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    Nina Andersen
    Nina Andersen
    Briseuse de Mythes








    Entraînement 6



    Toutes les chaînes se sont brisées

    Mes yeux parcouraient les lignes de mon nouveau recueil de nouvelles et, dans le même temps, un geste machinal de mes doigts et mon poignet mouvait une petite cuillère pour refroidir ma boisson. La fumée encore intense émanant de mon café viennois indiquait qu’il était encore trop prématuré de le mettre au contact de mes papilles, bien que j’en fus impatiente. Era accueillait d’excellents salons de thé, au moins un en tout cas. L’endroit où je me trouvais était en effet positionné dans une rue étonnamment calme au vu de sa proximité avec l’université. L’endroit, à la décoration claire, pastel, à l’occasion d’une semaine à thème, était assez peuplé, mais relativement silencieux. En réalité, il semblait que la majorité des clients fussent des étudiants, des filles notamment, en proie à d’intenses révisions et à la tentative de les rendre plus agréables autour d’un thé et de confiseries.

    Ce n’était bien sûr pas mon cas. En effet, je n’avais jamais connu d’autre école que mon manoir, d’autre professeur que mon précepteur ou Dirk, le dernier ayant pris la relève du premier à moindre mesure après les incidents de Shiero. À vrai dire, j’étais juste à Era en balade au départ. J’avais décidé de m’adonner à un petit plaisir consumériste dans les librairies de la ville et mes pas m’avaient guidée à cette enseigne qui ne m’avait pas déçue jusqu’à présent. Éclairs, ravissants. Café, une fois tiédi, goûté. Irréprochable. Et pourtant, j’avais une préférence non négligeable pour le thé en temps normal ! Mais la crème fouettée, épaisse et ferme, délectait mes papilles et adoucissait l’amertume de la boisson, laquelle provenait de grains torréfiés juste derrière le comptoir.

    J’étais une des rares à me trouver seule à ma place, recluse de la majorité des autres tables. Cela bien entendu ne me posait aucun problème et me convenait même très bien. Cette situation aurait pu durer, cependant… un trio de filles, à peine entrées dans le salon, s’installa à une table carrée presque tout à côté de moi. Je ne pus retenir un soupir et fis taire Sirius qui se jouait de mon âme sociable, comme à son habitude. Heureusement que je le portais dans mon cœur, sinon j’aurais eu tôt fait de me lasser de ses taquineries ! Le groupe fut toutefois un peu trop bavard à mon goût, un peu trop bruyant en fait…

    « J’aurais jamais dû prendre cette option… soupira longuement l’une d’entre elles.
    — Mythes et légendes du monde magique c’est bien ça ?
    —  On ne peut pas dire que je ne t’avais pas prévenue ! Je t’avais dit de venir en sémantique ancienne avec moi, tu n’as pas voulu, tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même. D’autant qu’on en fait aussi, de la mythologie. Tenez, commença la plus grande des trois filles à l’attention de ses deux camarades, les runes asgardiennes. Leur existence avait été oubliée des centenaires durant, et l’intérêt des chercheurs n’est réapparu que ces deux ou trois dernières années ! Personne encore, de nos jours, n’a percé leur secret et à vrai dire, même les plus érudits sur les runes n’ont jamais pu côtoyer leur pouvoir. Apparemment, il n’existe que quelques traces de leur existence dans un nombre de livres tellement limité que des rumeurs circulent comme quoi ces runes seraient décrites sur un support unique. Qui n’aurait jamais été trouvé, bien sûr. »

    J’avais peut-être médit un peu vite. La conversation de ces filles faisait finalement bien d’atteindre un volume suffisant pour parvenir à mon oreille dans le plus clair des langages. J’avais développé, depuis mon activité de tri libraire avec le Maître, un attrait particulier pour les runes. Cet alphabet piquait ma curiosité, plus particulièrement en ce qui concernait les runes magiques. La sémantique, la linguistique en général, n’étaient pas les aspects des symboles sur lesquels j’avais intérêt à me pencher : il s’agissait-là plutôt de leur magie. Et le terme de « runes asgardiennes » ne m’était pas inconnu, loin de là. Après tout, quel bon dictionnaire de runique et langage commun n’évoquerait pas l’existence de ces écritures magiques quasi-légendaires ? Du peu que je connaissais, je pouvais confirmer les dires de l’étudiante : même les mages savants travaillant sur ces runes peinaient à en percer le secret.

    Cependant, un détail de ses paroles ressortit à mon oreille plus que tous les autres : « un support unique ». J’avais bon espoir que les bibliothèques de la guilde contenaient un tel ouvrage ou quelque chose de semblable. Dans le pire des cas, solliciter Sirius jusqu’à ce qu’il en trouve l’emplacement, ou même la simple piste, me paraissait tout à fait envisageable. Je m’épatai de constater à quel point les circonstances pouvaient m’être bénéfiques, parfois. J’étais alors complètement fascinée par les runes asgardiennes et, alors qu’il ne restait plus une goutte de café dans ma tasse, toute mon attention était portée sur elles. Comme si entendre cette histoire de la bouche des étudiantes à côté de moi avait fait office d’électrochoc. C’était alors décidé. Je devais rentrer à la guilde et à ce moment-là, je n’aurais plus qu’un seul objectif : trouver des informations sur ces runes. Un frisson discret parcourut mon échine à la simple idée que je puisse disposer de leur pouvoir. Mes objectifs seraient alors tellement plus proches, mon utilité à la guilde tellement plus accrue ! C’était assez grisant d’avoir une telle soif de pouvoir… car je savais qu’au sein d’Aeternitas, aux côtés du Maître et de ma raison, je pouvais mettre cette force à profit dans la poursuite de buts louables.


    Il ne me fallut pas beaucoup de temps pour régler la note et quitter le salon de thé. Pas plus que pour me nicher dans une ruelle et attendre la téléportation de mon ami. Une fois dans les locaux de la guilde, ni une, ni deux, le sixième étage de la Haute Tour. La salle des renseignements serait en effet un endroit parfaitement propice à la recherche d’un document aussi prétendument unique, ou en tout cas rare. Et quitte à demander à Sirius de me retrouver ces informations, autant le faire en grandes pompes, d’autant qu’ayant pris l’habitude de le questionner simplement mentalement, je n’avais jamais profité de cette salle en bonne et due forme. En y pénétrant, au premier pas posé, un bruit sourd surgit du chiffre cinq, au sol. Je savais que je ne devais pas aller ailleurs, de toute manière je n’y trouvais aucun intérêt.

    « Sirius, s’il te plaît… J’aimerais que tu me trouves, dans les bibliothèques de la guilde d’abord, éventuellement externes, toute information concernant les runes asgardiennes. Qu’importe si certains documents sont ardus à trouver ou comprendre, je veux ces runes.
    — Tu es bien décidée, dis donc. C’est louable remarque : c’est triste à dire mais les informations dont dispose la guilde à ce sujet sont plutôt limitées, en tout cas loin d’être complètes. Je pourrais en profiter pour remplir la base de données par mes propres moyens mais tu as décidé de t’en charger. C’est donc tant mieux que tu t’y intéresses !
    — Je sais. C’est pourquoi toute information à ma portée est cruciale. » répondis-je avec conviction.

    J’appris peu de choses mais elles étaient importantes. Je dus me rendre à la bibliothèque centrale pour apprendre grâce à un ouvrage d’érudit ancien (écrit lui-même en runique classique, ce qui nécessita le dictionnaire prêté par le Maître) que les runes, leur signification, en somme leur répertoire lui-même n’était pas si unique que nombre de gens le pensaient. À l’époque en tout cas, mais j’avais bon espoir que ce fût encore d’actualité. La source semblait sûre, le papier ancien, les propos bien amenés, les opinions et l’incertitude assumées.

    « Ce livre se trouve-t-il ailleurs qu’à Aeternitas, Sirius ?
    — Il se trouvait. C’est-à-dire que l’auteure, car c’était une femme, avait demandé à être enterrée avec tous ses écrits sur les runes, et pas seulement celles d’Asgard. Ce il y a plusieurs centaines d’années. D’après ce que j’en sais pour avoir parcouru rapidement la postface du livre que tu tiens, bien qu’elle ne l’écrive pas clairement, elle le fit car elle ne voulait pas que ses ouvrages tombent entre les mains de n’importe qui. Simplement, sa tombe se trouvait sous le terrain de construction d’un bâtiment administratif. Les documents ont juste fini par être achetés par un collectionneur qui les a mis sous verre. Puis il est mort. Et ce livre a fini sa route ici. Tu te passionnes relativement spontanément pour quelque chose de non négligeable, Nina. Tu grandis, papa sera fier de toi quand il te verra atteindre les sommets, me taquina-t-il sur un ton faussement larmoyant.
    — Lequel ? » ris-je doucement en refermant précautionneusement le livre aux précieuses informations.

    De retour à ma chambre, je pus me concentrer sur ce que je devais faire par la suite. Le secret des runes asgardiennes était disséminé de par le monde, chaque symbole étant indépendant et disposant de son propre parchemin. Enfin, « parchemin » disais-je, mais je n’en savais strictement rien. Ces secrets étaient-ils gravés sur des autels de pierre ? Ou peut-être simplement écrits sur des rouleaux cachés ? Le court ouvrage ne semblait pas prendre position sur cette question. En tout cas, de toutes les pages que j’avais parcourues, rien n’était mentionné au sujet de la nature de ces runes. J’espérais simplement qu’il ne s’agissait pas d’une notion abstraite, une formule à entendre de la bouche de Dame Nature et ressentir au plus profond de son cœur ou tout autre niaiserie du genre. La magie, surtout la plus ancienne, pouvait être très mystique dans son processus d’acquisition mais cette hypothèse ne me vendait pas du rêve.

    Seul le temps que je passerais à déchiffrer ces lignes, armée de mes bien pratiques lunettes du vent, m’en apprendrait plus. Pour être honnête, j’en avais la gorge serrée. Pourquoi me montais-je autant la tête pour un pouvoir dont je n’étais même pas sûre de pouvoir me servir ? C’était étrange… J’avais dû prendre goût à l’aventure en plus de tout ce que j’avais appris à aimer au sein de la guilde. Un tel sentiment de passion, la conscience que mes efforts et ma réussite ne profiteraient pas qu’à moi mais à Aeternitas et son but, l’espoir que ces recherches me mènent à Dimitri et Élianore ou l’excitation du défi étaient tant de symptômes que mon être présentait à cet instant.

    Mais pour assouvir cette passion, je devais retrouver mon calme intérieur et me concentrer sur les pages que je tentais de déchiffrer. N’importe quel indice me serait profitable, n’importe quel repère spatial le serait d’autant plus. Le livre n’était pas bien épais, une centaine de pages tout au plus. Son intérêt se trouvait plutôt dans ce qu’il décrivait des recherches de l’ancienne érudite et ce qu’il m’apprenait sur la femme elle-même. Son lien étroit avec les runes asgardiennes se laissait ressentir au fil de la lecture, c’était indéniable. L’accumulation de secrets, de questions, de mystères me donnait envie d’en lire toujours plus. Jusqu’à ce que j’arrive à la fameuse postface, plus précisément au dernier paragraphe.

    « Il serait dangereux de sous-estimer ces glyphes magiques. Mes recherches me l’ont appris, mal me prit de les sous-estimer tant d’années. Pas que chacun d’eux soit néfaste dans son utilisation solitaire, mais associés entre confrères, possédés par un cœur aussi puissant qu’il est noir, ils ne produiraient aucun autre son qu’un strident requiem à l’oreille du monde. Le fléau de magie noire qui pervertit nos enfants n’a, je le pressens, pas achevé d’étendre son influence dans notre monde. Malheureusement, je n’ai aucun autre pouvoir que ma dernière volonté pour protéger autant que je le peux ce monde si cher. Mes collègues, amis doctes, vétérans comme moi de la longue bataille de la connaissance, vous seul qui lirez ces lignes tant que Dieu me portera vie, écoutez ma dernière complainte. Un jour les méprisables entendront l’existence de mon travail, cependant que les bons auront besoin de mon savoir pour perpétuer ma lutte. Au nom d’Asgard, des onze muses à l’origine de ces lettres, je consacrerai mes dernières années à laisser espoir aux charitables, quitte à en perdre la vie ou mon âme au terme de mon errance. Je ne vous demande qu’une chose, confrères, consœurs, que mes savoirs m’accompagnent sous terre. »

    J’avais recopié l’intégralité de l’extrait sur une feuille et entouré, souligné, mis en évidence les premières et dernières lettres, les mots de clôture et d’ouverture de chaque phrase, en somme les techniques classiques les plus évidentes pour procéder à un message codé. Bien entendu, aucune n’avait porté ses fruits et rien d’étonnant. L’on ne parlait pas ici d’une énigme de cour de récré mais de la clé de voûte indispensable à la connaissance de sorts runiques mythiques. Devant moi, cinq feuilles noircies du même texte mais de ratures différentes. J’entamais la sixième, utilisant du rouge pour faire ressortir les informations les plus significatives.

    En premier lieu, la troisième phrase laissait supposer le danger des runes dû à un mauvais usage. Un « cœur aussi puissant qu’il est noir », cela ne pouvait se rapporter qu’à un mage noir doté de grands pouvoirs. Les runes, dont la nature ne m’avait pas été mieux renseignée, me posaient une nouvelle colle : quel était leur effet ? Si l’on pouvait les utiliser individuellement ou en association avec une ou peut-être plusieurs autres, peut-être que leur pouvoir résidait dans la capacité du mage à former des mots tangibles avec, un peu comme avec les glyphes de lumière. Mais pour le savoir, je devais en dénicher une.

    L’érudite parlait de muses. Onze muses auraient créé ces runes. Qui seraient au nombre de onze ? Cela me paraissait logique comme hypothèse, d’autant qu’au détriment d’une certaine scientificité, mon oreille et mon esprit percevaient bien cette théorie. Autant de runes à découvrir mais avant toute chose, je devais en apprendre plus sur ces entités. Quelque chose me disait que cela éclaircirait mes pistes… Grâce à Sirius, les informations furent vite dans mes mains. Par informations, il fallait entendre recueil de Légendes d’un autre temps, postérieur à l’ouvrage de l’érudite.


    Les muses asgardiennes étaient, selon la légende qui, visiblement, était plus fondée que n’importe laquelle, onze puissantes sœurs mages, filles d’un homme si puissant qu’il n’en serait pas humain. Ces muses étaient régentes de la cité d’Asgard, ancienne ville fondée et détruite par ces mêmes muses après la création de runes qui s’avérèrent constituer leur plus grande œuvre mais aussi leur pire échec. En effet, originellement créées afin de renforcer et épauler les guerriers durant les batailles, ces runes, au nombre de dix et aujourd’hui objets de mes convoitises, avaient pour défaut justement qu’elles n’étaient pas réellement dix. La dernière muse, considérée comme corrompue par ses consœurs et traitée comme marginale, n’aurait pas eu de symbole, n’aurait pas pu participer à la protection de sa patrie qu’elle chérissait malgré tout. Cette dernière créa néanmoins la onzième rune, maudite, et la déploya en guise de vengeance, semant l’ivraie dans la fratrie au pouvoir. Ce fut alors la guerre au sein même d’Asgard, laquelle ne subit d’assauts d’abord que de coalitions formées entre les muses, avant que celles-ci n’éclatent pour laisser place à onze partis et un chaos démesuré. Le père aurait eu vent du désastre et mis fin, grâce à son pouvoir, à la bataille qui aurait pu avoir une issue bien plus dramatique sans son intervention. En guise de sentence sur chacune de ses filles, l’homme les condamna toutes à un jugement unique, à savoir le scellement de la rune dont elles étaient l’origine au terme d’un exil, dans un endroit du monde tenu secret à quiconque n’appartenant pas à la famille et chaque fois différent. La plus âgée seulement fut contrainte de rester sur les ruines encore fumantes d’Asgard, cela pour purger la ville et implorer le pardon aux âmes des habitants. Pour cela, elle profita de l’élément de son glyphe, la pluie, Úr, associée à son tempérament tantôt serein, tantôt frénétique. Elle médita au centre du champ de bataille, trempé par un orage inaltérable, après avoir perdu sa capacité à mouvoir ses doigts tant elle avait bâti de tombes peu avant. Le livre raconte qu’aux portes de la mort, à l’issue de son oraison, elle prononça une dernière fois l’incantation de sa rune, dans une dernière volonté irresponsable de perpétuer son erreur. Chaque mage qui restituera cette psalmodie, seul sous un orage, rencontrera l’âme errante de cette muse au cœur trop lourd pour quitter son tourment. C’étaient là les termes du livre, la conclusion du mythe.


    Fascinant. Tout bonnement fascinant. Plus j’accumulais de savoir sur ces runes, plus j’avais envie de détenir leur secret. Cette lecture-là m’avait permis d’obtenir une piste, non, un indice concret, presque une solution ! S’il me suffisait de méditer sous la pluie, il était dans mon intérêt de sacrifier une semaine ou deux de bonne santé. Cependant, cela pouvait tout aussi bien n’être qu’imaginaire. Rien ne me prouvait que tout ce que le livre m’avait appris n’était pas qu’un tissu d’inventions destiné à compléter le mythe... Mais je devais tenter. Si personne n’avait percé le secret des runes comme cela… peut-être alors n’en apprendrais-je pas plus. Après tout, je n’avais rien d’une érudite, pas plus que d’une experte prétendant au professorat. Avant d’accomplir quoi que ce soit à l’aveugle, je devais recouper plus d’informations et planifier mes actions. L’espace d’une seconde, je ne pensai plus rien : une idée me traversa l’esprit.

    « Les chercheurs ont-ils déjà pensé à méditer sur l’ancien territoire d’Asgard… ? Sirius, peux-tu s’il te plaît me donner la localisation exacte d’Asgard dans notre monde contemporain ? J’ai besoin d’y aller si je veux en apprendre plus sur les runes. »

    Celui-ci ne tarda pas à me répondre, peut-être touché par ma passion communicative.

    « Pergrande.
    — Tout à fait. Et en moins… vague, tu as ?
    — Une plaine relativement isolée dans les montagnes de Pergrande, non loin d’Iceberg. Mais quand je te dis ‘’dans les montagnes’’, je parle littéralement. La plaine se trouve réellement dans une montagne. Celle-ci est ouverte sur le sommet, sur quelque chose comme une centaine de mètres et c’est comme cela, et grâce au progrès technique des S.E.-Plugs permettant de voler de plus en plus haut, que le mystère d’Asgard et ses runes a été dépoussiéré quelques années plus tôt. Aujourd’hui, la zone est protégée par Pergrande et seuls les scientifiques ont le droit d’y pénétrer. Scientifiques qui n’ont toujours pas découvert le secret des runes, expliqua plus amplement Sirius. Peut-être, détailla-t-il, parce que contrairement à toi ils n’ont jamais eu entre les mains le livre de l’érudite. »

    Pratique, en effet. Je jubilais intérieurement, bien que cela ne se vît certainement pas sur mon visage. Une nouvelle fois, une question à l’attention de mon ami immatériel obtint sa réponse. Il pleuvait souvent sur cette zone, du fait de nombreuses et souvent intenses dépressions atmosphériques. Ma visite se ferait sur une de ces périodes, assurément. Restait l’incantation que je ne connaissais pas et qui n’était renseignée dans aucun ouvrage des bibliothèques de la guilde. J’avais la chance de pouvoir être téléportée entre le lieu de mon intérêt et la guilde à volonté, ainsi l’exploration préalable d’Asgard pouvait se faire sans grand souci. Mais autant ne pas perdre d’énergie et faire potentiellement d’une pierre deux coups en m’y rendant un jour de tempête.

    * * *


    Trois jours plus tard, c’était bon. Selon Sirius, aujourd’hui, un orage très important allait s’abattre au-dessus de l’ancienne Asgard. Je m’occupai de préparer des affaires, notamment une grande cape pour me protéger de la pluie, une micro-lacryma lumineuse achetée pour les besoins de l’expédition et les livres importants dont j’avais fait usage. Mes armes ne quittaient la dimension de stockage que lorsque je les faisais aiguiser par Dirk, ce à quoi j’avais bien entendu pensé. Qui pouvait prévoir ce qui était susceptible de me tomber dessus…

    Prête à partir, j’eus une pensée pour le Maître et me rendis à son bureau pour lui en faire part. Cependant, je m’arrêtai face à la porte, sur le point de frapper mais ravisée. Ce n’était pas nécessaire. Cette fois-ci, je voulais essayer par moi-même sans demander de conseils a priori à qui que ce soit. En l’occurrence, j’avais songé à demander à l’Archange, bien familier à ce concept, de me donner des conseils sur la méditation qu’il me serait nécessaire de pratiquer pour valider, ou non, ma théorie et mon plan d’action. Rebroussant chemin, je me répétai mentalement que j’avais trop compté sur lui ces derniers temps et qu’il me fallait par conséquent prendre le risque seule. Dans le futur, que j’espérais proche, je ne faisais bien sûr pas une croix sur quelques exercices assistés !

    Le portail dimensionnel m’attendit quelques minutes, le temps pour moi d’y amener mes pas. Je m’attelai à la procédure habituelle, à savoir remplir le registre de sorties, et traversai le portail sans hésitation, les yeux fermés. Quand mes paupières cesseraient d’être closes je pourrais détailler le premier paysage de Pergrande que je verrais. Je n’avais aucune appréhension vis-à-vis de la pluie, alors il n’y avait aucune raison que je puisse être déçue ! D’autant que la danse de mon cœur devenait plus endiablée encore. Ma passion pour les runes était revenue mais là, j’étais peut-être sur le point de percer à jour une partie de leur secret ! Comment ne pas être excitée ? En tout cas, lorsque mes yeux refirent face au jour, je le fus plus que jamais.

    Mais quelque chose clochait…

    « Sirius…
    — Hmm ?
    — Où… Où est l’orage… ?
    — Il sera là dans moins une heure, mais le ciel commencera à s’assombrir d’ici une vingtaine de minutes. La vue te plaît ? aurait-il souri s’il eut été doté d’une bouche.
    — Pas du tout… »

    Il était clair qu’à ce stade-là d’ironie, l’on ne pouvait même pas parler de sarcasme. Une rivière, à l’eau claire et rapide, parsemée de petits dénivelés. Une brise fraîche, pure, emplissait ma gorge au point que j’osais à peine la respirer. De l’herbe, verte, sauvage, recouvrant un terrain capricieux, grimpait parfois sur des rochers disposés de manière aussi hasardeuse qu’harmonieuse au bord du chemin. Le ciel grisonnant était quant à lui tapissé de nuages encore blancs. L’atmosphère, légèrement brumeuse, respirait la pureté, rien d’humain ne se trouvait aux alentours, si ce n’était moi. Nul ne se serait douté qu’à cette altitude, où une montagne plus haute encore s’imposait à l’horizon, résidaient les restes d’une ville antique et mythique à l’origine d’une écriture magique au grand potentiel. J’étais fascinée, excitée et détendue à la fois.


    L’on voyait effectivement bien que le sommet était fendu, ouvert, effectivement béant sur une petite centaine de mètres à première vue. Cependant, il semblait difficile d’imaginer que quelque chose se trouvait à l’intérieur. Je comprenais mieux pourquoi il avait fallu attendre le progrès des ballons de transport pour apercevoir qu’il ne s’agissait pas d’un simple cratère. Mais cela rendait le mystère d’autant plus épais : comment une montagne avait bien pu pousser comme cela ? Mystérieux sans trop l’être en réalité… C’était forcément l’œuvre de la magie. La question était plutôt de savoir qui en était à l’origine, mais elle était plutôt subsidiaire à côté de mon objectif.

    « Tu baves. »

    Dans un réflexe, comme si je venais de me réveiller, je sursautai et essuyai ma bouche d’un revers de poignet. L’influence fascinatoire qu’avaient sur moi tant le paysage qu’Asgard et ses runes m’avait fait oublier que Sirius était d’un naturel taquin, tout particulièrement avec moi, cible facile. J’avais avec le temps appris à passer outre mais il m’avait eue par surprise. Je fronçai les sourcils pour le réprimander tacitement, même s’il s’agissait plutôt d’un signe de frustration quant à ma « défaite ». Le bon côté des choses était que cela m’avait réveillée. Je devais me rendre au cœur de la montagne, descendre à Asgard et en profiter pour explorer avant qu’il pleuve. En revanche, je tenais une chose pour sûre : j’avais la ferme intention de revenir côtoyer ce paysage.


    Une téléportation de plus fut bien entendu nécessaire, car je n’avais ni la foi d’escalader la montagne, ni le matériel pour une descente en rappel une fois au bord du trou. Une fois sur place, je pus détailler les alentours, bien moins lumineux que l’endroit où je me trouvais un instant avant, évidemment. Mais l’ouverture au sommet restait bien assez large pour permettre d’entrapercevoir ses pieds en extrême bordure de la cavité lorsqu’il faisait bien jour. Bien entendu, je n’avais pas atterri directement en pleine lumière. Je n’avais pas oublié qu’il s’agissait maintenant d’un site protégé et étudié. Précautions étaient de mise, ainsi me trouvais-je dans un espace troglodyte relativement restreint mais très bien situé pour l’observation. Il n’y avait personne aux alentours. L’endroit n’avait pas de charme particulier à première vue, dans le sens où si l’on ne savait pas où l’on mettait les pieds, rien n’était fait pour véhiculer un sentiment de passion. Bien au contraire.

    Des tombes, partout autour de restes de bâtiments en pierre. Certains tenaient encore debout mais dans quel état. Les années, l’humidité et l’obscurité avaient fait se développer le lichen et la végétation grimpante. Mais les empreintes laissées par l’Homme, celui venu étudier les lieux depuis un couple d’années et un peu plus, se manifestaient par, entre autres, des rubans tendus çà et là pour délimiter les zones à risques ou la présence de trous creusés dans le sol, certainement pas par l’érosion. Du regard, je jaugeai la taille d’Asgard. Si dans les temps antiques il s’était agi d’une grande ville, selon nos standards actuels, il valait mieux la qualifier de bourg. Il me restait une petite demi-heure avant l’orage. Je devais me hâter de trouver un indice sur l’incantation à méditer…

    Parée de ma cape, tête couverte en prévention d’une apparition étrangère peu appréciable, je fusais d’un endroit à l’autre, entre les tombes des habitants d’Asgard si j’en croyais la légende qui me paraissait de plus en plus réelle. Mes yeux bougeaient inlassablement de gauche à droite dans l’espoir d’apercevoir un bâtiment plus grand que les autres qui ne soit pas – je m’étais faite avoir quelques minutes plus tôt – un simple éboulement rocheux à la forme trompeuse. L’intensité lumineuse baissait de plus en plus alors que le ciel s’assombrissait petit à petit, ainsi avais-je pris en main ma petite lacryma lumineuse. Le froid prenait ses aises en parallèle et je ne regrettais absolument pas de m’être habillée chaudement. Au terme de quelques minutes de course, alors que je commençais à perdre le peu d’endurance que j’avais – encore qu’avec mes entraînements physiques elle avait doublé en relativement peu de temps –, mon pied frappa une zone de terre qui éclaboussa ma chaussure et mon collant dans un bruit visqueux. Arrêtée net, j’observai ce que j’avais foulé. Rien en vérité, juste la terre. Mais mouillée. Alors qu’il commençait à peine à bruiner.

    Je me trouvais juste à côté d’une sépulture, presque identique à toutes celles entre lesquelles j’avais slalomé dans ma course à l’information et quasiment au centre de l’ouverture de la montagne. Un texte était gravé dessus. En runes classiques. Ce n’étaient pas juste un nom et une phrase unique d’épitaphe, non : un petit poème entier. Alors que je me penchais, prête à sortir mon dictionnaire pour le traduire avec autant d’exactitude que possible, une faible odeur titilla mes narines. Je pivotai dans l’espoir d’identifier sa nature. Une odeur de nourriture, très vague… De la viande cuite, quelque chose comme cela… Des scientifiques étaient ici et je ne les avais pas vus ?!

    « Sirius ! criai-je intérieurement.
    — Oui ? On ne peut pas examiner l’autre bout du monde tranqui-…
    — Tu l’examineras tout à l’heure ! Je crois que des gens sont ici, peux-tu me le confirmer ?
    — Aucune présence magique humaine en tout cas. »

    Des scientifiques, donc. Cachant dans ma main et sous ma cape ma lacryma pour plus de discrétion, je tâchai de mémoriser la tombe clé et m’aventurai vers ce que j’identifiai comme de la fumée, ce malgré la pluie qui commençait à réellement tomber et brouiller ma vue. Ils étaient loin du trou, sinon impossible pour des non-mages d’allumer la moindre flammèche sous de telles trombes d’eau. Bon… La distance qui nous séparait était suffisante pour que le bruit de l’orage, qui s’était bien mis en place, m’empêche d’entendre le moindre son provenant de leur position. J’imaginais que c’était réciproque. Alors je ne me questionnai pas plus, calmai mes battements de cœur et retournai à la tombe avec hâte, prenant bien garde à ne pas trébucher sur le sol de plus en plus glissant. Ouvrant mon dictionnaire runique sous ma cape et mon corps courbé – il ne devait pas prendre la moindre goutte d’eau et c’était difficile –, éclairant chaque mot grâce à ma lacryma, je me trouvais dans une posture ridicule mais indispensable tant à ma discrétion qu’à l’intégrité du dictionnaire du Maître.

    Je parvins en premier lieu à obtenir la transposition des termes dans notre alphabet classique. La traduction qui vint ensuite se devait d’être la plus fidèle possible. Pour réciter une incantation, il était nécessaire de savoir ce qu’elle signifiait. Mais une seule rune me posa problème. Celle-ci n’était pas répertoriée par le dictionnaire. Impossible d’en connaître la prononciation ! Il devait pourtant bien y avoir une solution !

    « J’ai tous les éléments… Je suis sur les ruines d’Asgard, j’ai l’incantation, j’ai la pluie… murmurai-je à ma propre attention. Ce n’est pas possible qu’il n’y ait aucun moyen de trouver la prononciation… Pourtant il n’y a plus d’autre livre sur le sujet à Aeternitas ! »

    Il était très rare que je me livre à ce genre de cogitation à haute voix. J’étais vraiment frustrée de ne rien trouver, jusqu’à recevoir l’illumination.

    « La pluie… Mais c’est bien sûr ! »

    Je rangeai le dictionnaire, gardai mes notes et m’emparai du livre contant la légende d’Asgard. L’ouvrant à la page où le nom de la rune devait être. La rune de la pluie s’appelait Úr. Le poème était devenu intelligible !

    « La pluie est la lamentation des nuages
    et la destruction de la moisson de foin
    et l’abomination du berger. »

    Je devais faire au plus vite et prononcer la version originale en méditant. Je n’avais encore jamais réellement médité, mais je devais faire vite et bien. Si des scientifiques étaient là malgré ce temps, c’était peut-être qu’ils avaient compris quelque chose ou, tout du moins, qu’ils cherchaient de plus amples pistes pour appuyer leur théorie. S’ils me trouvaient ici, j’étais mal. Heureusement que je portais ma cape. Ainsi, malgré le sol boueux je m’assis en tailleur, l’heure n’était pas aux tergiversations puériles. Je ne savais pas combien de temps cela allait me prendre, ni même si c’était la bonne solution. À vrai dire, plus je poursuivais mon action, plus je me mettais à douter. Effaçant cette idée de ma tête, néfaste à ma concentration, je posai mes mains sur mes genoux et fermai les yeux. J’avais froid, j’étais trempée, pleine de terre qui imbibait mes vêtements jusqu’à parvenir à ma peau… tout pour tomber malade avec des maux d’estomac en prime. Mais je devais en faire abstraction, parler, réciter parfaitement et surtout ne me concentrer que sur mes mots.

    « Úr er skýja grátr
    ok skára þverrir
    ok hirðis hatr. »

    Voici l’incantation d’Úr, rune asgardienne de la pluie. Selon la légende, la psalmodier sous l’orage me ferait rencontrer sa muse, la plus âgée de la fratrie, celle à avoir bâti tant de tombes et prié pour son pardon auprès du même nombre d’âmes meurtries en partie par ses mains. Je sentais mon ventre se nouer et mon cœur s’accélérer, signe que ma méditation n’était pas efficace. Je redoublai d’efforts et, quelques temps plus tard, peut-être un couple de minutes ou bien une dizaine, je ne pensais même plus à réfléchir. Je ne pensais qu’à mes mots, répétés, débités machinalement. J’avais perdu toute notion du temps et n’avais même plus l’impression de ressentir l’eau et la boue contre moi. Jusqu’à ce que je me sente comme si la pression m’entourant avait doublé l’espace d’une seconde, coupant ma respiration. J’ouvris les yeux brusquement et par instinct entrouvris la bouche à la recherche de ma fraction d’air perdue. J’avais terriblement mal, partout, pas le moindre de mes membres n’en réchappait. Une lueur bleue, légère, m’entourait, tandis que dans ma tête retentissait un son strident et extrêmement douloureux. Un cri m’échappa tandis que la douleur s’intensifiait dans le reste de mon corps. J’entendis une voix, féminine, éthérée, couvrant les sifflements.


    « Tu es faible, mage… Pourquoi donc désires-tu mon pouvoir ? Tu n’es pas la seule à avoir dépensé tant d’énergie pour ce dessein. Mais tu es la première, depuis des années, des centaines, à te risquer à posséder mon pouvoir. »

    Je ne compris pas tout de suite qui me parlait, je me sentais ailleurs tant j’avais mal. Je me tenais l’estomac, j’avais rencontré le sol, cherchant une position qui ne me ferait pas tant souffrir. Sans succès. Et la voix ne m’attendit pas pour reprendre sa tirade.

    « Il est normal que tu souffres. Mon âme est en toi pour te parler. Tu l’as réveillée, mage, et elle est trop intensément magique pour ton organisme. Tu souffriras tant que je resterai en toi, et je resterai en toi tant que je ne t’aurai pas jugée apte à recevoir mon pouvoir. Il doit vivre. J’ai pu préserver mon âme tout ce temps afin qu’elle perdure en ce lieu, ainsi y suis-je maintenant liée. Mon pouvoir lui aussi doit perdurer. Pourtant, je connais mieux que quiconque son potentiel entre les mains d’un cœur impur comme le fut jadis le mien. J’attends un hôte. Le dernier prétendant, il y a si longtemps, m’a fortement déçue. »

    Silence… Si elle savait que je souffrais, pourquoi s’adonnait-elle à de si longues phrases ? Pourquoi me faisait-elle ressentir cela ?! J’avais l’impression que de la salive perlait au coin de mes lèvres. Je me sentais perforée, étranglée, écrasée. La seule chose dont j’étais à peu près consciente était mes râles de douleur. Aucun autre son ne quittait ma gorge.

    « Sirius… tentai-je, sans succès, de murmurer.
    — Ton cœur n’est pas noir, même s’il est loin d’être blanc. Réussis à me dire pourquoi tu veux mon pouvoir et je te le confierai si la réponse me sied. »

    C’était de la torture… Tout bonnement… J’étais sur le point de perdre connaissance, je le sentais, mais à la douleur venait s’ajouter les larmes et la peur, celle de vouloir tout arrêter et ne peut-être jamais vouloir se réveiller. Elle me demandait de parler. J’essayais de bouger les lèvres mais je ne le ressentais pas.

    Soudain, mon corps se relâcha. Ce fut bref car après coup, la sensation de douleur me revint. Mais de moins en moins forte, bien que ce fût très lent. Mais le moindre apaisement, je ne pouvais que le ressentir. Mon corps était glacé, visqueux, lancinant malgré tout. Étais-je en train de m’accoutumer à l’intensité aethernanique en moi ? Ou bien avais-je atteint un tel niveau de douleur que je ne la ressentais presque plus ? La voix de celle que j’avais pu identifier comme la muse de la pluie m’apostropha de nouveau. La douleur revint.

    « N’en dis pas plus. »

    Qu’avais-je dit ?

    « Ton âme m’a parlé à ta place, elle a choisi tes mots à ta place. Très bien. Je t’octroie mon pouvoir. Mais tu dois prêter serment. Toi. Tu ne dois jamais dire à quiconque en qui tu n’as pas confiance l’origine de ce pouvoir. Tombé entre tes mains, il pourra revivre et racheter ses péchés grâce à toi. Tu es maintenant la propriétaire d’Úr. Mais si elle venait à appartenir à un cœur noir, un puissant cœur noir, corrompu… Asgard réitérerait. Promets-le-moi tout comme tu le promettras à mes sœurs quand tu les rencontreras.
    — Je… -mets… Promets… »

    Je l’implorai de quitter mon corps. Je n’en pouvais plus.

    « Souffrirai-je ainsi… Toutes… les runes… ?
    — Tout dépendra de toi. Tout dépendra de ta capacité, physique mais aussi mentale, à assimiler la puissance de l’âme d’une entité plus puissante que toi. Si tu restes faible, ne cherches pas à repousser tes limites, alors tu souffriras chaque fois que l’on te forcera à passer outre. Maintenant, cela ne tient plus qu’à toi. »

    Au terme de sa phrase, je la sentis abandonner mon corps, troquant la douleur qui me quittait contre une impression de nausée qui s’estompa à mesure que je reprenais mes esprits. Sa voix, bien plus lointaine, me murmura une dernière chose dont je peinai à comprendre la fin.

    « Il y a des siècles, elle a voyagé pour protéger les runes. Suis son chemin et montre-toi digne de nos symboles. Tu y es liée dorénavant. Si tu te sens apte à affronter la douleur de nouveau, rends-toi sur cette Terre là où les ifs sont les plus hauts. Pour l’heure, récite et fuis. Ils ne doivent pas savoir. »

    Mon corps se déraidit, las. J’étais encore au sol. Mais je compris vite les derniers mots de la muse. Mes hurlements n’avaient pas été illusoires et les scientifiques se ruaient sur moi, partagés entre l’inquiétude et l’incompréhension, me demandant en criant, trop fort pour moi, des questions évidentes. Qui étais-je. Que faisais-je là. Ils étaient deux. Le plus gros commença à m’attraper par les bras pour me rassoir, avec peine car je ne l’aidais pas le moins du monde. Je devais fuir vite, me cacher derrière un rocher, ou dans une petite cave, et me laisser téléporter. Mais je ne m’en sentais pas la force. Je n’irais jamais assez vite pour les semer…

    Mais j’obéis à la muse. J’obéis en psalmodiant, dans un murmure, d’une voix peu articulée, l’incantation d’Úr. Je sentis mon front me brûler légèrement, puis vis une légère aura bleutée m’entourer l’espace d’un rien de temps. Ne me sentant pas plus revigorée pour autant, je décidai de tenter le tout pour le tout et prendre mes jambes à mon cou.

    Je m’arrachai à la poigne du scientifique et réunis tous mes efforts pour tenir sur mes jambes chancelantes. Ce qui finalement… se fit plus facilement que prévu. De même que ma course qui, bien qu’hasardeuse, se faisait plus vite que j’aurais pu penser ! Même si c'était un mot trop puissant pour décrire mon allure… Les runes asgardiennes avaient pour origine le soutien militaire, c’était vrai, je m’en rappelais… Mais trêve de pensées inutiles. J’aperçus une petite grotte, une petite cavité dans un mur caché par une haie rocheuse, un peu à la manière de l’endroit où j’avais atterri tout à l’heure. Je m’y engouffrai, à quatre pattes, tel un petit animal sur le point d’être abattu par le fusil d’un chasseur, trébuchant sans pouvoir me relever complètement. L’effet de la rune s’était dissipé très vite et n’avait pas tenu plus de quelques secondes… Mais tout cela se verrait à la guilde. Pour l’heure, une seule chose m’importait : rentrer.

    by Nina

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    Suis-je vraiment obligé de préciser ?

    S+.

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    Voici le compte-rendu détaillé de la correction :

    - c'était un entraînement, de plus de 300 mots, voici 500 points.

    - sans difficulté : S+, 500 points.

    - il y avait un total de... 412 lignes, soit 4 120 points de base.

    - comme on dit en Aveyron "j'ai fouïssat" pour trouver une faute. En vain.

    - cohérence irréprochable. 100 points.

    - l'idée est parfaitement originale. 50 points.

    - pour cette fois, je mets 400 points d'histoire parce que c'est une introduction magistrale à un vaste sujet. J'ai hâte d'aligner les 500 pour les fois suivantes.

    - multiplex repetitae placet : ne change rien pour le rendu. 100 points.

    - j'aime quand Sirius fait des farces à Nina, mwahaha. Nous dirons donc 120 points d'humour !

    - perfection et rendu parfaits ? Syntaxe excellente ? 300 points de rédaction, cela va de soi.


    TOTAL : 6 190 points augmentés à 6 200 par le bonus de perfection !

    Tu dépasses donc la barre fatidique des 70 001 æthernanos et devient donc une mage Expérimentée. Toutes mes félicitations ! [Entraînement 6] Les dernières chaînes se sont brisées - Transition arcs 2 et 3 [Corrigé] 1124116424

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