n’arrive jamais.

    « Des années de travail… de recherche… Nous étions si prêts… J’avais repéré la Source du feu, j’avais trouvé le moyen de le lib-…
    — La Source du feu !? interrompit Ysaline en brandissant sa lame.
    — La seule flamme capable de brûler les branches d’Yggdrasil…
    — Quoi !?
    — Père, j’ai échoué… »

    Menaçant le garçon par des braises rougeoyantes, Ysaline tenta de connaître l’emplacement de ce qu’elle cherchait. Celui-ci ne répondit que par un indice énigmatique avant de mettre fin à ses jours d’un coup de faux.

    Helen abandonna le combat, elle aussi. Enfin détendu, Liesel fut pris de vertige et tomba, ses forces l’ayant quitté.


    ---


     Rappel de sonnerie


    « Tu es sûr qu’il va bien ?
    — Oui, ne t’inquiète pas. S’il a combattu le démon comme il le prétend, il doit être épuisé.
    — Et toi, comment tu vas ? Tu as utilisé ta magie… Ton bras…
    — Je constate les dégâts… Je suis heureuse de m’en être sortie, dit mélancoliquement Irina. Je pense que je vais devoir avancer seule.
    — Mais Ilhem !?
    — Je ne suis pas dupe… je veux rester près d’ici, pour veiller sur lui… Mais je sais très bien qu’il ne pourra pas revenir.
    — Je vois… Désolée.
    — Tu n’y es pour rien, Ysaline. J’ai préféré le sauver de cette manière. Peut-être trouverais-je un moyen, mais je ne veux pas te lier à moi. Tu as un objectif, poursuis-le.
    — Je vois… Merci de m’avoir accompagnée jusqu’ici. »

    À travers son demi-sommeil, les voix des filles put parvenir jusqu’à Liesel, rapidement supplantées par celle de Sirius, qui fit sursauter le garçon.

    « Tu comptes faire le mort combien de temps ?
    — Ah !
    — Je me suis inquiété, tu sais. J’ai vu ton énergie disparaître, pourtant tu étais toujours en vie, je savais pas quoi faire moi ! Tu serais resté trente secondes de plus et je débarquais au Temple, je te l’assure.
    — Désolé, je n’ai moi-même pas compris… »

    Les souvenirs de Liesel étaient flous, mais il savait plus ou moins ce qu’il s’était passé. Irina et Ysaline l’avaient porté jusqu’à la maison d’Ilhem, où la mamie les avait reçues avec plaisir, demandant au passage des nouvelles de son petit. Malgré les tristes événements, tout le monde était content de célébrer la disparition du Malesla.

    Bien que les forces magiques du garçon ne fussent toujours pas revenues, il alla à l’extérieur pour prendre l’air, voyant parmi les hirondelles un oiseau de papier s’approcher de lui.


    « Qu’est-ce que c’est ? Une lettre… »

    Attirant jusqu’à lui l’animal, il l’ouvrit et comprit à la texture qu’il s’agissait d’un message de Mivard Dorsin. Il l’invitait à célébrer la libération officielle de la cité ainsi que l’élection du premier consul.

    « Je vais finir par m’installer dans cette ville, pensa-t-il.
    — Liesel ? demanda Ysaline en le voyant réunir ses affaires. Tu pars ?
    — Oui, pour Desierto.
    — Je pourrais… venir ? Tu m’as beaucoup aidé et… après la frayeur que tu m’as faite, j’aimerais rester avec toi. Quand ce type a parlé de la Source, tu as semblé comprendre de quoi il parlait. Ça avait un rapport avec ce que ton père nous avait expliqué, pas vrai ? Les livres et tout ça ?
    — Exactement. Et j’ai un indice sur la position de la Source.
    — C’est pour ça que j’aimerais te suivre dans tes aventures, et Yolagaar aussi ! dit-elle en le voyant pousser des petits cris.
    — Je suppose que ça veut dire un anneau pour madame ? demanda Sirius.
    — Si tu penses que Maître Mugetsu sera d’accord.
    — Bah, Nina a déjà ramené son demi-frère. Bon, elle a raison quand elle dit qu’elle est pas finie, mais si tu gardes un œil sur elle, ça devrait aller. Et puis j’ai tellement fait le taxi gratuit pour elle qu’il est grand temps qu’elle et moi discutions. »

    Le duo disparut en saluant Irina et la nounou, apparaissant quelques secondes dans l’ombre d’une ruelle de la Cité de Neferet. Accompagnés d’un petit aboiement qui témoigna de la présence d’Alkael, qui venait de les rejoindre, ils purent se diriger vers la bibliothèque.


    Fiche de RP (c) Miss Yellow


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    Re: Après l'Hiver par Nina Andersen Jeu 26 Oct 2017, 14:47
    Nina Andersen
    Nina Andersen
    Briseuse de Mythes







    Correction time !
    Je note cette partie individuellement puisqu’elle n’est poursuivie qu’après deux RPs. Ce sera un S !

    Aux 250 points prévus s’ajoutent 250 points pour une histoire dans les règles.

    Et pour couronner le tout, tu détiens une base de 3650 Æthernanos.

    Voici venu le temps de boni des champs :

    ♦ Pas de perfection, bichon. Loin de là. Le pluriel et les accords ne t’aimaient pas mais alors pas du tout, ce jour-là...

    Récapitulatif des fautes pour les réclamations:

    ♦ Pour ce qui est de la cohérence, je n’ai rien trouvé à redire, donc tu obtiens tes 100 points.

    ♦ L’originalité est somme toute présente, avec une maladie originale et une espèce magique original. J’ai bien envie de donner 50 points, pour cette fois !

    ♦ 100 points toujours au rendu-vous.

    ♦ On poursuit avec 250 points d’humour parce que la mort c’est trop mdr ! Je dec’ : 70 points tout de même pour Helen et sa verve imprégnant le RP d’une touche d’humour noir, pour peu qu’on y soit réceptif – et je le suis –, quand bien même ce ne fut pas écrit ainsi à dessein.

    Et parce que m’imaginer Mugetsu à la poursuite de champignons me fait doucement rire... ~

    ♦ Et pour finir, 150 points de rédaction. Désolée, mais donner plus serait un peu forcé, car le nombre de fautes comparé à la longueur du texte, contrairement à Ragnarök par exemple, est très important. Puis à côté, l’écriture ne casse pas trois pattes à un connard : tu m’as habituée à mieux.

    Ce qui nous fait un total de 4620 patates dans ta gueule, euh, pardon, Æthernanos. Ça fait moins mal. Quoiqu’à bien y réfléchir...
    by Nina



    Correction time !
    Pour qui c’est qu’il est le S+ ? Pour Lieseeeel ! Comment ça je l’ai déjà fait ? Bim, 500 baffes dans la trogne de celui qui n’est pas content. Na.

    On ajoute à cela 500 points pour un entraînement complet, c’est-y pas beau ?

    Cela vient toper la base de 4290 Æthernanos !

    Maintenant, si vous le voulez bien, passons aux boni. Et si vous ne le voulez pas... Bah n’y passons pas, mais franchement, c’est pas un atout.

    ♦ Toujours pas de perfection, rooh.

    Récapitulatif des fautes pour les réclamations:

    ♦ 80 points de cohérence ici. 20 sont partis pour une raison divisée en deux : Yolagaar et Helen. J’ai au départ pris pour une incohérence le fait qu’Ysaline utilise Yolagaar alors que le début de la partie 2 indiquait qu’il ne l’accompagnait pas. J’ai dû remonter sur Cœur Éphémère pour voir que l’oiseau était en compagnie d’Irina. Ce n’est donc pas une véritable incohérence mais de la maladresse.

    Idem pour Helen : elle se fait effacer du RP très brutalement, alors qu’elle n’a pas eu un rôle si mineur que cela.
    Au final, les 20 points amputés relèvent plus de maladresses que de véritables incohérences.

    ♦ 10 points d’originalité pour le cœur de Helheim !

    ♦ 450 points d’histoire ! Eh oui ! Pour la simple raison qu’une histoire se clôture ici et que dans le même temps, une autre s’ouvre. 50 points ont été ôtés relativement à la partie 1 qui ne peut être dissociée de ces deux-là, mais que pourtant je note séparément.

    ♦ Passons à l’humou-... Ah non, le rendu, c’est vrai... Roooh... 100 points. Comme d’hab, en fait, et a priori, ce sera comme ça pour toujours. Et à jamais.

    ♦ Passons DONC à l’humour ! 40 points pour Sirius. Une fois n’est pas coutume, ses apparitions impliquent forcément l’apparition de points d’humour !

    ♦ Et tablons sur 250 points de rédaction. Il y a tout de même pas mal de fautes, deux-trois maladresses de tournures et de ponctuation, mais dans l’ensemble, c’est dans le tiers moyen-supérieur de ton écriture !

    LE TOUT POUR UN TOTAL DE AAAAAH 6220 Æthernanos. Eh oui.
    by Nina

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