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    Völuspá






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    Völuspá par Liesel Engelwald Sam 20 Juil 2019, 16:08
    Liesel Engelwald
    Liesel Engelwald
    Gardien du Savoir







    Völuspá 190715114131626201
    Völuspá

    Partie I – Mirage (1/2)



     Attente.


    La pluie avait fait fuir les charpentiers qui s’occupaient des rénovations. Seuls dans le salon, à l’abri des éléments, Liesel et sa mère jouaient aux cartes. Alors que Liesel perdait souvent, l’habituelle Cläre aurait célébré ses victoires par des cris et des taquineries, mais elle n’en faisait rien. Quelques sourires sincères suffisaient à sa célébration, toujours suivis d’un soupir et d’un regard dans le vide. Liesel, lui, faisait tourner dans ses mains une carte, la pliait, la froissait, puis la réparait et recommençait. La raison de cette ambiance morose était à l’étage, couché.

    La colère du docteur Aceri avait fini par s’estomper. Depuis quelques jours, elle logeait temporairement chez les Engelwald. Elle avait rapidement mis de côté ses analyses pour tester la pierre sur Eyrick, que l’on avait ramené dans la résidence. Pourtant, même après une exposition prolongée et des effets de lumière témoins du pouvoir de la pierre, Eyrick était toujours dans le coma. Peut-être le fragment manquait-il de pouvoir ?

    Mais l’absence d’évolution inquiétait le docteur, qui ne voyait aucune issu à cette stase. La blessure du père avait complètement cicatrisé, et s’il eût été de bon conseil qu’il se repose encore quelques semaines, il aurait dû se réveiller il y a longtemps déjà.

    Si la piste d’une réponse avait su donner à la petite famille assez d’espoir pour s’amuser, l’échec de leur précédente mission leur pesait sur le moral.


    « Il y a forcément une raison… fit la mère, lassée de la énième partie.
    — Mmh?
    — Non rien, je pensais à voix haute. Je m’inquiétais juste. C’est pas normal qu’il soit dans le coma comme ça…
    — Oui… Et si c’était un sortilège ? Ou un poison ?
    — Le docteur Aceri l’aurait forcément vu, et si ça avait été un sort je l’aurais forcément senti, toi aussi… Au contraire, quand je suis près de lui j’ai l’impression qu’il… manque quelque chose. »

    Elle se leva, soupira et bougea jusqu’à la cuisine, comme pour chasser l’essaim d’inquiétude qui l’attaquait. Elle revint un plateau gourmand dans les mains et se rassit. Une tasse de café en main, elle renifla l’odeur chaleureuse qui lui rappela les premiers jours que le couple avait vécus ensemble. Cläre ne put s’empêcher de sourire. D’aussi loin qu’elle souvînt, il avait toujours eu ce maudit livre, celui que les deux femmes étaient venues chercher, Alfheim.

    « Attends, maintenant que j’y pense, c’est vrai qu’il a toujours eu ce livre avec lui, et si…
    — Tu parles du grimoire d’Yggdrasil ?
    — Oui. Je me dis que peut-être que c’est pour ça qu’il ne se réveille pas…
    — Je ne vois pas trop en quoi ce serait lié, à moins que… Mais oui ! S’il a été gravement blessé, peut-être que le livre a absorbé une partie de lui pour éviter qu’il ne meure !
    — Tu penses que c’est possible ?
    — Mmh… Moui… Oui ! Mais bien sûr ! Helheim absorbait l’énergie vitale des gens blessés, et Desdemona s’en servait pour se nourrir ! Ce qui veut dire que papa est sûrement à l’abri dans Alfheim !
    — Dans le grimoire…
    — Je devrais pouvoir trouver un moyen d’entrer à l’intérieur, mais pour ça il nous faut le récupérer ! »

    Mais où commencer ? Cläre s’inquiéta de la puissance de ses adversaires. Même si elle avait réussi à battre l’étrange mage des cubes, c’était en grande partie parce qu’elle avait accompli son objectif et qu’elle était partie. Qui sait comment les choses allaient tourner si les adversaires étaient sur la défensive.

    Avec Liesel, qui, il fallait se l’avouer, se battait mieux qu’Eyrick t, les Engelwald avaient leurs chances selon elle. Mais comment retrouver leurs traces ?

    Cläre fit part à son fils de tous les détails de la bataille, cette mage qui avait transformé l’espace pour le remplir de cubes. L’épéiste invisible n’avait pas été son adversaire, mais l’image de cette femme plantant son poignard dans l’abdomen d’Eyrick ne quittait son esprit… Si elle pouvait se venger et sauver son mari à la fois, elle acceptait sans hésiter.


    « Cette femme, fit le garçon, elle me dit quelque chose. J’ai connu une épéiste avec une magie d’invisibilité. Il y en a sûrement des dizaines mais celle dont je parle essayait de protéger Helheim, donc elle est liée aux grimoires. Mais je croyais qu’elle était morte…
    — Tu penses que ça peut être la même personne ?
    — Honnêtement j’en sais rien, mais ça nous donne un début de piste !
    — Dis-moi juste où aller et on part de suite !
    — La forêt de l’automne, à Pergrande.
    — P-Pergrande ?! Mais comment tu veux qu’on s’y rende ?! Et comment tu peux connaître du monde là-bas ? Ah… Tu as bien plus voyagé que ce que je pensais… »

    Le docteur Aceri fit remarquer sa présence en toussotant. Elle avait écouté la conversation précédente et profita de la solution trouvée pour annoncer son retour dans la capitale. Même si les recherches sur Eyrick n’avaient abouti à rien, elle avait pu trouver un sujet à étudier, et ce grâce aux Engelwald.

    « Si vous voulez demander à un mage téléporteur, je peux vous payer le voyage. Ils sont très chers par ici, mais après tout, je vous le dois bien.
    — Ca nous arrangerait beaucoup ! »

    Cette fois-ci, ce n’était pas pour quelques heures de marche qu’ils s’absentaient, mais pour un voyage qui serait peut-être leur dernier. Des préparatifs étaient de mise : tout d’abord, il fallait quelqu’un pour veiller sur Eyrick, et plusieurs connaissances de Cläre se proposèrent pour s’en occuper. Liesel aurait bien aimé retrouver Khamsin, mais il avait dû la perdre pendant l’éruption du volcan. Il n’hésita pas aussi à se servir du papier qu’il trouva un peu partout. Les livres étaient pratiques, mais lourd. Comme il s’agissait d’une mission importante, il ne fit même pas attention au genre de papier qu’il emporta, qu’il eût s’agit de facture ou d’attestations…

    Ils partirent quelques heures après seulement. Cachés sous une cape imperméable, les trois silhouette rejoignirent le village et négocièrent un prix plus bas, ce qui ne fonctionna pas vraiment. Si Cläre n’avait pas menacé le mage, peut-être cela aurait-il marché… Quelques minutes plus tard, ils étaient à Pergrande, sous un ciel lumineux et une forêt aux couleurs chaudes.


    « La forêt de l’automne… Pour la protéger du froid d’Iceberg, un mage l’aurait piégée dans un automne éternel, c’est ce que m’avait dit la nourrisse d’Ilhem…
    — C’est très charmant par ici.
    — J’espère qu’Irina est toujours là. Allons au temple. »

    Le trouver n’avait pas été difficile. Sculpté dans du bois blanc à même le grand arbre de la forêt, son dôme de feuilles offrait une ombre particulièrement agréable en ce milieu d’après-midi. L’objectif précis qu’ils avaient en tête et l’ambiance calme des lieux offraient au duo une sérénité qui tranchait avec leur inquiétude matinale.

    Dès qu’ils entrèrent dans le temple, Liesel vit la fille aux cheveux roses assise, la tête baissée, sur l’un des bancs. L’absence d’Ilhem le frappa et il baissa le regard un instant. Ysaline s’était senti coupable, et la solution pour le sauver n’avait rien changé au fait qu’il n’était plus là… Pourtant, il comprit très vite qu’Irina était bien plus forte que ce qu’il pensait.

    Il s’assit près d’elle, comme pour l’accompagner dans sa prière, et la mage ne bougea d’abord pas. Ce n’est qu’après quelques secondes qu’elle tourna la tête et sauta au cou de Liesel qui perdit l’équilibre.


    « Liesel ! Je suis tellement contente de te revoir ! »

    Elle parla fort tout en murmurant, pour ne pas déranger les quelques fidèles qui étaient assis dans la nef.

    « Je suis à la recherche de quelque chose, mais allons plutôt dehors ! »

    Les adolescents sortirent, pourtant Cläre préféra rester à l’intérieur. Le fils fut surpris de cet attrait soudain pour le lieu de culte mais ne fit aucune remarque. Dehors, Irina gardait la main sur son front pour se protéger du soleil qui l’éblouissait. Le garçon vit aussitôt la chair craquelée de la jeune fille remonter jusqu’aux épaules.

    « Comment vont les choses depuis le Malesla ?
    — L’épidémie s’est arrêtée. Je sais que je ne devrais pas, mais je n’ai pas pu m’empêcher de soigner les cas les plus avancés pour limiter les dégâts, dit-elle en souriant. Ilhem est toujours dans le même état que la dernière fois. Je lui rends souvent visite, les Échuirs ont fini par ne plus avoir peur de moi ! »

    Elle parlait avec une telle joie dans la voix, mais Liesel ne pouvait décoller les yeux du cristal émeraude qui rongeait son bras et le haut de sa poitrine. Elle n’essayait même pas de le cacher et en avait presque l’air fière.

    « Tu m’as dit que tu étais venu chercher quelque chose ?
    — Oui, une femme. Tu te souviens de la personne qui a diagnostiqué Ilhem ?
    — Tu veux dire Helen ?
    — Ah oui ça me revient ! Helen Brewster ! Ma mère et moi sommes à sa recherche.
    — Je vois… »

    Après le combat contre Ivan, Helen s’était rendue et Liesel n’avait pas fait grand cas d’elle puisqu’il était rapidement parti pour Desierto avec Ysaline. Il était loin de se douter qu’il reviendrait ici spécialement pour elle. Après la fin de l’affaire Malesla, Irina et Helen avaient beaucoup discuté. C’est ainsi qu’elle apprit que l’enveloppe charnelle utilisée par Desdemona, Amalia, était en fait la fiancée d’Helen. Parasitée à un point morbide, la jeune Amalia était liée au démon et ne pouvait plus vivre sans lui, d’où la collaboration d’Helen dans toute l’affaire. À présent qu’elle n’était plus, Helen n’avait qu’un seul désir : se venger.

    « Elle disait qu’elle était prête à terrasser le démon. D’ailleurs, un homme étrange arrivé dans le village juste après que vous êtes partis avec Ysaline, il était à la recherche du grimoire que tu as emporté.
    — Tu pourrais m’en dire plus sur cet homme ? Des inconnus sont apparemment à nos trousses et ils ont récemment pris une longueur d’avance.
    — Bien sûr. Helen a immédiatement rejoint la guilde de cet homme, j’étais avec elle quand elle est partie. Je crois qu’elle s’appelait… Quelque chose d’Edda, les pleurs… non, oui ! Les Larmes d’Edda ! Il avait un tatouage en forme de goutte d’eau.
    — À l’évidence cette organisation en a après les grimoires. Merci beaucoup, tes informations sont précieuses ! S’ils font partie d’une guilde, ils seront forcément répertoriés quelque part, je n’aurais qu’à demander à Sirius de me dire… »

    À cet instant, Liesel réalisa pour la première fois depuis des semaines que son camarade virtuel ne lui avait pas adressé la parole une seule fois. Le tatouage d’Aeternitas n’était plus, sa vie d’aventurier s’était presque éteinte. Il ne s’en était jamais inquiété, pourtant maintenant qu’il avait quitté sa résidence pour sauver son père, il ne put s’empêcher de regretter cette époque.

    « Comment va Ysaline ? »

    Perdu dans des souvenirs nostalgiques, le garçon sursauta à ce nom. Il plongea son regard dans celui d’Irina, qui souriait de manière si insouciante… Ysaline n’était plus. Il ne restait qu’un spectre de colère, un fantôme tout à fait vivant, brûlant d’un désir de vengeance. Mais comment lui dire ?

    « Ysaline est… elle a accompli son objectif, elle a trouvé la source du feu… alors j’imagine que maintenant… elle va rentrer chez elle.
    — C’est vrai ? C’est merveilleux ! Elle doit être si heureuse ! »

    Liesel détourna le regard pour cacher ses yeux humides et acquiesca silencieusement.

    Cläre de son côté était toujours dans le temple, les yeux fermés, bercée par le bourdonnement sourd propre aux grand édifices religieux. Dans son esprit, elle revivait les moments vécus avec Eyrick, fissurés chaque fois par l’image de ce poignard et de cette tâche de sang. Sans qu’elle ne put saisir pourquoi, le visage de cette femme la hantait bien plus depuis qu’elle était partie. Trouver du répit dans ce temple n’avait fait que l’angoisser, et elle se résolut à sortir pour prendre l’air, malgré la température qu’elle trouvait trop chaude, quoi de plus normal pour une icebergeoise.

    Elle bougea la grande porte grinçante et reprit son grand sourire en trouvant les deux adolescents assis sur un puits à quelques pas de l’entrée. Elle s’approcha en s’étirant bruyamment suivi d’un bâillement à la Cläre, c’est-à-dire disgracieux et effrayant.


    « Bon alors les loulous ça va ? On a des infos ?
    — J’ai dit à votre fils tout ce que je savais ! »

    Ravie de voir la mère de son ami en bonne santé, Irina le laissa récapituler les informations obtenues : Helen voulait se venger, elle avait rejoint les Larmes d’Edda, un groupe à la recherche des grimoires.

    « Il me tarde de faire mordre la poussière à cette garce ! »

    Cläre sautilla sur place pour se dégourdir et commençait déjà à s’impatienter. Irina ne questionna pas ses motivations. Elle se proposa pour accompagner son ami dans sa quête, mais Liesel refusa. Cela impliquait de se servir de se magie d’une manière ou d’une autre, et c’était beaucoup trop dangereux, son état s’était déjà aggravé depuis la dernière fois…

    « Je reviendrai te rendre visite, à toi et à Ilhem ! C’est promis ! »

    L’albinos partit en souriant, marchant derrière sa mère qui avait mis le cap sur le nord-est, vers la ville la plus proche : Orilon.

    ---


     Révélations.


    Bien au nord de la cité de Neferet, par de-là les Plateaux Décharnés, le Temple de Nahkrankh avait tant bien que mal résisté à l’éruption volcanique. La population se remettait doucement de la frayeur qu’ils avaient eu et les quelques blessés se portaient déjà bien. Grâce à la hauteur du temple, ils purent éviter les coulées de lave, et les constructions bâties à l’intérieur-même du canyon les avaient protégés.

    Là-bas, deux individus s’étaient faufilés à travers la ville, jusqu’aux restes de la cité de Jöltereg, au cœur du volcan.


    « Dis, tu crois pas que c’est dangereux ?
    — Il n’y a pas de raison, l’éruption était d’origine magique, pas naturelle. Tu sens ça ?
    — Quoi, l’énergie ? Evidemment, elle bouillonne, tu me prends pour qui ?
    — Nous arrivons trop tard.
    — Évidemment… Edda est toujours en retard dans ses prédiction, c’est pas d’notre faute…
    — Ne parle pas mal de lui !
    — Oulala pardon pardon… »

    Accroupie au bord d’un balcon rocheux, la femme observait avec regret la cité engloutie. À l’évidence, Muspelheim n’était plus là et la Source du Feu non plus.

    « Il nous a encore devancé… grogna l’homme. Si ça continue…
    — Ne t’inquiète pas, nous avons au moins Alfheim, de quoi gagner un peu de temps. Tu sais, pour l’avoir combattu, je ne pense pas qu’il ait conscience de ce qu’il fait. Ca, ou il est assez fort…
    — Personne n’est assez fort, Helen, personne. Edda en est la preuve. Mais si c’est lui qui possède la source du feu, alors nous faisons peut-être fausse route…
    — Comment ça ?
    — Nous nous trompons peut-être sur ses intentions. Helen, trouve-le et amène le nous.
    — Je mets Rei sur le coup dans ce cas. Dire qu’on a fait tout ce chemin pour rien… »

    La femme sortit un petit cube bleu de sa poche. Celui-ci se décomposa pour laisser briller une lumière qui entoura l’épéiste.

    « D’ailleurs, qu’est-ce qu’on fait du chien ? On va quand même pas l’abandonner.
    — Fais comme tu veux, du moment qu’il ne nous gêne pas.
    — Bon eh bien c’est décidé, tu pars avec moi, Nougat ! »

    Quel nom stupide, grommela l’homme. Helen disparut dans un flash, ainsi que son nouveau compagnon. À présent seul, l’individu mystérieux soupira longuement, inquiet de la tournure que prendraient la suite des événements.

    ---


    Cläre et Liesel avaient eu de la chance de croiser une caravane qui accepta de les emmener jusqu’à Orilon. Le garçon en avait profité pour feuilleter les papiers qu’il avait emportés, et y trouva certains documents importants, y compris une missive officielle de Bosco obsolète. Il les mit de côté pour ne pas les abîmer, à moins que le combat y oblige.

    Contrairement à la plupart des villes qui s’étalent à mesure qu’elles grandissent, Orilon s’était construite verticalement. Située dans des gorges très vertes, elle était le dernier rempart face aux montagnes du nord qui partageaient le même froid qu’Iceberg. Le temps s’était d’ailleurs rafraichi.

    Lorsque le duo vit l’enchevêtrement de ponts et de balcons s’emmêler sous le soleil, ils furent pris d’un vertige. Comment trouver des renseignements dans un tel labyrinthe ? Ils s’engagèrent sur le pont principal et virent sous leurs pieds les colonnes difformes de bâtiments s’étaler le long des parois rocheuses, les couvrant intégralement. Seuls les arbres perçaient cette tapisserie de briques et de métal pour offrir aux citadins l’illusion d’une vie rurale.


    o
     Orilon.


    Ils débouchèrent sur un café animé, l’endroit parfait pour trouver un début de piste. Malgré la population très jeune que l’on pouvait voir sur la terrasse, la tenancière était très vieille, et peu aimable.

    « Bonjour, nous cherchons des infor-
    — Vous consommez ou vous partez. »

    Le garçon eut un mouvement de recul et Cläre cacha un soupir. Ils n’avaient pas un sous sur eux et ils allaient probablement se faire mettre dehors s’ils questionnaient les clients. Liesel regarda autour de lui et son regard se posa sur le sabre de sa mère, où elle posait son coude.

    Le garçon se racla la voix et prit une posture droite.


    « Hum, permettez-moi de réitérer ma demande. Je m’appelle Liesel Engelwald, nous venons sous mandat du gouvernement de Bosco. Le Capitaine Leoni et moi-même sommes à la recherche de grands criminels qui auraient fui vers votre pays. Si vous refusez de nous aider, cela sera considéré comme un refus de coopération et les autorités de Bosco en seraient très gênées.
    —L-Liesel !! sursauta la mère, tu sais bien que je ne suis plus dans l’a-
    —J’ai ici un papier officiel, reprit le garçon pour couvrir la voix de sa mère, qui atteste de notre statut. »

    Il le secoua un instant et c’est là que la magie opéra : les dates et les noms furent changés, la famille était maintenant des membres importants du gouvernement. La vieille dame y jeta un bref coup d’œil et râla. Elle appela son mari d’un cri nasillard et celui-ci vint confirmer l’authenticité du papier. Surpris, sans dire un mot, il fit signe à sa femme de coopérer, d’un geste presque dédaigneux envers le garçon.

    « Bon, ouais, vous voulez quoi ?
    — Nous sommes à la recherche d’une certaine Helen Brewster, elle aurait rejoint les Larmes d’Edda récemment. Elle serait accompagnée d’un homme avec un tatouage représentant une goutte d’eau
    — Le fille me dit rien, mais le tatouage si, y’a un type qui passe des fois qui en porte un. Il va souvent à la bibliothèque, allez demander là-bas. »

    Elle indiqua le chemin du bâtiment à contre cœur, et le duo put partir avec les informations qu’ils cherchaient. Cläre resta silencieuse sur le trajet. Ce n’est que lorsqu’ils s’arrêtèrent devant les grandes portes de la librairie qu’elle commenta ce à quoi elle venait d’assister.

    « Rassure-moi, tu as conscience que c’était totalement illégal ?
    — Quoi ? Mon petit manège dans le café ?
    — Si les autorités l’apprennent, je peux avoir de gros problèmes… Comme si on en avait pas assez sur les bras.
    — Mais on en a un de mois ! fit Liesel en levant le doigt, on sait où aller maintenant ! »

    Pour le garçon, cette mise en garde était plus qu’étrange. La Cläre qu’il connaissait aurait attrapé la vieille dame par le col et menacé de lui faire avaler ses dents par le nez pour qu’elle crache le morceau. Il n’osait pas lui en parler, mais il s’inquiétait.

    La bibliothèque était très sombre, à se demander comment quelqu’un pouvait lire ici. L’odeur de poussière habituellement agréable caractéristique à ce type de bâtiment était ici dérangeante. C’était bien la première fois que Liesel ne se sentait pas à l’aise dans une bibliothèque.

    Le guichet principal put les renseigner au sujet d’Helen. Le garçon dut frauder à nouveau et le secrétaire put leur sortir les dossiers. Helen Brewster lui disait quelque chose, et il la trouva effectivement : elle avait demandé à lire un livre rare quelques mois auparavant.


    « Ah oui, je me souviens maintenant, ce livre… Il fait partie de nos livres anciens, l’emprunt est interdit car ils sont fragiles, mais je peux vous conduire à la salle de lecture en question si vous souhaitez. »

    L’odeur déjà désagréable s’intensifia lorsqu’il ouvrit la porte verrouillée et le temps qu’il passa à chercher le manuscrit. Il le trouva enfin : une gigantesque brique qui devait avoisiner les deux mille pages, écrit par Albdæ Marco. Liesel fronça les sourcils en lisant le titre.

    « Les quatre trésors d’Asgard… Attends… Ne me dis pas que…
    — Asgard ? Tu connais ?
    — Nina m’en a parlé, l’Ange qui a planté Yggdrasil. C’est un de ses trésors. Nina a détruit le deuxième, le Hvergelmir, et elle possède les runes de ses filles, le troisième.
    — Woah, tu connais de sacrés bonhommes… Attends du coup elle a deux reliques et toi qu’une, qu’on ne peut même pas utiliser en plus ? C’est pas juste !
    — Non ce qui m’alarme le plus c’est qu’il y a un quatrième dont on ignorait tout ! »

    Liesel ouvrit la table des matières et se rua sur le dernier chapitre : le Bifrost.

    Dans sa bonté sans limite et son amour pour les Hommes, l’Ange Asgard créa un quatrième et ultime trésor. Peu de légendes gravitent autour de ce dernier, car il aurait lui-même scellé cet artéfact pour protéger les Hommes. Si Yggdrasil était le témoin de leur histoire, que les Runes de ses filles leur donnaient la possibilité d’accomplir leur Destinée, que le Hvergelmir leur offrait une chance de la réécrire… Le Bifrost était un présent au plus braves des Hommes. Celui digne de rejoindre les cieux.

    Au cœur des montagnes les plus hautes siège un portail scellé, bâti par la main d’Asgard lui-même. Derrière lui, le trône de lumière est une porte vers le Paradis, terre inaccessible aux Hommes. Attristé par la condition faible et fragile de l’Humanité, Asgard voulut accorder au plus méritant l’incroyable privilège de rejoindre le domaine sacré, de l’élever au rang de Céleste. Pour le dire plus simplement, le Bifrost permet à un humain de devenir un Ange.

    Hélas, dans sa bonté et sa foi, Asgard défia les lois sacrées et son offense fut punie. L’ordre divin dissipa la lumière qui entourait l’Ange Asgard. Il fut condamné à rejoindre les mortels qu’il aimait tant.

    Bien que cette punition ne lui déplût pas, sans sa condition divine, ses reliques commencèrent à se corrompre de la rancœur, de l’égoïsme, du dégoût qu’il ressentait parfois, tel un être humain. La première qu’il scella fut le Bifrost, car les portes du paradis se devaient de rester closes jusqu’à ce que les Anges acceptent d’aimer les mortels.

    Rapidement, Yggdrasil fut corrompue : omnisciente, témoin de chaque crime de chaque seconde, elle perdit la raison et son esprit se scinda. Elle commença à combattre son homonyme. Sans ses pouvoirs, Asgard ne put que fragmenter cet esprit malade pour le paralyser, en craignant le jour où il se libèrerait à nouveau.

    Tragiquement, l’Ange périt avant de pouvoir stopper ses autres créations. Et c’est aujourd’hui aux mortels qu’incombe la tâche de défaire la grande erreur d’un Ange.


    « Bah dis-donc, il était sacrément bien renseigné ce Marco, fit la mère, insouciante. Je me demande où il a trouvé tout ça.
    — Moi aussi, je pensais que Nina et moi en savions beaucoup, mais il y a plus derrière tout ça…
    — Attends, j’entends quelqu’un ! »

    Cläre ne se serait en temps normal pas alarmée, mais elle venait d’entendre un nom qui n’avait rien à faire dans la bouche d’étrangers.

    « … qu’Irina nous a raconté des bobards pour les couvrir ?
    — Négatif.
    – Aah gna gna grimoire détecté, forcément on est dans une bibliothèque, tu crois vraiment qu’on va le trouver si facilement ? T’es déréglée ma petite Rei.
    — Grimoires détectés. »

    Liesel arracha les pages contenant les informations sur le Bifrost et sortit deux lames blanches qu’il était prêt à utiliser.

    « Cette voix…
    — Cette façon de parler… ce sont elles ! »

     Vengeance !


    D’un saut, Cläre se rua dans la pièce principale et fondit sur l’épéiste à la garde baissée.

    « TU VAS PAYER ESPECE DE GARCE !!! »

    Elle grimpa sur la table et sa charge fit voler les feuilles posées, qui devinrent aussitôt une pluie de lames qui accompagna la mère dans son assaut. Helen sursauta et disparut, esquivant l’attaque. L’instant d’après, la femme sortit de l’ombre, l’arme à la main. Des livres au sol, Liesel développa une carapace de papier qui entoura sa mère intégralement. La rapière d’Helen s’y logea.

    Immobilisée l’espace d’un instant, Helen fut la cible de nouvelles lames. Enfonçant un peu plus sa rapière dans l’orbe solide, elle s’en servit comme appui pour se renverser, les pieds en l’air. Accroupie sur le dôme, elle retira son épée et devint invisible. Liesel s’entoura d’un nuage tranchant et recycla le bouclier autour de sa mère en une bombe shrapnel.

    Aussitôt libre, Cläre invoqua un blizzard épais, et la silhouette enneigée d’Helen se révéla derrière Liesel. Il refit ses lames en un grand javelot qu’Helen esquiva. Il poursuivit sa course jusque dans la femme qui l’accompagnait. Blessée, la dénommée Rei ne saigna pas. Placide, elle fixa sa blessure avant de dire d’une voix machinale :


    « Hostilité détectée. Simulation d’un espace de combat. »

    Le javelot disparut et sa blessure se reboucha aussitôt. Les murs de la bibliothèque se couvrirent d’un voile noir, qui révéla des parois quadrillées bleues.

    « Liesel ! C’est bien elles ! Celles qui ont blessé ton père ! Rendez-moi mon mari… RENDEZ-MOI EYRICK !!! »

    Dans un déferlement de neige, elle se propulsa sur Rei qui se décomposa en morceaux de cubes. Liesel réitéra la stratégie précédente et un tourbillon de feuilles pu révéler l’emplacement de la femme invisible. Sortant de l’ombre, Helen se rua sur Cläre. S’en suivit un duel de rapières effréné, et l’adresse d’Helen avait l’avantage sur la rage de Cläre. Pourtant d’un furieux coup descendant qu’Helen para, elle prit l’avantage en mettant la combattante à genoux.

    « Quelle force… Cette femme, elle est avec lui ?! À moins que… Rei ! »

    Helen devint à nouveau invisible, de sorte que la mère n’esquive pas son coup de pied. Autour de Liesel se placèrent des cubes volants, qui se lièrent par une l’électricité bleue formant une cage autour du garçon. Helen réapparu dans la cage avec lui, la lame collée à sa gorge.

    « Un seul mouvement et j’ôte la vie de ton fils. »

    La mère se gela.

    « Bien, j’ai ton attention. Nous sommes venus négocier, pas nous battre. Ce serait dommage de perdre un second membre de ta famille. »

    Les yeux de Cläre devinrent d’un rouge sanguin. Des cris extérieurs parvinrent jusqu’au groupe, le ciel ensoleillé de la ville s’était recouvert d’une neige déferlante que la fureur maternelle animait. La mage refusait de négocier après ce que l’adversaire lui avait pris. Elle revit le couteau et la tâche de sang, la bouche de son mari prononcer ses derniers mots. Elle imagina son fils sans vie reposer sur le sol.

    « JE T’INTERDIS !
    — Helen, leurre détecté !
    — Comment ?! »

    La neige commença à pénétrer l’espace de simulation et Cläre, comme portée par elle, fondit sur son adversaire. Helen égorgea aussitôt Liesel, révélant un clone de papier.

    « KIEFER DES WALDES ! »

    La voix du garçon retentit et une mâchoire blanche se referma sur la bulle cubique qui entourait le groupe, menaçant de la briser.

    Les cubes qui formaient la prison de Liesel s’abattirent devant Helen pour la protéger de l’assaut de la mère, brisant son épée, la laissant désarmée. Les restes du clone volèrent vers la mère et prirent la forme d’une nouvelle épée identique. Fulminante, elle l’attrapa par la lame et se servit du manche pour frapper sur le mur qui la séparait de son adversaire.


    « RENDEZ-LE MOI ! VOUS ALLEZ ME LE PAYER ! SALES GARCES ! RENDEZ-MOI EYRCIK ! POURQUOI ! POURQUOI ! Pourquoi… »

    La Leoni s’écroula, les mains ensanglantées. Elle resta sans défense, comme suppliant le monde de l’achever pour qu’elle ne souffre plus.

    Rei lâcha un cri quand la bulle de simulation céda sous les crocs de papiers, révélant une bibliothèque ravagée. Liesel, debout sur une plateforme de papier, maintenant au-dessus de lui un grand cercle magique bleu. Sa mère leva les yeux. Son fils se tenait droit et sûr de lui et cette image distordue à travers ses larmes offrit à son fils une auréole azur. Elle avait fait le serment de le protéger jusqu’à la mort, et elle comptait bien le faire.

    Mais avant qu’elle ne se relève, un grondement sourd retentit dans la pièce de lecture voisine.


    « Uralter RIESE ! »

    Pour sortir sa mère de désespoir, le garçon était prêt à tout. Toute la bibliothèque trembla et une détonation survint sur le côté. Le mur venait d’exploser et à travers lui, on pouvait voir le visage d’un golem fixant les deux adversaires.

    « Ca alors, il plaisante pas… Je vous ai dit qu’on voulait négocier ! »

    Le golem leva son poing pour briser les restes du mur et massacrer ses adversaires. Rei invoqua plusieurs dizaines de cubes qui se réunirent former un second géant. Un combat de force allait se jouer, mais une voix masculine titanesque s’imposa, figeant les quatre combattants.

    « ASSEZ ! »

     Négociation


    Les géants disparurent et bien que sur leurs gardes, les Engelwald arrêtèrent le combat pour écouter cette homme. Sa présence était si forte que même Cläre calma sa rage.

    « Bien. Helen, Rei, je vous avais envoyées négocier, pas vous battre.
    — Hé ! C’est eux qui ont commencé !
    — Assez, j’ai dit. Tu dois être l’élu d’Yggdrasil. Je t’imaginais plus âgé… Je vous prie d’excuser mes associées, nous n’avions aucune intention hostile à votre égard. Mais avant de me perdre explication, évitons les problèmes. Rei ? »

    Elle acquiesça et un nouveau cube entoura l’équipe, faisant disparaître la bibliothèque non pas au profit d’une zone de combat sombre, mais d’une pièce chaleureuse. Au milieu, une table entourée de huit chaises et malgré sa méfiance, Liesel sentit ses jambes se fatiguer à l’idée de pouvoir s’asseoir.

    L’homme mystérieux prit place en bout de table et les deux femmes vinrent à ses côtés. Il fit signe à la famille de s’installer, ce qu’elle fit.


    o
     Les Larmes d’Edda.


    « Tout d’abord, laissez-moi me présenter, je m’appelle Albdæ Marco.
    — Que nous voulez-vous ?! grogna Cläre.
    — L’auteur du livre !
    — Pendant des années les Larmes d’Edda se sont donné pour mission de prévenir la résurrection d’Yggdrasil. Notre ordre pense que les reliques d’Asgard sont dangereuses et qu’elles doivent être détruites. Nous avons jusqu’à présent usé de la force, mais voilà qu’un individu a réussi à réunir cinq des huit grimoires, c’est un exploit. Nous ne pouvons décemment pas vous tuer pour les reprendre.
    — Écoutez, je me fiche de ces bouquins, prenez les ça ne me fais ni chaud ni froid, tout ce que je veux c’est revoir mon mari. »

    Albdæ secoua la tête pour montrer son incompréhension.

    « Nous pensons qu’une partie de l’âme de mon père est retenu dans le grimoire.
    — À cause de cette chienne. »

    Cläre ne mâcha pas ses mots en jetant un regard noir à Helen, qui leva les mains comme pour déclarer son innocence.

    « Je vois… Je suppose que nous devrions vous faire preuve de notre sincérité en vous aidant. Si vous collaborez, nous n’avons aucune intention de vous nuire.
    — Dites-nous… Pourquoi voulez-vous empêcher la résurrection d’Yggdrasil ?
    — C’est évident : Desdemona. Si tu étais dans la bibliothèque d’Orilon tu as pu lire mon livre, tout est expliqué clairement. Je crois même que tu l’as d’ailleurs affronté.
    — À deux reprises, oui.
    — Et tu as…survécu ?! Ca alors… Tu dois avoir une chance incroyable.
    — Yggdrasil m’a dit qu’elle me protègerait, ce qu’elle a fait lors de notre premier combat. Le second en revanche… Elle a refusé de m’aider, j’ai dû détruire un des grimoires pour récupérer les pouvoirs qu’elle m’avait volés. En fait, c’est surtout la Source du Feu qui m’a aidé à gagner…
    — J’ai failli ne pas croire Edda, mais voilà la preuve qu’il ne se trompe jamais. Helheim a bien été détruit… J’espère pouvoir te convaincre du bien-fondé de notre cause.
    — J’ai fait une croix sur ma mission en jetant ce livre dans la Source du Feu. J’ai été un pantin depuis mon enfance, et même bien avant. Je voulais juste retrouver une vie normale… Mais je suppose que j’ai un dernier combat à finir. Cependant, je ne suis pas assez fort…
    — Nous avons un plan. Deux en fait, mais le deuxième est en cours de préparation. Nous allons détruire Yggdrasil.
    — Comment ?
    — Disons que nous allons combattre le feu par le feu : nous aurons recours à la magie d’Asgard. »

    Lisant l’incompréhension sur le visage de ses hôtes, Albdæ se dit qu’il était peut-être temps qu’ils rencontrent Edda.

    « Il lui faudra un moment avant de pouvoir vous recevoir. Je vous en prie, faites comme chez vous, nous sommes alliés à présent. Par ailleurs, je vais chercher Alfheim immédiatement. »

    Liesel hocha la tête et tout le monde se leva pour vaquer à leur occupation. Rei et Albdæ sortirent, tandis qu’Helen s’assit sur le fauteuil un peu plus loin, un livre à la main.

    Cläre prit sa tête entre ses mains. Elle était épuisée. Si le sauvetage d’Eyrick allait bientôt aboutir, une nouvelle quête les menaçait, à laquelle elle se devait de prendre part. Elle y était forcée et pourtant, elle ne voulait pas… Lorsqu’Eyrick l’avait intronisée dans le clan Engelwald, elle avait juré de protéger l’arbre coûte que coûte, et se retourner contre lui était une trahison. Ce serait le deuxième serment qu’elle briserait. Mais peut-être que c’était nécessaire, pour honorer le troisième et le plus important pour elle : protéger sa famille.

    Liesel s’assit près d’elle et posa sa tête contre son épaule. Elle prit son fils sous son bras et soupira. La rancoeur envers Helen de l’autre côté de la pièce était toujours palpable, mais la solution en vue retenait un nouvel accès de rage. Lorsque l’intéressée vit qu’elle était fixée par le duo, elle se leva et vint devant eux. La tête baissée, elle bégaya quelques mots.


    « Je… ne devrais pas parler de ça, je pense, mais c’est peut-être mieux. Je suis désolée, dit-elle en relevant la tête. Quand j’ai attaqué votre mari, j’avais pris soin de ne toucher aucun organe vital. Je ne pensais pas que les conséquences seraient ce qu’elles sont, m-mais surtout… je… je m’en veux.
    — C’est censé m’apitoyer ?
    — N-Non ! Je veux simplement dire que… ma fiancée était piégée dans le royaume d’Yggdrasil, elle aussi. Elle s’était gravement blessée, et son âme s’y est réfugiée. Mais Desdemona était là et s’est nourri d’elle pour devenir plus fort mais… je veux dire… j’espère que votre mari va bien. »

    Si la fatigue était la seule chose qui retenait Cläre de lui coller son poing dans la figure, entendre l’histoire de cette femme la détendit quelque peu. Helen détacha l’arme qu’elle avait à sa ceinture et la tendit vers Cläre.

    « Tenez.
    — Tu donnes une arme à celle qui a essayé de te tuer ?
    — Rei a détruit la vôtre pendant notre combat et… Amalia avait gravé nos initiales dessus. Je n’ai plus aucune cause pour laquelle me battre, je veux juste venger sa mémoire mais vous… Vous avez votre fils et votre mari. Alors s’il vous plaît, même si vous me détestez et que vous vous en fichez sûrement, battez-vous aussi pour Amalia. »

    Cläre prit l’arme, d’un mouvement brusque et hostile. Helen soupira pour relâcher toute la pression accumulée. Liesel se redressa en croyant voir ses lèvres mimer un « merci », mais elle se retourna trop vite pour qu’il en soit certain.

    Cläre sortit l’arme de son fourreau et vit les initiales d’Helen et d’Amalia, décorées de motifs harmonieux. Les lettres laissaient s’échapper des volutes qui revenaient sur elles même pour former un beau cœur sur le manche. Cläre ferma les yeux et souffla du nez. Elle posa l’arme par terre, il était hors de question qu’elle utilise l’épée de celle qui avait volé Eyrick.


    « La dernière fois, pour rentrer dans Helheim, pensa Liesel à voix haute, j’avais utilisé le pouvoir du premier livre, la vie contre la mort, l’espoir contre le doute. L’énergie de l’un s’écoulaient dans l’autre, et, je suppose, traversait les racines d’Yggdrasil en circuit fermé. C’est en y mêlant la mienne que j’ai pu entrer.
    — Donc il te faut l’opposé d’Alheim, intervint Cläre.
    — Nous l’avons, fit Albdæ qui entra dans la pièce les mains pleines. Nous avons Vanaheim, la relique de la Paix. »

    Liesel se leva d’un bond. Il se rua vers la table ou il posa ses mains, déterminé à sauver son père.

    « Une dernière chose. »

    Le garçon leva la tête et vit les sourcils froncés d’Albdæ, son front ridé et surtout ses yeux bleus et sombres, comme délavés de toute passion. Le vieil homme se gratta la barbe et bourdonna une seconde pour réfléchir à ce qu’il allait dire.

    o
     Albdæ Marco.


    « La pièce dans laquelle nous nous trouvons, je devrais même dire l’intégralité de nos quartiers, n’est pas soumis au regard omniscient d’Yggdrasil.
    — Hein ?! s’étonna l’élu.
    — Vous en saurez plus en rencontrant Edda. Si je vous mets en garde, c’est parce que tu vas pénétrer le Royaume d’Yggdrasil, et qu’entre ses racines, elle voit tout, elle est omnipotente. Il se peut qu’elle n’ait pas apprécié que tu aies détruit l’une des clés. Voilà pourquoi vous envoyer tous les deux serait trop risqué.
    — Comment faire pour se cacher d’un œil qui voit tout ?
    — Eyrick ! intervint Cläre. Il tirait son pouvoir du livre pour créer des êtres imaginaires. C’est le livre du Rêve, c’est bien ça ? Si une telle magie entoure Liesel, Yggdrasil n’y verra que du feu, par vrai ?!
    — Oui mais il nous aurait fallu papa pour ça, et c’est justement lui qu’on essaie de sauver, rebondit le fils. »

    Cläre leva ses cheveux d’un mouvement de la main et fière d’elle, déclara : « Crois-tu vraiment qu’en plus de vingt ans de mariage il ne m’a rien appris ? Bon et puis si ça marche pas je viendrai moi-même botter le cul à cette épieuse. »

    Liesel sourit, sa mère était de retour. Son visage radieux témoignait de sa confiance.

    « Je vais essayer de t’entourer de cette magie et de tenir le plus longtemps possible. Ah, si j’avais su, j’aurais été plus attentive quand il m’expliquait…
    — Je te fais confiance ! »

    Cläre place sa main au-dessus du livre et une douce lumière mauve entoura le garçon. Il était enfin l’heure d’accomplir leur mission. Liesel prit Vanaheim et laissa son énergie affluer en lui. Sans aucune peur, il laissa le livre dévorer toute sa force vitale, jusqu’à ce qu’elle fusionne avec Alfheim.

    L’instant d’après, le garçon s’écroula, son âme venait de quitter ce plan.



    Fiche de RP (c) Miss Yellow


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    Re: Völuspá par Liesel Engelwald Sam 20 Juil 2019, 16:25
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    Völuspá 190716092637237552
    Völuspá

    Partie I – Mirage (2/2)



     Rêve.


    Des échos incompréhensibles parvenaient jusqu’aux oreilles du garçon. Perdu dans les abysses, l’Engelwald sentait son âme s’étioler. Insaisissable, si lointaine, elle s’éloignait encore plus. Noyé par le vide, il s’étouffait dans cette ruine. Sa conscience disparaissait. Son corps se dissolvait. Soudain…

    Une grande bouffée d’air. Éclatée contre la réalité, la fusion soudaine des éléments foudroya l’esprit de Liesel. Allongé sur le sol, balloté par les vertiges, il reprit lentement sa contenance.

    Ses paupières étaient fermées, il n’osa les ouvrir avant de s’assoir. Il prit une grande inspiration et murmura quelques mots pour se remémorer sa mission. Autour de lui flottait toujours l’aura et la confiance de sa mère. Il se leva.

    Ses yeux s’ouvrirent.

    Devant lui se dressaient les rêves de l’Humanité. Debout sur un ponton de bois, il vit de l’autre côté du lac une cité de lumière. Son halo orangé encerclé de cascades silencieuses servait de socle aux racines plongeantes d’un arbre mystérieux. Au-dessus, d’immenses griffes de pierre scellaient la forteresse, sous l’œil du temple sculpté à même la montagne qui rejoignait les cieux. Et au creux de ceux-ci, les deux lunes offraient des nimbes de jade à cette ascension féérique.

    Au cœur de ce spectacle volait un géant ailé. Un serpent pacifique qui caressait l’éther avec ses plumes dorées.


    « Alfheim… »

    o
     Alfheim.


    Il s’avança dans la clairière divine. Ses yeux s’émerveillaient de cette beauté qu’il n’aurait jamais cru voir.

    « Dire que maman ne pourra pas voir ça… »

    Il sourit longuement en suivant du regard le dragon qui patrouillait. Il valait mieux qu’il n’attire pas l’attention de ce monstre. Ses sourcils froncés chassèrent son sourire et il marcha d’un pas dynamique vers ce qu’il crut être une barque. Son père s’était sûrement réfugié quelque part entre les murs de cette ville.

    Lorsqu’il prit la pagaie dans les mains, il comprit qu’à l’instar d’Helheim, tout ici était fait de papier. Sûrement la magie de ce lieu donnait l’illusion de couleurs et de textures.


    « Cette eau… »

    Derrière la pellicule qui ondulait sous la petite barque, Liesel put voir d’étranges formes colorées, comme des méduses éthérées qui s’estompaient entre les algues fluorescentes. C’était tout simplement fascinant.

    Mais cela ne devait pas le distraire de son objectif, sauver son père.

    Il arriva au bord la ville bien plus rapidement qu’escompté. Il se demanda si les règles de l’espace étaient les mêmes en sauta sur la terre ferme. D’un pas rapide, il compta les marches jusqu’au bâtiment principal. Sept seulement. Pourtant lorsqu’il regardait derrière, plusieurs dizaines le séparaient de l’eau…


    « J’y comprends rien… Bon, ne traine pas Liesel ! »

    Au-dessus de la porte de l’édifice on pouvait lire des lettres désordonnées et illisibles, pourtant Liesel y décela instinctivement un « Bienvenue ». Il entra.

    Des silhouettes dorées marchaient de ce qui semblait être un hall de gare. C’est en voyant ces fantômes vaquer à leurs occupations que Liesel s’inquiéta de sa couverture. Certains marchaient, d’autres courraient… Alors il courut lui aussi, il fallait faire vite.

    Mais où chercher ? Dans une ville pareille, c’était comme chercher une aiguille dans une…

    L’anguille géante qui tournait dans le ciel poussa un cri qui fit trembler les murs du bâtiment. D’abord sonné, Liesel se précipita sur un banc et essaya d’attraper la main d’un des spectres pour confirmer qu’ils étaient intangibles. Il fusionna alors avec cet homme, ou cette femme, en s’excusant à demi-mot. Le fantôme ne sembla pas réagir.

    Le géant se calma.


    « Je dois faire vite ! »

    Liesel se leva et se figea aussitôt. La gare avait disparu. Il était maintenant au bord du vide et son élan soudain failli le faire tomber du haut des cieux. Il se reprit de justesse. Debout sur ce perchoir de pierre, il reconnut au sol la ville où il se trouvait la seconde précédente, à plusieurs dizaines de mètres.

    « Qu’est-ce que ?! »

    Il souffla puis leva la tête. Le serpent était tout proche et semblait beaucoup plus agité. Il fallait retrouver son père et déguerpir fissa !

    Il hésita un instant quant à la direction à choisir, mais son regard fut attiré par une lumière de l’autre côté de l’arche, dans le temple sculpté dans la montagne. Il arracha à l’illusion de roche un pont de papier plus petit, sur lequel il courut. Une nouvelle fois, la distance lui parut beaucoup plus courte, et il se trouva devant le temple.

    Il passa la porte et vit, enchaîné par des liens de lumière, Eyrick.


    « Papa !
    — Lie…sel… c’est un… p-… »

    Le garçon se rua vers son père, mais un flash lumineux l’aveugla. Assourdi par le bruit strident qui survint subitement, il sentit sa vision se troubler et l’image de son père s’estomper. Figé sur place, il tomba à genoux, battu par la sensation que son cerveau allait exploser. Une voix calme chargée de chagrin lui parvint.

    « J’ai été trahie par mon agent. »


    Malgré la douleur qui se répandait maintenant dans ses muscles contractés, il reconnut la voix : Yggdrasil lui parlait.

    « L’une des clés a été perdues. »


    Liesel lâcha un cri quand son cœur se crispa.

    « Tu m’as… argh… abandonné ! »

    « Mon agent était corrompu, il m’a abandonnée. Il a trahi ma confiance divine. Il a volé mon ôtage ! C’est un hérétique ! »


    L’Engelwald put s’offrir un souffle d’air, qui fut chassée de son corps par sa cage thoracique qui recroquevilla sur elle-même.

    « Il doit payer… Il doit payer… Il doit payer… »


    La vision de Liesel vira au noir. Alors qu’il pensait mourir, il se détendit. L’air affluait à nouveau dans ses poumons et un soupir vit lui confirmer qu’il était vivant. Son père était toujours devant lui, enchaîné.

    Il se releva doucement, tout en reprenant ses esprits. Soudain, un souffle puissant le balaya hors du temple.


    « IL DOIT PAYER !!! »


     Légende.


    Les lunes de jade se parèrent de rubis sanglants. Le halo de la ville disparut. Seul brillait, dans le ciel obscur, le serpent mythique oublié des légendes : Jörmungandr.

    « Qu’est-ce que… »

    Le dragon ailé s’arrêta pour fixer sa proie. Le fils se figea de terreur face à une telle créature. Il n’était pas de taille. Liesel se dit que sa mission était un échec.

    D’un battement d’aile, la créature abattit sa mâchoire sur l’enfant, qui sauta dans le vide pour éviter la mort.

    Dans sa chute, Liesel déploya sous ses habits un avion de papier. Un rugissement assourdissant retentit et un éclair rouge s’abattit sur le véhicule qui disparut aussitôt.

    Liesel tomba librement. Les membres écartés pour ralentir sa chute, il dessina un cercle magique autour de chaque main et un bâtiment de la cité éteinte commença à fourmiller.


    « URALETER RIESE ! »

    L’édifice se déconstruisit. Le garçon atterrit dans ce nuage qui prit aussitôt forme. Un géant de papier apparut, son créateur à la main et le lança de toutes ses forces vers le dragon.

    Fugace, la catapulte humanoïde suivit son maître, remodelée en un épieu finement forgé. Au cri du mage, elle se logea dans la créature. Liesel s’accrocha à une petite hampe de papier volante.


    « Gaë Bolga ! »

    Le javelot s’ouvrit. Comme un oursin de roche, il pénétra le dragon de l’intérieur, laissant ses épines transpercer ses écailles. Il laissa échapper un rugissement de douleur. Des éclairs rouges s’abattirent sur la lance qui disparut, et le colosse remua pour invoquer plus de tonnerre.

    Liesel lâcha la hampe pour jongler avec la foudre. De feuille en feuille, il esquiva un éclair, puis un deuxième. Lorsque le troisième le frôla et qu’il sentit sa peau frissonner, il s’immobilisa une seconde. Jörmungandr en profita pour tourner et le frapper de toute sa longueur, propulsant le garçon contre le sol à une vitesse hallucinante.

    Le mage s’écrasa dans un bruit grave. Allongé dans le cratère, il vit le dragon ouvrir la gueule et canaliser de l’énergie. Un puissant rayon destructeur allait bientôt tout balayer.

    Le bâtiment derrière lui se décomposa à son tour. L’ennemi cracha un premier rayon inachevé sur ce sort, laissant à Liesel le temps se relever.

    Il ferma les yeux et posa ses mains contre le sol et sourit. C’était la première fois qu’il avait accès à une telle réserve… Une occasion unique d’imaginer des sorts d’une ampleur incroyable ! Mais malgré cela, il savait qu’il n’avait aucune chance.

    La ville entière devint floue. Caché dans un brouillard organique, Liesel réfléchit à un moyen de sortir d’ici avec son père. Jetant des lances sur son ennemi pour l’occuper, il observa l’espace.


    « Je dois trouver une issue… La dernière fois comment j’avais fait..? »

    Après son combat contre Desdemona, Liesel était tombé inconscient et Yggdrasil l’avait sorti du grimoire, mais c’était bien trop risqué pour ce combat.

    Agacé de ces aiguilles, Jörmungandr, inspira et cracha un souffle magique qui anéanti le brouillard de papier. Liesel tenta de résister à cette attaque, mais son bouclier fut broyé. À terre, le garçon s’agaça de la vanité de ce combat.

    Il se releva sur ses deux jambes au prix de nombreux efforts. Le serpent descendit du ciel à toute allure pour dévorer le garçon, mais l’une des grandes griffes de pierres au-dessus de lui prit vie. Sous la forme d’un serpent blanc, elle mordit le géant qui s’interrompit dans sa descente.

    La marionnette se défit et l’essaim blanc vint aveugler la créature.

    Liesel tendit ses bras et l’une des racines qui surplombait la cité s’étira pour le jeter dans les airs. Glissant sur le vent, il atteignit la montagne à nouveau. La main posée contre elle, il réunit une grande quantité d’énergie pour modeler un géant plus gros encore.

    Mais Jörmungandr n’allait pas le laisser faire : d’un mouvement rapide il asséna un violent coup à Liesel, qui l’esquiva de justesse. Le garçon ne vit pas en revanche la pluie d’écailles tranchantes que le dragon jeta sur lui.

    Lacéré malgré son bouclier de fortune, le mage ne put finir l’incantation de son golem et dut se rabattre sur une deuxième solution. Une écaille s’était logé dans sa jambe. Un nouveau serpent naquit de la montagne, chevauché par un clone.

    La créature s’enroula autour du monstre. Immobilisé, le dragon légendaire rugit si violemment que Liesel crut sentir ses oreilles saigner, mais il tenait sa cible !

    Épuisé, il prit une seconde pour reprendre son souffle. Au-dessus de la bête, il fabriqua un nouveau Gaë Bolga.


    « Je te tiens ! »

    La lance fila à toute vitesse sur Jörmungandr.

    Armé de magie ancienne, les écailles de la créature s’ouvrirent et un brasier ravagea tout le papier qui l’entourait, propulsant le double dans les airs.

    La queue du serpent vola comme un fouet d’un colosse et s’abattit sur le garçon. Son corps déchira l’air pour s’écraser à nouveau par terre avec une force incroyable.

    La créature ouvrit la gueule et déferla sa colère en un instant sur le corps. Une explosion de lumière balaya Alfheim, dissipant l’illusion de réalité, révélant l’unique matière qui composait cet espace.

    Seule couleur dans un monde monochrome, le grand serpent mauve leva la tête pour former un amas d’énergie démesuré.


    « Le clone a marché ! se réjouit le garçon en défaisant les liens de son père.
    — Liesel, tu es blessé !
    — Je vais m’en sortir ! Il faut vite sortir d’ici !
    — Attends ! J’ai pu voir… Yggdrasil m’a montré, ce que tu as fait au sommet du volcan…
    — C’est vraiment le moment de parler de ça ? s’inquiéta le garçon qui sentait l’énergie du gardien.
    — J’ai aussi vu ce qui est arrivé à Desdemona… Quand ton ami l’a combattu, au lieu de manipuler les humains, il a remonté les racines de l’Arbre et a fusionné avec elle !
    — Donc tu veux dire que…
    — Oui, quelque chose l’a rendu plus puissant ! Yggdrasil et Desdemona ne font qu’un, la bonté et le mal se sont effacés pour ne laisser que son envie de réveil et de création !
    — Et si elle se réveille elle pourrait tout détruire… Elle se nourrirait de l’énergie du monde pour écrire l’histoire comme elle l’entend ! »

    La conversation s’arrêta quand la paroi de la montagne se brisa. Au-dessus de Jörmungandr flottait un orbe violet qui aspirait toutes les feuilles du grimoire. Il allait avaler le grimoire de l’intérieur !

    « Nourris-toi de ma racine, mon cher gardien ! Deviens plus fort, brise mes ennemis ! »


    Cet espace tout entier était soumis à la l’attraction de ce trou noir et seul le hurlement se diffusa de ce chaos. Liesel et son père couraient aussi vite que possible pour descendre la montagne. Malgré les rampes de papier qui s’envolaient vers le néant, leur fuite était vaine, car ils n’avaient aucune idée de comment sortir de là.

    Liesel, blessé, trébucha.


     Chute.


    « Argh !
    — Liesel ! »

    Le père s’agenouilla près de son fils, alarmé par la situation qui ne présentait aucune issue. Le garçon fit fi de la douleur et retira l’écaille, bloquant l’hémorragie par un épais bandage. Eyrick posa la main sur l’épaule de son fils et sentit la signature éthérée de Cläre. Le leurre avait fini par ne pas fonctionner, mais cette tactique allait se révéler plus utile que prévu.

    « Je sais comment te faire sortir d’ici… dit-il en souriant.
    — Hein ? Mais je suis venu pour toi !
    — Ce serpent va tout anéantir et n’avons plus le temps, Liesel… Ma magie me permettait de tirer des créatures d’ici dans notre monde. Si je peux me servir de la magie de maman comme repaire pour t’invoquer à l’extérieur, alors tu seras sauf !
    — Mais tu !
    — Liesel, si nous mourrons tous les deux ici Yggdrasil gagnera ! La mission des Engelwald était d’aider notre Arbre, mais elle a perdu la raison… »

    Il leva la tête vers Jörmungandr. Le trou noir s’était transformé en une sphère d’énergie titanesque. Sa seule présence effaçait tout espoir de survie, et la destruction de cet univers était imminente.

    « Liesel, c’est le seul moyen ! Il faut stopper Yggdrasil ! J’ai confiance en toi… »

    Le père enlaça le garçon pour cacher ses larmes, il le serra fort contre lui. Liesel se débattait : il y avait forcément un moyen ! Ils pouvaient vaincre le monstre ! Il en était capable ! Aeternitas l’avait rendu assez fort !

    « Non ! NON ! JE T’INTERDIS ! JE SUIS VENU POUR TOI ! NE ME LAISSE PAS MAMAN ET MOI ! »

    Le corps de Liesel disparut.

    Entre les bras du père ne restèra que le vide.

    Seul face à l’apocalypse, il se leva, fier.


    « Yggdrasil ! Tu as peut-être gagné aujourd’hui, mais ta défaite est imminente. Les Engelwald t’anéantiront ! Si l’enjeu de cette bataille c’est de rendre aux Hommes les reines de l’Histoire, alors tous les sacrifices valent la peine.

    Jörmungandr rugit de plus belle et la voix corrompue de l’Arbre retentit comme le glas d’une cathédrale.

    « Je suis immortelle ! Je suis éternelle ! Je suis omnisciente ! Et bientôt, omnipotente ! HAHAHAHAH !!! »


    Le père se tenait debout sur un sol noir. Le décor avait disparu. Il ne restait que lui et la mort.

    La sphère d’énergie trembla, grossit.

    Elle s’abattit sur l’Engelwald.


    « Je suis désolé Cläre… Pardon, Liesel… »

    Alfheim fut réduit à néant.


    Fiche de RP (c) Miss Yellow

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    Re: Völuspá par Liesel Engelwald Sam 20 Juil 2019, 17:03
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    Völuspá 19071902322125062
    Völuspá

    Partie II – Vengeance (1/2)



     Course.


    « Tiens mon petit, un kilos de carottes et deux de patates !
    — Merci ! »

    La vieille dame tendit un sac en papier au garçon, qui le prit contre lui.

    « Alors, ton enquête avance ?
    — Pas vraiment, soupira le garçon, mais je dois avouer que je prends goût à faire des courses.
    — C’est peut-être grâce à moi. »

    La gentille dame fit signe au jeune homme de s’approcher et glissa dans son sac une belle pomme, comme elle avait l’habitude de le faire. Un clin d’œil complice et un sourire sincère rendirent le sac de provisions comme plus léger dans les bras de celui qui le portait.

    « Allez file, il ne faudrait pas qu’un garçon fort comme toi s’épuise pour quelques patates ! »

    Ainsi le coursier s’en alla, en saluant comme il pouvait la mamie de ce village. Il manqua de trébucher sur un pot de fleur et de renverser son sac. Il fit d’ailleurs tomber une patate, qu’une petite main faite d’eau ramassa.

    Le soleil de fin d’après-midi laissait les ruelles du marché profiter de l’ombre. Très fleurie, cette ruelle était sûrement la préférée du coursier, qui n’avait pas beaucoup eu l’occasion de voyager, encore moins en Fiore. Les rues d’Aucel étaient paisibles et confortables pour la plupart.


    o
     Marché d’Aucel.


    Le crépuscule débutait à peine et les quelques échoppes encore ouvertes fermeraient bientôt. Peu animée d’ordinaire, Aucel allait bientôt célébrer la finale de Ketwoma, un jeu populaire dans la région.

    Le garçon espérait pouvoir y assister malgré son enquête… Peut-être que ses supérieurs le gronderaient à son retour. Mais c’était bien la première fois qu’il sortait de son village, si loin et différent…

    Il sortit du village pour rejoindre ses abords. Derrière un petit bosquet ombragé qu’il traversa se tenait une belle résidence. La famille la plus influente de la ville y vivait. C’était d’ailleurs grâce à eux que ce patelin était si populaire : leur part dans les affaires du pays était importante et sans cet attrait, Aucel n’aurait été qu’un point de plus sur une carte.

    Les portes du manoir étaient grande ouvertes. Le coin était relativement sûr.

    Quand il entra dans la cuisine, la cuisinière ne manqua pas de rouspéter.


    « Avel ! Tu es en retard ! Tu sais bien que le maître doit manger tôt ces jours-ci !
    — Oui je… Pardon ! Je ferai plus vite la prochaine fois ! Comment il va ?
    — Pas de mieux en mieux, répondit la cuisinière en se mettant au travail. Son état s’aggrave et le médecin pense qu’il ne lui reste plus très longtemps…
    — Oh non… »

    Avel baissa les yeux. Malgré sa mission, il s’était attaché à cet homme. Il était strict et très affairé, mais il avait ce quelque chose d’humain derrière sa posture droite.

    Pour s’éviter d’assister aux derniers jours du maître, il resta dans la cuisine pendant le service, une fois le repas prêt. Dans un verre, il faisait tourbillonner de l’eau et parfois un petit dauphin en sortait pour replonger aussitôt. Il finit par se lasser et s’avachir sur la table. Il repensait à son village natal et à ce qu’il s’était produit lors de la mort du sage… La
    whawhai. Même si ce voyage lui plaisait beaucoup, il voulait rentrer et s’assurer que sa sœur allait bien…

    « Hum, hum… »

    La cuisinière entra et fit remarquer à Avel que sa posture n’était pas appropriée. Le mage d’eau se redressa et s’excusa.

    « Dis, t’as entendu parlé de cette rumeur ? commença la cuisinière. Une guilde noire en aurait après le manoir…
    — Une guilde noire ?
    — Ah oui, j’oubliais que t’es pas d’ici. Tout simplement un groupe au mieux, de bandits, au pire, de criminels. Ils ont tous le même tatouage, bah comme toi avec ta guilde !
    — Oh non… Avec le maître malade en plus ! Je peux me battre, je peux rester réveiller cette nuit pour surveiller.
    — N’en fais pas trop, les soldats enquêtent déjà. »

    Le garçon partit sans manger. Il fallait qu’il ferme le portail !

    En chemin, il sentit une émotion bizarre… Savoir ce manoir en danger, le maître mourant… Le monde était tellement différent hors de son village, son cœur battait à la chamade quand trop de choses nouvelles se produisaient en même temps.

    Il s’en voulut de se dire que son départ n’était pas une si mauvaise chose malgré les circonstances tragiques. Son enquête… Elle avançait si lentement, et ce malgré la coopération de cette famille. Comment allait-il la trouver ? Il avait besoin d’elle…

    Il ferma les deux grandes grilles de fer et les verrouilla soigneusement à l’aide du gros cadenas qu’il avait pris de l’atelier. En tournant la clé, il croisa le regard d’une silhouette sombre qui disparut aussitôt. La rumeur disait donc vrai.

    Il courut vers la cuisine prévenir sa camarade, qui lui conseilla d’alerter les deux mercenaires qui s’occupaient de la sécurité. Ils seraient beaucoup plus prudents pendant leur ronde.

    Avel n’avait plus qu’à tuer le temps jusqu’au petit matin à présent. Son cœur palpitait. De peur, mais aussi d’impatience, même s’il n’osait pas vraiment se l’avouer.

    Il prit le temps de manger un petit peu. Les restes de soupe que la bonne avait préparée. Mais lorsqu’il porta la dernière cuillérée à sa bouche, un cri suivi d’un bruit sourd retentit à l’étage. Le maître !


     Enquête.


    Avel sauta de sa chaise vers le couloir et grimpa les marches deux à deux. Il dégaina son épée et ouvrit la porte de la chambre. Seul, l’homme portait ses mains à son cœur. Il semblait se débattre pour arracher à la mort elle-même un dernier souffle de vie. Il regarda Avel avec de grands yeux paniqués.

    Le garçon se rua au chevet du mourant en plein crise, ne sachant que faire pour aider.


    « Maître ! Non ! »

    Les crampes de l’homme se firent plus fortes, si bien qu’il cessa tout mouvement. Il lutta une dernière fois contre le glas pour prononcer ses derniers mots.

    « Ysal… Zelos… pardon de ne pas… avoir été… l… »

    Le corps se relâcha. Aucun mouvement, aucune lutte. L’homme était mort de crise cardiaque.

    « Monsieur Todella ! Monsieur Todella ! Non ! »

    Le garçon sanglotait, désemparé. Si c’était un meurtre, c’était de sa faute ! Du poison ? Un sort ?

    Les autres domestiques en tenue de nuit s’étaient aussi rués dans la pièce pour trouver le défunt et le jeune homme qui le pleurait. Il le connaissait peu pourtant, mais c’était la première fois qu’il entendait les derniers mots d’un homme. Cramponné aux draps, il sentit le poids de la culpabilité l’accabler.

    Dans le couloir, une jeune fille encapuchonnée assista à la scène. Une épée ambrée couverte de sang à la main, la petite rousse put discerner le visage de l’homme derrière les servants affolés.


    Elle arrivait trop tard, son père était mort. Elle était paralysée. Était-ce vraiment ce qu’elle avait voulu ? Elle se demanda un instant. Mais cette maison, ces murs, oui, elle voulait qu’il périsse, mais pas… pas comme ça… Elle aurait voulu le brûler elle-même, le poignarder, qu’elle sente son sang sur la main. Et pourtant, c’était trop tard.

    Avel se releva et vit la jeune fille qui ne soucia pas d’être repérée. Comme changée en pierre, elle sentait en elle une frustration qui déborda sous forme de larmes silencieuses.


    « Toi ! C’est toi qui ! »

    Avel prit son épée sur le sol et se rua sur la magicienne. Sans décrocher un seul regard du cadavre, une bourrasque de chaleur balaya le garçon et les domestiques. Le visage de la fille se découvrit, révélant ses cheveux flamboyants à Avel. Il reconnut aussitôt les tableaux qu’il avait pu voir dans la maison. Il reconnut surtout celle qu’il cherchait depuis des semaines, la détentrice de la Source du Feu !

    « Ysaline, je te trouve enfin ! Mais… »

    La pyromane décrocha le regard de son père et visa le garçon aux cheveux bleus. Qui était-il ? Elle s’en fichait. Sa vengeance était inassouvie, elle avait fait tout ce chemin, affronté tant d’épreuves juste pour ce moment, et on lui avait retiré…

    L’air ambiant s’assécha subitement. Tous pouvaient sentir la pression inquiétante qui émanait de la jeune fille. Le sang sur son épée ? Pas celui de son père, et c’était bien le problème. Deux pauvres mercenaires n’étaient pas assez pour sa colère.

    La moquette sous ses pieds commença à crépiter et des étincelles surgirent dans le couloir pour enflammer tout ce qui pouvait l’être. En un instant, Ysaline condamna le manoir à un incendie ravageur.

    Face à ces intentions criminelles, Avel ne pouvait rester sans rien faire !


    « Comment oses-tu ! »

    Il fit tourner sa lame. Un arc d’eau s’envola vers Ysaline, qui le prit de plein fouet sans bouger. Le liquide s’évapora au contact de sa peau craquelée. Le visage fissuré par des braises, elle tendit un bras. La pièce du défunt explosa. Le mur extérieur s’ouvrit, laissant voler les corps blessés des domestiques.

    Avel atterrit un peu plus bas dans la cour central. De toute évidence Ysaline ne voulait pas coopérer et elle était bien trop dangereuse ! L’eau de la fontaine prit la forme d’un requin et fila vers la pyromancienne. Un oiseau de flammes descendu du ciel le consuma.


    « L’eau ne lui fait rien, c’est incroyable… »

    Il se releva doucement, le corps engourdi par l’explosion.

    Ysaline, portée par des ailes de feu, descendit dans la cour pour achever l’énergumène qui refusait de mourir. Son épée Yolagaar changea de forme pour devenir une épée plus grande. Elle s’abattit sur le garçon.

    Sa propre épée à la main, il bloqua l’attaque. Des étincelles apparaissaient là où le fer s’entrechoquaient, et une vapeur brûlante émanait de sa lame.


    « Ysaline ! Je t’en prie, j’ai besoin de la Source du Feu ! Pour détruire Yggdrasil !
    — Ce nom ! »

     Négociations.


    Ysaline fit un saut en arrière, libérant Avel de ce duel gagné d’avance. Une dizaine d’oiseaux de feu se perchèrent dans le vide autour de lui pour le menacer.

    « Dis-m’en plus, où as-tu entendu ce nom ?
    — Nous devons détruire Yggdrasil et… il souffla, les Larmes d’Edda ont besoin de toi… de la Source… »

    Yggdrasil… Liesel lui en avait parlé. Les seules flammes capables de brûler son écorce… Elle s’en souvenait. C’était une chance inespérée ! Liesel se téléportait à travers le monde en un instant, retrouver sa trace était impossible, mais en remontant cette piste, elle aurait de quoi satisfaire sa frustration.

    « J’accepte. »

    Son épée disparut dans un petit tourbillon et Yolagaar s’envola au-dessus du manoir. Ysaline s’approcha. Ses yeux transperçant ceux du mage d’eau, elle le jaugea.

    « Je souhaite retrouver quelqu’un.
    — A-Ah ?
    — Je te laisse la vie sauve, et je vais te suivre jusqu’à le trouver. Cependant… Je me fiche de ta cause et de tes objectifs. Je ne suis pas ton alliée. »

    Les flammes derrière elles s’intensifièrent et un morceau de charpente se détacha bruyamment.

    « Tu es mon otage. »

    Ysaline partit en marchant doucement vers la ville. Elle était fatiguée après tant d’émotions inutiles. Mais elle allait pouvoir affronter Liesel… Tout était arrivé par sa faute…

    Avel resta sur le sol un moment. Tétanisé et confus, il savait très bien qu’il venait de faire une bêtise… Il était maintenant piégé. Personne ne l’avait prévenu qu’Ysaline serait une pyromane folle ! Il était sauf pour l’instant, mais quelle était la meilleure solution ? Avec une tarée pareille, les Larmes d’Edda étaient en danger, mais ils avaient besoin d’elle… Si seulement Albdæ avait été là…

    Par terre, devant la porte, la cuisinière rampait sur le sol. Ses vêtements déchirés révélèrent un tatouage de guilde.


    « C’était… vous ! Vous l’avez empoisonné ! »

    La mage noir tenta de proférer une injure, mais Yolagaar fendit les yeux et cracha un jet de flamme. Carbonisé, le corps noirci de la criminelle resta recroquevillé sur le sol.

    o
     Avel Poema.


    ---


    Bien loin de cette panique, à l’autre bout du continent, un silence morbide régnait. Le quartier général des Larmes était habité par le deuil.

    Dans l’unique chambre des locaux, Liesel reposait. Le corps crispé entre les draps, scarifié par les blessures de son combat imaginaire. Malgré son sommeil, le souvenir de son père ne le quittait pas.

    Dans la pièce voisine, deux femmes conversaient.


    « J’espère qu’il va s’en sortir, dit Helen, je veux pas paraître sans cœur, mais on a vraiment besoin de lui.
    — Je peux le soigner oui… répondit l’invitée, mais je ne lui prodiguerai que les premiers soins… Ma magie est dangereuse.
    — Merci Irina ! Après ce que je vous ai fait à tes amis et toi…
    — Ce n’est rien, Liesel est mon ami ! »

    Helen avait fait venir la magicienne depuis le Temple de l’Automne.

    Lorsque Jörmungandr avait détruit Alfheim, Liesel était redevenu conscient. Il s’était rué sur le livre, suppliant Albdæ et sa mère de le renvoyer à l’intérieur. Pourtant le livre s’était vidé de toute magie. Le pouvoir du grimoire n’était plus. Cläre était immédiatement sorti pour affronter ce moment. Liesel s’était écroulé, le grimoire de son père entre les bras.

    Quelques jours plus tard, les blessures que le garçon avait subies dans Alfheim étaient apparues sur son corps. Irina était maintenant là pour limiter les dégâts.

    Albdæ s’en voulait de l’admettre, mais il était satisfait de la tournure que prenaient les événements. Même si ses deux alliés étaient profondément marqués et que cela l’attristait beaucoup, ce décès était la motivation parfaite pour que les Engelwald se retournent contre Yggdrasil. Il leur laisserait le temps nécessaire. Edda était maintenant prêt à les recevoir, mais il leur fallait un moment.

    Cläre n’était pas réapparue depuis l’annonce de la nouvelle. Elle avait erré jusqu’à arriver par hasard à la forêt de l’automne… Elle avait passé des heures assise sur un rondin de bois, à respirer calmement. Elle aurait voulu voir la neige, mais le champ qui protégeait la forêt l’empêcha de tomber. Ce détail l’avait fait craquer.

    Dans la chambre, Liesel finit par se réveiller. Il reconnut immédiatement la silhouette d’Irina et sa magie. Adossé contre le mur se tenait Helen, qui hésitait à sortir.

    Le garçon s’assit doucement.


    « Comment te sens-tu ?
    — Mieux… Je crois… Irina, ta magie… »

    La jeune fille aux cheveux roses cachait son bras derrière elle. Sa seule main intacte était maintenant recouverte d’une pellicule de cristal. Cette même plaque remontait le long de son cou.

    « Je ne veux pas que tu t’inquiètes pour moi, tu dois te rétablir. »

    « Encore un sacrifice » se dit Liesel. Il repensa à son père. Il ferma les yeux en se recroquevillant sur lui-même pour ne pas pleurer. Mais une surprise pour le moins inattendue réussit à lui redonner le sourire l’espace d’un instant.

    Un animal poilu grimpa sur le lit et lui sauta au visage. Tout excité, il sautait partout et aboyait vers son maître qu’il n’avait pas vu depuis une éternité.


    « Alkael ! »

    Liesel prit la chienne dans ses bras et se blottit contre elle. Elle sentait bon.

    « Décidément… On l’a trouvée à Nahkrankh. Elle était dans un sale état… Elle n’arrêtait pas de me suivre, alors j’ai décidé de la ramener ici. J’étais loin de me douter que vous vous connaissiez, enfin façon de parler. »

    Cela n’atténua pas la douleur de Liesel, mais ce sourire lui avait redonné de l’énergie.

    Helen sortit de la pièce pour laisser les deux amis discuter. Elle aurait aimé les éviter, être mise à l’écart de tout cela. Après tout, c’était à cause d’elle qu’Eyrick avait été piégé dans Alfheim : si elle ne l’avait pas blessé, Yggdrasil n’en aurait pas profité. Amalia lui manquait et elle en avait beaucoup voulu à Liesel d’avoir coupé le lien toxique avec Desdemona, mais il avait eu raison. Pour seul remerciement, elle avait brisé cette famille…

    Liesel n’avait pas la force de lui en vouloir. C’était vers l’Arbre qu’était dirigée sa colère. Cläre quant à elle… Elle avait trouvé refuge chez une vieille dame, dans la forêt de l’Automne. Elle avait chassé plusieurs Gradenc Fungi pour défouler sa colère et plusieurs arbres étaient tombés dans sa fureur.

    Ces trois jours avaient été bénéfiques pour elle. La grand-mère avait vu beaucoup de choses, elle avait perdu son petit protégé, elle avait su trouver les mots pour épauler la mère dans ce moment.

    Cläre avait emporté la rapière que lui avait offerte Helen. Elle ne l’avait pas dégainée ni utiliser, mais pour une raison qu’elle ignorait, elle pouvait s’empêcher de fixer cette arme.

    Elle n’allait pas tarder à quitter le village. Même si Liesel était blessé, il allait bientôt se réveiller et elle devait être là pour lui, aussi difficile que cela fût.


    ---


    Avel se tenait dans un océan de flammes. Épargné par celle qui le tenait en otage, il se demandait où cette affaire allait bien le mener. Autour de lui régnait la mort.

    Ysaline était impatiente, mais pas pressée. Elle avait fait un détour pour anéantir la guilde noire qui lui avait volé sa vengeance. Habituée à la solitude qu’elle partageait avec Yolagaar, la présence du mage d’eau la dérangeait, pourtant il avait fini par parler.

    Ils quittèrent le repaire de la guilde et marchèrent vers la ville la plus proche. Un mage téléporteur les amènerait où ils voudraient, Ysaline n’avait pas besoin d’argent.


    « Je suis encore surprise que tu as parlé si vite, commença Ysaline en s’étonnant.
    — Si je refusais de coopérer, tu m’aurais tué… Mais si je vous disais tout aussi…
    — Effectivement. »

    Cette honnêteté n’était pas commune. « Pergrande »… C’était large, mais c’était une bonne piste. Il avait refusé d’être plus précis, ce qu’au fond, elle comprenait. Un otage qui la suivait sans broncher. Il n’avait pas essayé de s’enfuir, il n’avait pas de plan, il n’avait même pas essayé de la duper ! C’était un bougre qu’elle allait garder en vie, s’était-elle dit, il allait forcément se montrer utile pour la suite.

    Quelle suite ? Elle n’en savait trop rien. Son seul repaire en Pergrande c’était la forêt de l’automne. Irina y vivait sûrement toujours pour protéger Ilhem.


    « Quelle idiote… »

    Repenser à cette fille qui ne vivait qu’à travers Ilhem, cela la révoltait.

    « Et… Ysaline ? Pourquoi vous recherchez ce Liesel ?
    — Pour le tuer. Disons qu’il a ruiné ma vie et que je souhaite en finir. Être enfin libre de mon passé…
    — Pourquoi ne pas… tourner la page ? »

    Son cœur se crispa. Liesel avait dit la même chose. Elle se souvint de cette conversation… Elle eut envie de se retourner pour faire taire le garçon, mais elle se retint. Ils ne pouvaient pas comprendre ce qu’elle ressentait. Cette colère qui brûlait au fond d’elle plus fort à chaque seconde, sa faiblesse qu’elle avait comblée par une force ancestrale. Amadeus qui avait abusé d’elle… Son père qui l’avait dénigrée… Et même Liesel, son camarade, qui l’avait laissée tomber, qui avait causé toutes ces tragédies depuis le début… Une fois qu’elle en aurait fini avec tout ça, elle pourrait prendre un nouveau départ !

    « D’ailleurs... En quoi vous pensez que les Larmes d’Edda puissent vous aider ? Je veux dire, on le fait que courir après des vieux livres…
    — Justement. Tu as prononcé un nom dont il m’avait parlé. Quelle coïncidence, de l’entendre devant mon manoir…
    — J’enquêtais sur vous… Votre famille essayait de m’aider à vous retrouver. Votre père était inqui-
    — SILENCE ! NE PARLE PAS DE LUI ! »

    La lame collée contre son cou, le garçon se tut. Ysaline se calma, essoufflée.

    « Je sais que la Source du Feu est le seul moyen de vaincre Yggdrasil, mais ce n’est pas ma bataille ! Ca reviendrait à aider Liesel et je m’y refuse ! Je veux juste… J’aimerais tellement… que tout s’arrête… »

    Elle lâcha son épée, qui reprit la forme d’oiseau pour se poser sur son épaule. Ysaline soupira longuement et se remis en route. Cette once de nostalgie qu’il venait de lui faire ressentir, elle s’en servit pour nourrir la flamme en elle.

    Ils arrivèrent à la ville. Au prix de quelques menaces, le mage accepta de les emmener en Pergrande. La forêt de l’automne plus précisément. Irina savait sûrement quelque chose.


    ---


    Liesel avait fini par se lever. Dans son lit, les images de Jörmungandr le hantaient, il fallait qu’il fasse quelque chose. Il n’était pas vraiment d’humeur à jouer avec Alkael, qui restait blottie contre lui malgré la chaleur du salon. Helen n’osait rien dire, de peur de froisser le garçon. Elle s’imaginait toujours qu’il la détestait, et il aurait eu raison de le faire, mais le garçon avait déjà troqué sa palette d’émotions contre une haine féroce envers Yggdrasil.

    Albdæ entra dans la pièce et fut surpris de voir le garçon assis, une feuille de papier froissée à la main. Il la froissait, la déchirait, la reformait, les yeux rivés sur le sol.


    « Liesel, je suis sincèrement désolé de ce qui est arrivé dans Alfheim. Es-tu… prêt ?
    — Je n’aurai pas le droit de me lamenter tant qu’Yggdrasil sera encore de ce monde.
    — Tu es déterminé… Je vais te présenter Edda. »

    Rei entra dans la pièce, le même visage neutre sur la figure.

    « Rei, s’il te plaît. »

     Edda.


    Elle se plaça au centre de la salle. Ses cubes volèrent tout autour de la pièce, tapissant les murs de lumière bleu. Elle-même se décomposa, laissant Liesel, Albdæ, Helen, Irina et Alkael seuls dans la pièce.

    « Tu te demandais peut-être pourquoi Rei était si étrange… Ce n’est tout simplement pas une humaine, enfin plus. »

    Les cubes sur les murs commencèrent à bouger, révélant derrière eux des parois de lumière. Ils tournèrent et se réunirent au centre, formant une silhouette humanoïde.

    « Edda ne peut habiter dans notre monde tel quel. Sa nature bâtarde est une anomalie. Rei, autrefois notre compagnon de voyage, s’est sacrifiée pour devenir son interface avec le monde. »

    Autour de la silhouette cubique vinrent s’enrouler des cercles de lumière qui affinèrent les traits géométriques. Une ombre éthérée apparut alors, se dissipant lentement. Un homme torse-nu apparut, paré d’ailes comme celles de Mugetsu, mais celles-ci étaient couleur ardoise.

    « Edda est un Ange ?
    — Eh bien, je m’attendais à ce que tu sois plus surpris.
    — Ce n’est pas le premier que je rencontre, mais celui-ci… »

    L’Ange regarda autour de lui. Son æther avait quelque chose de particulier. Liesel n’était pas vraiment doué pour détecter les émanations magiques, mais celle-là avec quelque chose de fortement étrange.

    L’homme replia ses plumes et se mit à parler d’une voix douce, presque efféminée.


    « Je m’appelle Edda. Je te rencontre enfin, Liesel Engelwald. »

    L’étrange masque finement orné que portait l’Ange ne cacha pas le grand sourire qu’il fit en voyant le garçon.

    o
     Edda.


    « J’ai suivi ton voyage, et celui de ton amie Nina Andersen également. Vous avez pris des chemins intéressants, je dois l’avouer. »

    Liesel resta silencieux, la feuille froissée toujours dans la main.

    « J’ai été comme vous, moi aussi. J’ai suivi les traces d’Asgard pour nourrir ma curiosité. Mais je suis l’un des nombreux corrompus que l’Histoire a laissé pour compte.
    — Yggdrasil vous a élu, vous aussi, grogna le garçon, ou bien c’est le Hvergelmir qui vous faisait envie ?
    — Ni l’un, ni l’autre. Même les runes de ses filles ne m’intéressaient pas. Je me pensais assez fort… J’en avais après le Bifrost. La quatrième relique, celle inconnue de tous. Celle qu’Asgard lui-même tenta de défaire de son vivant. Le trésor censé offrir aux Hommes le statut d’Ange. Mais… »


    Liesel comprit alors. Cet æther étrange était né de la corruption des créations d’Asgard. L’homme n’était plus un homme, mais il n’avait pas atteint le rang d’Ange. Il n’était qu’un entre-deux imparfait, une erreur.

    « Albdæ et Rei étaient mes amis. Comme te l’a dit mon ami, Rei s’est sacrifiée pour m’offrir une enveloppe stable, dénuée d’émotions, afin que la corruption ne m’achève pas. Albdæ, lui, me jura de défaire les créations d’Asgard.
    — J’ai créé les Larmes d’Edda pour combattre le mal qu’Asgard a laissé derrière lui.
    — Exactement. Vous êtes animés par la rancœur et c’est cette arme qui vaincra. »

    Edda fit un sourire en coin qui déplut fortement à Liesel. Comme une corde tendue que l’on pince, son cœur se serra. Il écrasa plus fort encore la boule de papier qu’il avait dans la main.

    « Étonnamment, ton amie Nina s’affaire à détruire les runes aux côtés d’Asgard lui-même. Après avoir défait le Hvergelmir. Un exploit, s’il en est. Le Bifrost n’est plus, le pont céleste s’est brisé quand ma vanité m’a poussé à l’atteindre. Ne reste qu’Yggdrasil, l’observatrice devenue biaisée.
    — Nous avons un plan.
    —Exactement : les grimoires que tu as ramassés sont les clés de sa renaissance, mais comme tu as pu en faire l’expérience, ce sont également des portes. »

    Une nouvelle fois, le cœur de Liesel se crispa au sourire de l’ange. Il se demanda presque si cet Edda ne faisait pas exprès d’évoquer ce moment. Liesel voulait arrêter cet entretien… Quelle erreur il avait faite en se levant...

    « Grâce à toi, nous possédons désormais tous les grimoires, nous allons pouvoir mettre notre plan à exécution ! Je vais me sacrifier, emporter avec moi toute votre haine, et affronter Yggdrasil dans son royaume, là où mon pouvoir pourra s’exprimer sans risquer d’attiser les foudres du Paradis. Je vaincrai. »

    Albdæ baissa les yeux. L’écart d’âge était évident : ce voyage pour atteindre le Bifrost s’était déroulé des années auparavant, mais l’homme n’était toujours pas prêt à laisser son ami partir. Pourtant la voix si calme d’Edda témoignait de sa résolution.

    « Ainsi, nous accompliront notre quête. Les innocents emportés par Yggdrasil, mes amis, Rei, Amalia, le village d’Avel… ton père, dit-il en levant les yeux vers Liesel, ils seront tous vengés.
    — Alors… Si nous allons faire cela maintenant, attendons ma mère. Elle voudra participer. »

    Liesel se détendit, mais une sensation étrange l’habitait. C’était trop simple… La fin du voyage, ici, maintenant, si simplement ? Demander à un ange de combattre son ennemie ? Comment s’assurer de sa victoire ? Edda semblait bien trop sûr de lui. Et puis, pensa Liesel, où pouvait bien être sa mère ? Il commença à s’inquiéter. Tout ceci était louche.

    Cläre avait son petit baluchon sur l’épaule. Elle quittait le Temple de l’Automne où elle avait prié une dernière fois. Pour une raison étrange, sa prière avait été plus calme que la dernière fois. Helen n’était pas venue la hanter, ni même Eyrick. Elle était toujours triste, naturellement, mais elle sentait une force émotionnelle incroyable l’habiter. Elle avait failli à son troisième serment, celui de protéger sa famille, mais elle pouvait sentir qu’Eyrick ne lui en voulait pas. Liesel était là, et il fallait qu’elle le protège. Elle honorerait cette promesse.

    Dans cette-même forêt, Ysaline et Avel apparurent. La pyromancienne rouspéta d’avoir été déposée à l’extérieur du village, et Avel traina des pieds pour admirer la forêt d’ambre faire lentement pleuvoir ses feuilles.


    « C’est magnifique… »

    En voyant les arbres jaunis par le sort qui protégeait le bois, Ysaline n’avait qu’un nom en tête : Ilhem. Il avait sauté devant elle pour la sauver d’un monstre. À bien y réfléchir, tout comme Xylia. Elle s’arrêta un instant. Elle s’en voulait.

    Mais au final, tout cela était la faute de Liesel et de ses maudits grimoires ! Sans Helheim pour aggraver les blessures d’Ilhem, sans ce livre dont se servait la Confédération des Érudits pour contrôler la pierre d’Elpída, jamais tout ceci ne serait arrivé !

    Elle bouillait d’impatience d’en finir avec Liesel, elle se sentait si proche du but.

    Ysaline fouilla le village à la recherche d’Irina. Personne ne put la renseigner, et chaque personne qu’elle interrogeait ne savait rien sur l’endroit où elle était partie. Il y avait pourtant quelqu’un qui savait !

    Elle se retourna et attrapa Avel par le col.


    « Dis-moi où est Liesel ! Dis-moi ! Sinon je te tue, ici est maintenant ! »

    À quelques mètres seulement, Cläre entendit des cris.

    « Je ne veux pas mourir ! Nous avons besoin de toi pour combattre Yggdrasil !
    — Je me fiche d’Yggdrasil ! Dis-moi où est Liesel ! »

    Deux noms familiers parvinrent aux oreilles de Cläre, qui revint sur ses pas. Devant la porte du temple, elle reconnut Ysaline. Elle s’approcha vers elle.

    « Ysaline ! s’agita Cläre en approchant, c’est bien ça ton prénom ? Tu es venue rendre visite à Liesel et Irina ? »

    La jeune fille resta bouche bée et lâcha le garçon. C’était… la mère de Liesel ! Elle ne l’avait vu que quelques fois mais… ces cheveux blancs, ces pupilles rouges, c’était elle ! Elle était si près du but !

    « Je, en fait, oui, je suis venue leur rendre visite ! »

    Le cœur d’Avel battait à toute allure. C’était le moment ou jamais de faire quelque chose, mais quoi ? Il ne pouvait pas guider cette folle au quartier général, c’était bien trop risqué ! Il regarda la femme aux cheveux blancs en détails.

    « Je ne suis pas sûre que ce soit le bon moment, soit douce avec lui. Ils sont à Orilon.
    — Cette rapière c’est… celle d’Helen !
    — Ce tatouage ! »

    Avel en était certain, c’était la rapière d’Helen ! Cläre reconnut le tatouage des Larmes d’Edda !

    « Merci beaucoup pour l’info… madame Engelwald ! »

     Ysaline.


    L’épée Yolagaar apparut dans sa main et elle fonça vers la mère à toute vitesse. La lame d’Avel intercepta l’assaut.

    « Madame, si vous connaissez Helen alors mettez les Larmes à l’abris ! Cette femme en a après Liesel !
    — Quoi ?!
    — Tu oses te mettre en travers de mon chemin ?! »

    Un souffle d’air chaud balaya les deux combattants. Ysaline réunit l’énergie qui flotta dans la forêt. Yolagaar redevint oiseau et tourna autour de sa maîtresse, qui laissa sa colère l’envahir.

    Le rugissement d’un phoenix retentit et une vague de flammes recouvrit la forêt. Les arbres s’enflammèrent, leur couleur orangée vira à un rouge sanguinaire. Les animaux et les villageois sortirent pour fuir vers où ils pouvaient.

    Ysaline se releva. Seule sa silhouette crépitante était visible dans l’incendie terrible qu’elle venait d’invoquer.


    « Une telle puissance… »

    Protégés par un dôme d’eau, Cläre et Avel avaient résisté à l’attaque. La mère se releva et transforma le dôme en une grande boule de neige qu’elle envoya contre la pyromancienne. Celui-ci s’évapora avant même de la toucher.

    « De la neige ? Ça va pas vraiment nous aider…
    — De l’eau ? Garçon, il faut stopper l’incendie ! »

    Avel acquiesça et leva son épée en l’air. Le ciel clair se recouvrit de nuages noirs. L’instant d’après, des gouttes commencèrent à tomber, suivies d’une tempête diluvienne. Cläre fut rassurée de voir que son allié était un mage doué.

    Une pluie torrentielle n’était cependant pas suffisante pour calmer les flammes qui ravageaient déjà les arbres. Devant ce constat, Avel aiguisa les gouttes qui devinrent une pluie de lances.

    Ysaline sauta en arrière pour esquiver, jetant devant elle des oiseaux explosifs.


    « Weiß Furor ! »

    Cläre tendit le bras et fut propulsée en arrière par un canon de neige. Avel fit fondre cette même neige pour piéger les oiseaux, dont les explosions furent grandement atténuées.

    « On est sur la défensive, il faut qu’on passe à l’attaque ! lança Cläre. Couvre-moi ! »

    La pluie devint soudainement un violent blizzard qui porta la mage sur un sol de neige. Poing en avant, elle surprit Ysaline par son agilité. La pyromancienne prit le coup de plein fouet. Elle fut propulsée en arrière mais atterrit avec un genou à terre, jetant avec sa main des flèches ailées.

    La neige sur le sol devint une pluie de lances aquatiques. Cläre en attrapa une en sauta vers l’arrière, la gelant pour former une épée.


    « Elle est puissante, mais le corps à corps est son point faible. »

    Les oiseaux furent transpercées par l’eau, qui s’évapora aussitôt. Cläre ne laissa pas une seconde de répit à son adversaire et courut vers Ysaline.

    Toujours à terre, la pyromane posa sa main sur le sol, créant un cercle magique. Des missiles magiques tombèrent du ciel en ligne, jetant une Cläre blessée sur le côté.

    Avel prit le relais et courut, l’épée derrière lui. Ysalina se releva, tenant fermement sa rapière. Le mage d’eau jeta quelques litres de plus pour se protéger de nouveaux oiseaux et arriva enfin près de la rousse. Il porta un coup d’estoc qu’elle esquiva, contre-attaquant avec une taille qui décapita le garçon.

    Détachée de son cou, sa tête resta flottante. La mage de feu vit alors du liquide transparent relier les deux membres. Elle comprit qu’il était insensible aux attaques physiques.

    Un coup d’épée ascendant fit reculer la pyromane, qui bombarda le garçon par un aigle royal explosif. Avel divisa son corps en deux silhouettes aqueuses qui contournèrent l’explosion pour se rapprocher de son adversaire. Il frappa à nouveau avec son épée, mais cette fois-ci elle para l’attaque. Une main tenait son épée, et l’autre se glissa par-dessous pour jeter un projectile enflammé à bout portant.

    Le torse liquide du garçon s’ouvrit, laissant filer l’oiseau au travers. Il asséna un coup de pied à Ysaline, qui fit quelque pas en arrière en lâchant sa rapière. La lame reprit aussitôt la forme de Yolagaar, qui cracha un souffle ardent sur Avel.


    « Attention ! »

    Cläre intervint et transforma le corps aqueux du garçon en neige, permettant à celui-ci de fondre face au cracha enflammé. La flaque d’eau se jeta près de Cläre et le garçon essoufflé reprit forme.

    « Je ne vais pas pouvoir tenir le rythme.
    — Je ne sais pas ce qu’elle a, mais hors de question qu’elle mette en danger mon fils ! »

    L’épieu glacé à la main, Cläre resta sur sa position.

    « Nous devons prévenir les autres d’abord !
    — Non ! Je refuse qu’elle approche de Liesel !
    — Il peut se battre pas vrai ? Un combattant de plus ne sera pas trop ! Alors venez ! »

    Cläre réfléchit. Seule face à Ysaline, elle n’avait aucune chance. Chaque attaque qu’elle lui porterait lui coûterait de grave brûlure, et sans véritable épée à utiliser… Enfin, si, elle avait bien celle d’Helen, mais…

    « Faisons en sorte de l’immobiliser pour gagner du temps. »

    Mais comment ? Même avec la pluie qui passait sous le feuillage, il n’y avait pas assez de neige pour que Cläre invoque un blizzard assez puissant. Il fallait dissiper ce champ de force d’automne et tant pis pour la forêt ! Il était facile de deviner d’où provenait ce champ de force.

    « Gamin, avec moi, dans le temple ! »

    Les deux combattants partirent en direction du temple, esquivant les oiseaux qui plongeaient sur eux. Une avalanche défonça la lourde porte et la neige disparut aussitôt sous l’explosion d’Ysaline.

    Cläre fit signe au garçon qu’il fallait monter. Derrière l’autel, Avel se plaça au centre de l’escalier.


    « Couvrez-moi ! »

    Un grand faucon traversa la nef à toute vitesse vers le mage d’eau. Un banc jeté par Cläre vola et intercepta sa trajectoire, le faisant exploser au milieu de l’église. Ysaline entra.

    Dans un endroit clos comme celui-ci, déferler de violente flamme piégerait assurément ses adversaires, et c’est ce qu’elle fit. Les murs furent recouverts d’un manteau flamboyant qui se resserra sur les proies.

    L’épée plantée dans le sol, Avel fit signe à son alliée de venir. Un puissant geyser surgit du sol et propulsa le duo jusqu’en haute de la tour. Derrière une grande porte, ils arrivèrent devant le cristal qui maintenait l’automne depuis des décennies.

    Ysaline arriva juste après eux, portée par les ailes de Yolagaar, mais elle arriva trop tard : le cristal d’ambre était presque devenu bleu.


    o
     Automne éternel.


    « Cette forêt mourante plongée dans un automne éternel pour la sauver du grand froid d’Iceberg… »

    Avel apporta la touche finale en apposant un ultime cercle magique. La pierre devint complètement bleue. Cläre, les bras croisés, trouva en cet instant un peu de joie et de fierté.

     Hiver.


    « Je crois que tu n’as pas bien compris qui tu as devant toi. »

    Ysaline sentit tout à coup un vent glacé s’engouffrer dans la pièce. Par l’ouverture dans le mur, elle put voir de grands nuages noirs recouvrir le ciel. Cläre sourit.

    À l’extérieur, les citoyens paniqués s’arrêtèrent pour observer la catastrophe qui leur arrivait sur la tête. Pour la première fois depuis l’intervention de l’ancien mage, la forêt de l’automne entrait dans l’hiver. La neige tomba, chargée d’énergie magique.

    Célébré par les brames des Échuirs, un souffle gelé balaya la forêt, arrachant aux arbres les feuilles qu’ils refusaient de laisser partir. Un blizzard titanesque se leva et à cet instant les terres d’Iceberg s’étendirent : la neige tapissa le sol, le vent écorcha les arbres et la pluie prit sa place dans cette calamité nordique. La grêle et les averses balayèrent les flammes, dévorées par les crocs du froid.

    Ysaline sentit sa confiance s’éteindre. Son décor brasillant était maintenant fait d’ivoire. L’automne était terminé.


    « Maintenant ! »

    Avel fit surgir du cristal une grande vague qui s’écrasa sur Ysaline. Immobile, la pyromancienne avait perdu tous ses moyens. L’eau devint ensuite un grand tourbillon de neige qui gela la mage. Piégée par un solide glaçon alimenté par le cristal, Ysaline aurait du mal à s’en défaire.

    « Vite ! Il faut prévenir les autres maintenant ! »

    Le duo sauta du haut du temple, jouant avec la neige et la pluie pour atterrir sans encombre. Orilon n’était pas loin et la panique des villageois d’ici leur permettrait peut-être de voler un cheval.


    Fiche de RP (c) Miss Yellow

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    Re: Völuspá par Liesel Engelwald Sam 20 Juil 2019, 17:21
    Liesel Engelwald
    Liesel Engelwald
    Gardien du Savoir







    Völuspá 19072010505881410
    Völuspá

    Partie II – Vengeance (2/2)



    Dans le quartier général des Larmes, les murs qui brillaient reprirent leur forme normale. Les fenêtres du salon éclairaient maintenant le groupe. Albdæ s’inquiéta de voir son ami se matérialiser tel quel dans le monde, mais Edda avait quelque chose à montrer.

    « Regardez : le destin est en marche. »

    Bien moins puissant que dans la forêt, le blizzard parvenait tout de même jusqu’à Orilon. C’était la première fois que les habitants voyaient la neige venir depuis le sud.

    « Cette magie, c’est ! »

    Liesel reconnut immédiatement l’œuvre de sa mère. Elle était peut-être en danger ! Il voulut se précipiter dehors, mais Irina le retint.

    « Liesel, tu es blessé ! Si tu y vas comme ça, tu ne feras que la gêner !
    — Mais je peux encore me battre !
    — Si elle a déployé un tel sort, son ennemi doit être très puissant… »

    Edda, qui était lassé d’attendre que le destin se joue, était maintenant impatient de voir les choses s’accélérer.

    « Bien, puisque Cläre est incapacitée, nous devrions commencer le rituel. La fin d’Yggdrasil est proche. »

    Alkael aboya vers la fenêtre. Liesel fit confiance à son compagnon et se colla contre la vitre. Il vit alors dans les rues de la ville une chevelure blanche, guidée par un garçon aux cheveux bleus.

    « On a fait vite, s’étonna Cläre.
    — Helen m’avait montré un raccourci par la forêt et ce cheval nous a bien aidés ! L’entrée est par là ! »

    Le fils était heureux de voir sa mère en bonne santé. Celle-ci passa la porte du salon peu après, essoufflée.

    « Liesel ! C’est Ysaline ! Elle… elle en a après toi !
    — J’ai retrouvé la Source du Feu mais elle… elle m’a attaqué et apparemment elle connait ce garçon et elle veut le tuer alors on… »

    La mère prit son fils dans ses bras, se jurant qu’elle le protègerait. Avel se perdit en explications devant Albdæ. Face à la menace d’une Ysaline qui ne resterait pas prisonnière longtemps, le groupe était en danger.

    Irina, cependant, interrompit la panique.


    « Liesel tu… m’avais dit qu’Ysaline était rentrée chez elle… Que s’est-il passé enfin ?
    — Ah ça ! interrompit le mage d’eau, elle est rentrée pour tuer tout le monde ! Je n’ai pas pu l’en empêcher ! »

    Liesel baissa les yeux. Il repensa à ce qui s’était passé au sommet du volcan. Bien sûr, il ne pouvait pas fuir éternellement. Ce mirage d’une vie normale avec sa mère, il lui manquait tellement.

    « Ca ne lui ressemble pas… Liesel ! Que s’est-il passé ?! »

    Le garçon resta silencieux. Irina s’imposa une dernière fois.

    « Je l’ai laissée tomber ! Voilà ce qu’il s’est passé ! Desdemona a ruiné sa vie, elle a ruiné la mienne ! Muspelheim était maudit, tous ces livres sont maudits ! »

    Il jeta par terre ceux qu’il avait contre lui.

    « Tout est de la faute d’Yggdrasil… Depuis le début… À cause d’eux on a tout perdu ! J’en ai assez de me battre. »

    Liesel tomba à genoux.

    « Je veux juste rentrer à la maison maintenant, j’en peux plus… »

    Sa voix distordue par les sanglots fit pleurer sa mère. Avel détournait le regard. Lui aussi, Yggdrasil lui avait pris quelque chose. Lui aussi, il voulait rentrer chez lui…

    « Liesel, je… il essaya timidement, je partage le même souhait. Et je pense que tous ici. Nous voulons tous mettre fin à ce combat… Nous sommes si proches ! Le plan B s’est retourné contre nous, mais notre plan principal fonctionne toujours ! Il nous faut juste nous mettre à l’abri et nous pourrons enfin en finir ! »

    Et c’était vrai, tous dans cette pièce avait perdu quelque chose à cause d’une création d’Asgard. Nina aussi aurait peut-être eu sa place ici. Le mage d’eau s’approcha du garçon et lui sourit.

    « On va y arriver, tous ensemble, je te le promets ! »

    Liesel se laissa pleurer. Il avait besoin de ce moment. Il n’était pas prêt, mais il le serait le moment venu. Pour l’heure, il voulait simplement rester dans les bras de sa mère. Edda regarda par la fenêtre.

    « Elle arrive. »

     Fuite.


    Le ciel nuageux se para de rouge. Une lumière scintilla au-dessus d’Orilon. Celle-ci s’intensifia et se rapprocha de la ville. Parée d’ailes, la comète plongea et s’écrasa dans un tourbillon de flammes, provoquant un tremblement effrayant.

    « Bon sang, déjà ?! s’étonna Avel.
    — Même à nous tous nous ne serions pas de taille, sanglota l’autre garçon.
    — Je peux essayer de la raisonner, suggéra Irina.
    — Non ! Partez avec Edda, intervint Albdæ. Je vais la retenir. C’est votre haine qui servira lors du rituel. La mienne… s’est dissipée depuis longtemps…
    — Moi aussi ! »

    Helen se tenait fermement devant le groupe, déterminée à affronter Ysaline. Elle était pourtant certaine de perdre. Cläre fut la première étonnée.

    Dehors, Yolagaar faisait des rondes dans la ville pour trouver les proies.


    « Vous avez tous une raison de vous battre… Moi, j’ai perdu Amalia, alors… Le temps qu’on va essayer de vous faire gagner sera plus utile que ma présence. Maintenant partez ! »

    Alkael aboya pour prévenir de l’arrivée de la pyromancienne et la porte du salon fut soufflée dans une explosion. Cläre caressa la tête de Liesel en lui souriant.

    « C’est la dernière ligne droite. On peut le faire ! »

    Ysaline apparut dans l’encadrement de la porte.

    « Taiepa ! »

    Un mur d’eau coupa la pièce en deux, bloquant les flèches de feu qu’Ysaline avait invoqué derrière elle.

    Liesel se releva doucement.


    « Liesel… »

    L’Engelwald et la Todella se fixèrent longuement à travers le rideau d’eau qui les protégeait l’un de l’autre.

    Le garçon leva le bras et le papier caché sous ses vêtements brisa la vitre derrière eux, libérant un passage.

    Ysaline créa un puissant brasier qu’Albdæ stoppa derrière un mur de foudre. Helen, invisible, passa derrière la pyromancienne pour lui asséner un coup de pied.


    « Helen… »

    Cläre serra son poing en voyant la femme se battre avec ardeur en souvenir de sa fiancée. La mage de neige n’avait toujours pas quitté son épée, qu’elle regarda, jusqu’à entendre une explosion.

    « Il faut partir, renifla Liesel, je nous ai fabriqué un avion, mais je n’aurai pas assez de magie pour le faire voler…
    — Je vais te prêter la mienne ! Evlogía : Chi !
    — Mais tu… »

    Un petit cristal vert orna l’avion de papier. Liesel soupira et inclut la pierre à la structure avec quelques feuilles de plus. Alkael, Cläre, Edda et les deux mages grimpèrent et la grande feuille s’en alla.

    « REVIENS ICI, LIESEL !!! »

    Les flammes d’Ysaline firent exploser le toit du bâtiment, le mur d’eau s’évapora et la peau de la jeune fille se craquela. Des fissures sur son visage, des flammes surgirent, recouvrant l’intégralité de sa peau. La mage n’était plus qu’un spectre de flamme, que la colère fit grossir.

    L’avion de Liesel esquivait les missiles de feu qui tombaient sur le groupe et Avel faisait son possible pour limiter leur nombre. Les aboiements d’Alkael guidaient le garçon à travers cette tempête de flammes. Orilon était sans dessus-dessous. Les habitants couraient, certains étaient blessés dans les explosions.

    La silhouette d’Ysaline grandit et un géant de braise se tenait maintenant au-dessus de la ville. Telle une mouche autour d’un colosse, Liesel et les autres slalomaient entre les flèches ardentes à leur poursuite. Irina était terrifiée.


    « Que t’est-il arrivé, Ysaline… »

    o
     Furie.


    « Partons vers le nord, indiqua Edda. Vers le Bifrost. »

    Ainsi le pilote suivit les directives, soucieux d’Irina. Son cristal contenait-il assez d’énergie pour les guider jusque-là ?

    Le rugissement d’Ysaline résonnait dans la gorge montagneuse, et les éclairs d’Albdæ semblaient n’avoir aucun effet sur elle. Cependant, ils la tenaient en place et c’était l’important.

    Bientôt, le groupe disparut à l’horizon, derrière les montagnes du nord. Quand la ville disparut, la dernière chose qu’ils entendirent fut une énorme détonation, suivie d’une lumière rouge. Un souffle chaud se glissa par-dessus les monts, les portant un peu plus vers l’avant.


    « Ne me dîtes pas qu’elle vient de faire exploser la ville ?!
    — Oh non… »

    Irina porta ses mains à sa bouche pour retenir son cri. Les larmes aux yeux, elle comprit qu’Ysaline ne pouvait plus être sauvée.

    Cläre regarda la rapière d’Helen. Elle était morte pour les protéger… Elle empoigna le manche sévèrement, et se tourna vers Edda.


    « J’espère que nous ne sommes plus très loin.
    — Nous y sommes presque. »

    Derrière les monts inexplorés tenait fièrement une haute montagne. Leur destination. Liesel réussit à prendre de l’altitude grâce à la magie d’Irina. L’atterrissage était le plus compliqué, et sans la coopération d’Avel, le groupe se serait écrasé contre un mur.

    À place, c’était une grande sphère d’eau qui les avait accueillis au-dessus du sol. Le mage les avait même séchés et absorbant l’humidité superflue sur leurs vêtements. Le groupe se tenait maintenant au pied de la quatrième création d’Asgard : le Bifrost.


    o
     Bifrost.


    Ils grimpèrent les marches jusqu’au grand portail blanc qui donnait sur le vide. Derrière, au nord, l’océan, qui s’étendait à perte de vue. Le trône de lumière qui tenait au bord de la falaise avait l’air tout à fait ordinaire, s’il n’avait pas été baigné de lumière.

    Edda leur signala que les lieux n’étaient plus piégés, le groupe avait vaincu les deux gardiens lors de leur voyage. Enfin, il assura que le trône n’était qu’une chaise de pierre sans importance. Il avait absorbé tout son pouvoir.


    « Bien, c’est maintenant que tout se joue ! Cläre, Irina, Avel, Liesel, placez-vous en cercle s’il vous plaît. »

    Ils s’exécutèrent et Alkael se plaça derrière son maître. Pourtant, quelque chose clochait, elle grognait.

    Edda disposa les six grimoires restants à côté d’eux. Entre Irina et Liesel il plaça Asgard et Helheim. Entre Cläre et son fils il plaça Vanaheim et Niflheim. Il mit enfin les deux derniers à côté de garçon aux cheveux bleus.


    « Parfait… À présent, laissez-vous envahir par la haïne que vous ressentez pour Yggdrasil. Elle me donnera la force. »

    Il s’installa au centre du rectangle, ses ailes de saphir déployées. Il souriait fièrement.

    « Ilhem, Eyrick, Taewe, pensez à ce qu’Yggdrasil vous a pris ! »

    Cläre pensait à Amelia, aussi… L’épée à la main, elle repensa à la gravure. Les deux initiales entourées d’un cœur.

    « Je vais à présent m’abreuver de cette haine ! »

    Un grand cercle magique apparut autour des quatre participants. Un cinquième se dessina sous les pieds de l’ange. Alkael aboyait.

    Les cercles s’illuminèrent, sous les cris des quatre mages.


    o
     Rituel.


    « Cette magie, c’est celle… ! »

     Edda.


    Les mages tombèrent à genoux. Cette sensation, cette aura, Liesel la reconnut immédiatement. Edda affichait un grand sourire alors que des perfusions d’énergies vidaient le groupe.

    « Haïssez-la ! NOURRISSEZ-LE ! »

    La terre se mit à trembler, et Alkael se rua sur l’ange pour le mordre. Celui-ci le balaya d’un coup d’aile. Jetée contre un rocher, l’animal ne se releva pas.

    « Ce pouvoir, j’en suis certaine, c’est… argh… le démon qui a voulu me prendre Ilhem ! »

    Des volutes de lumière noire entourèrent l’ange, qui riait.

    « Il n’a jamais eu l’intention d’affronter Yggdrasil ! Il veut juste… nourrir Desdemona ! »

    Le traitre tendit le bras vers les deux jeunes. Il arracha de leur corps une grande sphère d’énergie dont il se nourrit. Liesel et Irina s’écroulèrent.

    Avel sortit son épée, mais son sort ne prit aucune forme. Le fil de ténèbres qui le reliait au monstre l’empêcha de se défendre. Les rires maniaques d’Edda glacèrent le sang du garçon, qui fut projeté par un éclair noir.

    Cläre se souvint de cette magie ! Ce garçon à Bosco lorsque Liesel n’était encore qu’un enfant !


    « Je ne te laisserai pas prendre d’autres vies ! »

    Un rayon destructeur heurta la mère, qui resta stoïque. Féroce, elle avança à contre-courant, lentement. Ses gémissements de douleurs témoignaient de son effort.

    « Oui, haïs-moi ! Haïs l’Arbre que tu avais juré de protégé. Crois-tu qu’Eyrick serait fier de toi ?
    — Silence ! »

    Il était trop tard pour songer à protéger Yggdrasil, elle n’avait que la vie de Liesel en tête. C’était tout ce qui comptait pour elle ! Elle le protègerait !

    Elle hurla, affronta le déferlement de ténèbres un pas après l’autre.


    « Il n’y a qu’une promesse qui compte à mes yeux maintenant ! »

    Elle accomplit le dernier pas.

    L’éclair d’Edda s’intensifia. La mère hurla. La vue de son fils à terre la poussa à ne pas abandonner. Elle pensa aux gravures sur la lame d’Helen.

    Son propre corps sembla l’étrangler, l’impression affreuse que ses muscles déchiraient sa peau de l’intérieur la battait.


    « TU VAS… PAYER ! »

    Elle empoigna la rapière d’Helen et la sortit de son fourreau.

    Elle allait venger Eyrick !

    Elle allait venger Amalia et Helen !

    Elle allait venger toutes les vies qu’il avait prises !


    « Je brise… mon deuxième serment… RETOURNE EN ENFER !!! »

    L’épée se logea dans le corps de l’ange, qui s’immobilisa. Le cercle magique disparut. L’homme tomba sur les épaules de la mage essoufflée. Il riait.

    « Il est… trop… tard… Son réveil va… bientôt commencer... »

    L’ange corrompu s’écroula. Cläre tomba aussi inconsciente.

    Sur le groupe à terre, la lumière disparut. Le trou dans les cieux se referma comme pour faire le deuil de cet ange bâtard. Le silence devint maître du Bifrost.

    Mais brisant ce calme, la voix corrompue d’Yggdrasil résonna dans l’esprit de son élu. La corruption d’Asgard avait comploté en faveur sa propre victoire. Abreuvée par la puissance impie de Desdemona, elle allait pouvoir lentement briser les sceaux qui la retenaient prisonnière.


    « Merci, élu, de m’avoir ouvert les portes de l’Histoire ! Je vais pouvoir renaître !»



    Fiche de RP (c) Miss Yellow

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